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Remaniement ministériel : à la découverte des sept nouveaux visages

05/05/2013 Commentaires fermés sur Remaniement ministériel : à la découverte des sept nouveaux visages

Le remaniement attendu depuis le mois d’août dernier vient enfin d’avoir lieu. Iwacu retrace le parcours des nouveaux ministres.

Jeudi, 7 février 2013 à Kigobe. Devant le président de la République, le parlement, les corps consulaires et diplomatiques… les sept ministres du Développement communal, de l’Enseignement primaire, secondaire et de base, de l’Enseignement supérieur, de l’Environnement, des Télécommunications, des Travaux publics et de la Jeunesse, des Sports et de la Culture prêtent serment. Qui sont-ils ?

<img7038|left>{Déo Rurimunzu, la restructuration de la R.P.P., c’est lui}

L’ingénieur en électromécanique commence sa carrière professionnelle au Lycée du Saint Esprit comme professeur. Il sera sollicité par l’Université du Burundi comme professeur assistant dans la Faculté des Sciences Appliquées (FSA). On le dit très proche de Gervais Rufyikiri, 2ème vice-président de la République, pour avoir été au séminaire de Mureke. On le dit intègre et excellent informaticien. En 2005, c’est lui qui est en charge de l’informatique à la CENI. Avant les élections de 2010, le pouvoir le veut à la CENI pour confectionner le fichier électoral. Travailleur, apprécié dans les milieux du Cndd-Fdd même s’il a milité discrètement, il sera nommé à la tête de la Régie des Productions Pédagogiques. D’autres sources le dépeignent sous un autre jour. A la RPP, il y aurait fait la pluie et le beau temps. Plus d’une vingtaine d’employés seront licenciés suite à la nouvelle restructuration. Le syndicat des travailleurs de la R.P.P gardera de lui l’image de mauvais gestionnaire du patrimoine de la RPP. L’actuel ministre des Transports remplace Moise Bucumi qui laisse derrière lui le dossier de cession du port de Bujumbura. Un véritable bradage selon plusieurs associations de lutte contre la corruption.

<img7040|right>{Rose Gahiru, la zélée}

Docteur en médecine générale, Mme Gahiru revient pour la 3ème fois dans le gouvernement de Pierre Nkurunziza. En juillet 2007, elle est nommée ministre de la Santé publique, alors qu’elle venait de faire un mois dans ce ministère comme conseillère du ministre. Toutefois, elle ne fera pas long feu. Deux mois après, elle devient consultante à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Selon des sources dignes de foi, elle n’aurait pas été à la hauteur de ses fonctions. Elle reviendra en 2009 à la tête du ministère de l’Enseignement des métiers, de la Formation professionnelle et de l’Alphabétisation. L’originaire de Bujumbura rural à Mukike n’y fait que 18 mois.
{ Erratum : Dans son article paru dans l’édition du 8 février 2013 sur le remaniement ministériel, le journal Iwacu avait écrit que le mari de la ministre Rose Gahiru a été commandant de la 1ère région militaire. C’est une erreur. Il a travaillé à Gitega dans le 22ème bataillon. Toutes nos excuses }

<img7037|right>{Jean Claude Ndihokubwayo, proche des « dinosaures » de l’Uprona gouvernemental}

Il n’a que 38 ans et vient d’être promu à la tête du ministère du Développement communal. Très ambitieux depuis son jeune âge, indiquent des sources proches de l’Uprona, il a milité pour les droits de la jeunesse. Il aura été dans les organes dirigeants de l’association nationale des jeunes dans les années 2000. Au parti Uprona, il est parmi la jeune génération qui s’affirme mais proche des dinosaures. En 2006, il aurait tenté même de présenter sa candidature à la tête de ce parti. Ceux qui le connaissent indiquent qu’il est calme mais très ouvert. Licencié en droit à l’Université du Burundi, il était jusqu’ici conseiller juridique à la 1ère vice-présidence de la République. Natif de la mairie de Bujumbura, M. Ndihokubwayo est président du conseil communal de Rohero.

<img7035|right>{Joseph Butore, la discrétion derrière l’efficacité}

Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a fait la Russie où il décroche le diplôme de docteur en médecine vétérinaire. Ses anciens professeurs à Kibimba ne s’étonnent pas : « Il finirait par être ministre car depuis la 7ème année, il brillait par son intelligence. » Plus technicien que politicien, M. Butore a été doyen et directeur de l’Institut Supérieur d’Agriculture. A Bubanza, il avait exercé comme directeur de la Direction Provincial de l’Agriculture et de l’Elevage. Selon nos sources, il passe très bien dans les milieux universitaires. Il aurait d’ailleurs été pressenti pour être recteur de l’Université du Burundi. En 2010, il est élu député du parti Cndd-Fdd à Cibitoke. Des sources fiables estiment qu’il œuvre beaucoup pour le développement de sa province restée en arrière dans le développement. Pour M. Butore, l’éducation constitue le pilier du développement. Il est de Bukinanyana et marié à une Russe. Ses proches déclarent qu’il parle peu mais en toute sincérité. Travailleur assidu, Joseph Butore succède au Pr julien Nimubona. Celui-ci n’a pas démérité car il avait initié des réformes visant l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur. Il a été lâché par son parti, l’ Uprona suite à des divergences internes.

