Dimanche 24 novembre 2024

Archives

Remaniement ministériel : les politiques réagissent

05/05/2013 Commentaires fermés sur Remaniement ministériel : les politiques réagissent

Le premier remaniement ministériel de Nkurunziza II suscite beaucoup d’interrogations. Pour certains, l’arrivée de nouvelles individualités dans l’équipe gouvernementale donne des raisons d’espérer. D’autres restent songeurs, voire déçus. Iwacu fait le point.

Bonaventure Niyoyankana, président de l’Uprona, reprend à son compte l’explication donnée par le porte-parole du Chef de l’Etat: « Une évaluation du cabinet ministériel. » Pour lui, la réorganisation ou la restructuration des services étatiques font partie des prérogatives du Président de la République.

Pour Gertrude Kazoviyo, vice-présidente de l’Observatoire de l’Action Gouvernementale (OAG), les causes de ce remaniement ne sont pas claires, même si elle soupçonne des raisons plus politiques. Elle estime que l’évaluation semestrielle d’après le plan d’action de mars 2011, n’a pas été faite comme l’avait promis le Président. « Par ce remaniement, il a voulu montrer qu’il tient quand même parole », suppose-t-elle.

Selon le délégué général du FORSC, Pacifique Nininahazwe, les assassinats enregistrés chaque jour et dans lesquels sont cités les services de sécurité nécessitaient un changement dans ce secteur. S’agissant de la diplomatie, il évoque le besoin d’un souffle nouveau. Pour le changement à la tête du ministère de la Justice, M. Nininahazwe l’attribue à l’impuissance de la ministre sortante face à un pouvoir qui veut avoir une mainmise sur ce secteur pour mieux contrôler les critiques. Tandis que Léonce Ngendakumana, président du Frodebu, estime qu’Ancilla Ntakaburimvo s’est condamnée elle-même en ne collaborant pas dans la quadrilogie police-administration-population-justice, et notamment en relâchant des personnes arrêtées et détenues sans motif.

Un accueil mitigé

{« C’est le manque de vision qui handicape tout »}

Pour Léonce Ngendakumana, rien n’a changé, car le ministre de l’Intérieur n’a pas été démis de ses fonctions : « Il est responsable du mauvais climat qui règne entre les partis politiques, la société civile et le gouvernement. Il ose dire que la sécurité est bonne alors que des gens sont arrêtés et tués, d’autres étant obligés de le pays.» M. Ngendakumana rappelle que pendant son 1er mandat de 2005, Pierre Nkurunziza a changé huit fois son gouvernement sans aucun changement. Le N°1 du Frodebu fait remarquer que le plus important n’est pas le remaniement mais le système de gouvernance.

{« Que ce changement influence positivement la gouvernance du pays»}

Le président de l’Uprona, par contre, espère que le changement pourra améliorer les choses. Car, pour lui, cela ne veut pas dire que les ministres maintenus au gouvernement sont irréprochables. Au sujet de la nomination des ex-ministres à d’autres fonctions, Bonaventure Niyoyankana considère qu’elles peuvent signifier, soit une solution temporaire, ou que le Président a jugé la personne plus efficace dans la nouvelle place. « L’efficacité visant surtout la capacité d’organiser ou de préparer les dossiers multidisciplinaires qui passent au cabinet du Président de la République », a-t-il ajouté.

{« Un non-événement »}

Le porte-parole de l’ADC n’y va pas par quatre chemins : «Nous nous attendions à une mise en quarantaine des personnalités qui gênent le processus démocratique. Le remplacement de certains ministres n’est qu’une trompe-l’ œil. » Pour M. Mugwengezo, la démocratie pourra être renforcée tant que le pouvoir n’aura pas encore compris qu’il y a des gens qui ne sont pas à leurs places.

{« Juste une permutation de fonctions »}

Pour Jean Minani, président du Frodebu Nyakuri, « il appartient au Président Nkurunziza de nous dire où il veut en arriver.» Il donne l’exemple de l’ex- ministre de la Sécurité publique, Alain-Guillaume Bunyoni, nommé le même jour chef de cabinet civil à la Présidence: « Il n’a pas été destitué. Le numéro un Burundais le veut à ses côtés.»

{« Sanctionner plutôt le chef du gouvernement »}

Augustin Nzojibwami, président du parti Sangwe Padder, ne cache pas sa surprise: « S’il fallait sanctionner, il fallait commencer par le Président de la République en même temps chef du gouvernement. Normalement, c’est lui qui assigne les missions à ses ministres.» Le gouvernement, explique-t-il, constitue un seul corps qui a une seule vision. Par ailleurs, il regrette que la ministre des Finances qui a démérité par excellence reste toujours dans sa place et se voit attribuée d’autres responsabilités.

{« La Présidence de la République : repaire des incompétents ? »}

Pour Pacifique Nininahazwe, si le remaniement a été fait après évaluation, « cela signifie que les ministres remplacés avaient démérité.» Aussi s’étonne-t-il que ceux-là-même qui ont même démérité deviennent les plus proches conseillers du chef de l’Etat. « Est-ce que la Présidence de la République est un repaire des incompétents? », s’interroge-t-il.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 1 590 users online