Bon nombre d’observateurs estiment qu’une bonne gestion des subsides alloués aux rapatriés qui font partie intégrante du paquet retour, peut contribuer à une meilleure réintégration de ces derniers dans la société. Cette question s’est invitée dans un forum préparé par l’ONG, Help a Child.
Plusieurs délégués sont là, ils représentent la direction générale chargée du rapatriement et de la réintégration, il y a le HCR, Help Channel, Help a Child et ses partenaires dans le cadre du projet BBB, Building Bridges in Burundi comme Afrabu, l’association des femmes rapatriées du Burundi, l’association Rema Burundi qui suit de près les questions en rapport avec les déplacements forcés des population, et l’ONG locale Thars, Trauma Healing and Reconciliation Services, spécialisée dans la prise en charge psychosociale.
Pour une meilleure réintégration des rapatriés certains intervenants affirment qu’il faut opérer la transition, passer de l’humanitaire au développement durable, ce qui n’est pas dans les missions de certaines organisations bien qu’elles apportent quelques appuis.
Au cours des échanges, Mme Godelieve Manirakiza, représentante légale de l’association Afrabu, plaide pour une sensibilisation des rapatriés afin qu’ils puissent bien gérer l’argent inclus dans le paquet retour fait de vivres et de non vivres pour 3 mois.
« Et ce n’est pas une petite somme pour une famille nombreuse, c’est 150 $ par adulte et 70$ par enfant c’est donné au taux officiel et mis soit dans le téléphone du chef de la famille ou de la femme », tient-elle à préciser.
« Certains hommes s’accaparent des subsides de toute la famille »
Selon lui, dans la plupart des cas, et c’est déplorable, les femmes et les enfants ne profitent pas de ces subsides alloués aux rapatriés, certains hommes se taillent la part du lion. Ce qui est dangereux, raconte Mme Manirakiza, c’est que certains hommes en profitent pour manipuler les femmes.
Quand l’argent a été transféré dans le téléphone de la femme, poursuit-elle, l’homme s’empare de ce téléphone et utilise les subsides donnés non pas toujours pour de bonnes fins et quand l’argent a été mis dans le téléphone de l’homme, c’est lui le propriétaire, il utilise l’argent comme bon lui semble c’est souvent au détriment de la femme et des enfants.
« Bien qu’au camp, des notions d’égalité soient enseignées, au pays tout change la culture et l’homme prennent le dessus », déplore Mme Godelieve Manirakiza.
« Il faut tout un programme quant à l’utilisation de cet argent pour ne pas devenir source de conflits familiaux », propose la représentante de l’Afrabu. Selon lui, il faut transformer la somme donnée en un capital entrepreneurial pour que ces rapatriés puissent initier des activités génératrices de revenus et pouvoir se prendre en charge.
Pour le Dr Théodore Mbazumutima, directeur de l’ONG locale Rema Burundi, qui mène des recherches sur les déplacements forcés des populations, il y a nécessité de préparer les rapatriés à une bonne gestion du paquet retour surtout les hommes.
Souvent, fait-il remarquer, ils s’imposent ou imposent la façon d’utiliser ces subsides alloués à toute la famille. « Nous sommes dans une société dominée par les hommes où c’est l’homme qui décide tout. Il s ont l dernier mot ».
Le directeur de l’ONG locale Rema Burundi, appelle le HCR et le Gouvernement à sensibiliser ces rapatriés quant à l’utilisation rationnelle de ces subsides.
« La société burundaise est dominée l’homme »
« C’est comme si différents intervenants dans le rapatriement n’ont pas vraiment pensé à la manière dont ces rapatriés vont gérer ou utiliser ces subsides. Peut-être qu’il aurait fallu investir une partie de cette somme dans des coopératives d’épargne et de crédit ».
D’après Théodore Mbazumutima, une partie de ces subsides s’usent dans les déplacements de ces rapatriés vers leurs collines d’origine parce qu’ils sont déposés au chef-lieu de leur commune.
Ce n’est pas tout, une autre partie sert à reconstruire leurs maisons endommagées pendant leur absence ou à louer des maisons et au bout d’un mois l’argent s’épuise.
« Si on pouvait investir cet argent dans des activités génératrices de revenu, ces familles pourraient aider ces familles à s’autosuffire », propose le directeur de l’ONG locale Rema Burundi.
A côté de cette gestion des subsides allouées aux rapatriés, à réussir pour une bonne réintégration, plusieurs questions retiendront les participants à ce forum, notamment le volet en rapport avec la prise en charge psychosociale dans la politique de réintégration.
Ce n’est pas tout, il y a également un manque de synergie des intervenants dans la réintégration des rapatriés et comme conséquence directe : une faible mobilisation des fonds destinés à la réintégration des rapatriés qui ne cesse de regagner la mère patrie.