Lundi 21 avril 2025

Société

Relations locatives au Burundi : des conflits sans règles, des vies bouleversées

21/04/2025 0
Relations locatives au Burundi : des conflits sans règles, des vies bouleversées
Bujumbura miné par la crise locative

Au Burundi, louer une maison ou en mettre une en location devient pour beaucoup une source de souffrance. A défaut du manque de loi claire encadrant les loyers, les conflits entre bailleurs et locataires se multiplient. Chaque partie se plaint des injustices, et un manque de protection. À travers tout cela, des vies sont affectées dans un silence qui dure depuis trop longtemps.

Certains propriétaires attendent leurs loyers pendant des mois. « Il ne m’a rien payé depuis six mois, et il a refusé de quitter la maison », raconte un bailleur de Kinindo.

Pour ces propriétaires, les revenus du loyer représentent souvent leur seule source de subsistance. Pourtant, lorsqu’un locataire peine à payer, la situation peut durer longtemps.
Beaucoup se sentent abandonnés et piégés, car même après avoir épuisé la patience et les négociations, les locataires refusent parfois de quitter les lieux.

Mais du côté des locataires aussi, les plaintes sont nombreuses. Certains se retrouvent mis dehors sans avertissement, parfois sous de faux prétextes.

« Le propriétaire m’a dit qu’il voulait doubler le loyer et que je vais lui donner une avance de six mois et c’était à prendre ou à laisser, mais quelques jours après, un nouveau locataire s’est installé », raconte K.S, obligé de déménager en urgence.

D’autres disent être pressés de quitter, parfois sans même être en tort. Le plus souvent, la raison cachée est simple : le bailleur a trouvé quelqu’un pouvant payer plus cher.

« J’avais toujours payé à temps, mais il a voulu m’imposer de payer une femme de ménage pour nettoyer la cour, je lui ai dit que je m’en occuper moi moi-même et que ce genre de frais devrait être à sa charge. » Il avait trouvé quelqu’un qui offrait un montant plus élevé. « J’ai dû chercher un logement d’urgence », confie E.I, une jeune locataire.

Un vide juridique reconnu par l’administration

Face à cette situation tendue, le maire reconnaît qu’aucune loi ne régit actuellement les loyers au Burundi. Cela crée un vide juridique qui laisse les deux parties livrées à elles-mêmes.
« En cas de conflit, s’ils viennent à la mairie, nous essayons de trouver un terrain d’entente. Mais si le dossier est trop compliqué, nous les orientons vers la justice », explique-t-il.

Conscient que de nombreux citoyens ne comprennent pas les contrats qu’ils signent, il indique qu’une proposition a été faite pour que les contrats de location soient désormais rédigés en kirundi.

L’objectif est que tout le monde comprenne ses droits et ses devoirs, et que les abus liés à l’incompréhension des textes soient réduits. Face à la question de savoir sur quoi se repose l’impôt locatif sans loi des loyers, le maire n’a pas voulu faire de commentaire.

Les bailleurs veulent être payés à temps et pouvoir reprendre leur bien en cas de problème. Les locataires veulent un logement stable, sans craindre d’être chassés du jour au lendemain.

Chacun a ses raisons, chacun souffre d’une même insécurité. En l’absence d’un texte légal, les litiges deviennent des batailles personnelles, parfois longues, humiliantes, voire violentes.

Aujourd’hui, la plupart des bailleurs et des locataires approchés demandent la même chose : une loi claire, juste et équilibrée, qui protège les droits de tous, et qui évite que la maison, censée être un refuge, ne devienne un lieu de tension permanente.

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