<img7036|left>{Adolphe Rukenkanya, correct et sérieux au travail }

Il a été au service de l’Université du Burundi et du ministère de la Jeunesse et des Sports depuis son retour au pays en 1981. Il venait de terminer ses études à l’Institut National du Sport et de l’Education de Paris. Toutes les célébrités de l’athlétisme burundais, tels Vénuste Niyongabo et autres Dieudonné Kwizera sont passées dans ses mains. Adolphe Rukenkanya, ancien doyen de l’institut d’Education Physique et des Sports (IEPS) a aussi formé le président de la République. M. Rukenkanya dirigera son travail de fins d’études universitaires.
Il y a trois ans, Adolphe Rukenkanya travaillait à la présidence de la République comme conseiller au Bureau d’Etudes Stratégiques et de Développement (BESD). L’homme qui a révolutionné l’athlétisme burundais n’appartient à aucune formation politique. On le dit très correct et sérieux au travail.
Son prédécesseur Jean Jacques Nyenimigabo n’était plus en bons termes avec certains ténors du Cndd-Fdd. Son influence grandissante auprès du chef de l’Etat, son ancien étudiant aussi, leur serait insupportable. Adolphe Rukenkanya, ancien entraîneur national d’athlétisme, entre dans un ministère dont il connaît bien les dessous. D’après des sources fiables, c’est la panique générale dans la maison.

<img7039|left>{Ir Jean Claude Nduwayo, peu connu}

Il succède à Jean Marie Nibirantije remercié pour avoir engagé un bras de fer avec le grand businessman, futur producteur du sucre de Gihanga, Nahum. Ir Nduwayo, ministre de l’Eau et de l’Environnement, n’est pas novice dans sa nouvelle boîte. Il a été directeur du projet Eau et Assainissement au ministère de l’Energie et celui du Développement communal. L’ancien assistant du ministre des Transports depuis février 2012 est du parti Cndd-Fdd. Des sources à Ruyigi, sa province natale, le prennent pour un modèle politique car il est à l’écoute de tout le monde sans a priori. L’Ingénieur industriel en Génie civil depuis 2004 a travaillé à l’entreprise de construction Betraco de 2005 à 2010. Ses anciens collaborateurs au ministère des Transports où il était assistant du ministre, garderont de lui le souvenir d’un homme intègre et coopératif.

<img7041|left>{Léocadie Nihazi, l’uproniste pas très militante}

La nouvelle patronne du ministère des télécommunications et des relations avec le parlement est très bien connue dans l’hémicycle de Kigobe. Elle vient d’y passer plus de dix ans à la cellule juridique et administrative dont elle a eu le privilège d’être la conseillère principale en 2009. 50 ans révolus, fervente catholique, Mme Nihazi est juriste de formation. Des sources bien avisées à Kigobe révèlent que c’est une femme calme qui accomplit la tâche lui confiée sans complaisance. Elle a aussi travaillé à la mairie et à la Croix rouge. Toutefois, certaines sources à l’Uprona estiment « qu’elle tombe du ciel » parce peu connue des Badasigana. Elle remplace Concilie Nibigira qui n’était plus dans les grâces de son parti pour avoir boycotté le congrès de Gitega, l’année passée. Et peut-être aussi qu’elle fait les frais de son désaccord avec les professionnels des médias sur la « fameuse » loi sur la presse.
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Analyse : le remaniement était-il opportun ? Dans la foulée de l’incendie du marché central de Bujumbura, personne ne s’attendait à cet acte qu’une opinion qualifie de non « événement ». Certains des nouveaux ministres ont de l’expérience, d’autres sont mieux placés politiquement pour gagner la sympathie du pouvoir. Toutefois, les préoccupations du moment sont autres. Suite à la catastrophe du 27 janvier 2013, le plus urgent est de détecter les acteurs de l’incendie afin d’être traduits devant la justice. Dans un Etat démocratique, les actes publics et leurs motivations sont connus par le peuple. En cas de remaniement ministériel, certains observateurs s’attendaient au départ de celui qui a en charge la protection civile. Cependant, il n’a pas été inquiété. Sous d’autres cieux, il aurait démissionné le jour même.

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