Mardi 05 novembre 2024

Société

Réintégration de rapatriés : paquet retour, paquet de tous les espoirs …. déçus

03/11/2021 Commentaires fermés sur Réintégration de rapatriés : paquet retour, paquet de tous les espoirs …. déçus
Réintégration de rapatriés : paquet retour, paquet de tous les espoirs …. déçus
« Il faut une synergie des intervenants en matière de réintégration des rapatriés »

Au moment où les opérations de rapatriement des réfugiés burundais battent leur plein, la gestion du paquet retour faits de vivres et de non vivres dont de l’argent n’est pas toujours aisée. Malgré cela, cette aide est un coup de pouce pour un nouveau départ, un début de réintégration.

Parmi ces rapatriés, il y en a en provenance du camp de Mahama au Rwanda, ils transitent par le poste-frontière de Nemba-Gasenyi au nord du Burundi.

Il y a un petit nombre de rapatriés en provenance du camp de Lusenda à l’est de la République Démocratique du Congo, ils passent par le poste-frontière de Gatumba à l’ouest du Burundi et transitent par le centre de transit de Gihanga.

Mais le plus grand nombre de rapatriés proviennent des différents camps de réfugiés burundais situés à l’ouest de la Tanzanie, ils font un arrêt au centre de transit de Nyabitare à l’est du Burundi, au moment où d’autres passent par le poste-frontière de Mugina avant d’être accueillis au centre de transit de Gitara au sud du Burundi.
Une fois accueillis sur leurs collines d’origine, débutent un parcours du combattant pour ces rapatriés. Ils doivent s’adapter à la nouvelle vie, aux nouvelles réalités.

La plupart de ces rapatriés affirment que le paquet retour comprenant un peu d’argent ne leur sera utile que pour quelques jours seulement d’où la nécessité de se débrouiller pour survivre.

C’est le cas de Kibati, rapatrié du camp de Mahama au Rwanda. Avant de prendre le chemin de l’exil en 2015, cet habitant de la commune Bugabira dans la province de Kirundo est conducteur de taxi-moto. Selon lui, il faut tout reprendre à zéro.

Se débrouiller, le maître-mot

« A mon retour au pays, j’ai galéré, j’ai dû m’adapter. Le fait de passer 6 ans sans connaître les réalités du pays, ignorant les activités à entreprendre pour survivre, m’a été dur à tel point que j’avais peur des gens, le fait de ne pas se parler m’amenait à croire qu’ils me voient d’un mauvais œil ».

Mais peu à peu, raconte-t-il, quelques-uns ont commencé à m’approcher et on échangeait et ils me rassuraient que je n’aie rien à craindre. « Et petit à petit je me suis habitué aux gens et on discutait. J’ai cherché un permis de conduire pour reprendre mon travail de taxi-moto ».

Ce n’est pas tout comme activités : « Je fabrique aussi du vin de banane. Le paquet retour s’est vite épuisé alors que nous n’avions pas cultivé. Quand cette aide s’est terminée, les gens se sont retrouvés tiraillés par la faim ».

Moustapha Ndayishimiye, jeune rapatrié vivant dans le site de Rugenge en zone Gisenyi de la commune Busoni affirme avoir essayé tant bien que mal d’utiliser le paquet retour pour relancer ses activités : le petit commerce.

Comme je faisais ce métier avant de prendre le chemin de l’exil, explique-t-il, j’ai pris l’argent qui me restait du paquet retour pour reprendre le commerce mais cela n’a pas été facile parce que quelques-uns de mes anciens voisins contractaient des dettes et ne me remboursaient pas.
« Cela m’a ruiné. Mes anciens collègues qui ont continué à faire du commerce ont évolué. Ils m’ont avancé un peu d’argent pour tenir », confie-t-il.

Epargner pour réussir

Médiatrice Bukeyeneza, jeune femme rapatriée rencontrée au marché de Bugabira fait partie de ceux qui ont tout fait pour tirer bénéfice du paquet retour. Elle s’est lancée dans le service de transfert d’argent.

Avec l’argent donné, raconte-t-elle, je faisais de l’épargne dans une association : 500 francs ou 1.000 francs, ce qui m’a permis de demander un crédit. « Pour subvenir aux besoins de ma famille, avec une somme de 1.500 francs ou 2.000 francs obtenue, je parviens à avoir la ration ».

D’ici peu, fait-elle savoir si je parviens à avoir des moyens, je travaillerais et je construirais une maison et j’y habiterais avec ma famille et ainsi mener ma vie. « Je demanderais à nos dirigeants de nous prêter main forte pour que nous puissions avoir un bon capital ».

A son retour au pays, Innocent Ndayizeye, coiffeur à Bugabira, a tout fait pour continuer son métier. Selon lui, rien ne vaut sa mère patrie. « Par rapport au camp, ici je suis bien parce que je travaille en toute liberté, pas de problème avec mes collègues, nous avons une association, c’est facile de faire quelques économies. Je compte ouvrir mon propre salon ».
Selon Jean Kabaka, conseiller politique, administratif et juridique de l’administrateur de Busoni, la réintégration des rapatriés n’est pas facile, il y en a qui n’ont pas su gérer le paquet retour mais pour d’autres, cette aide en vivres et en non vivres pour une durée de 3 mois, a été une sorte de coup de pouce.

Ce n’est pas le cas pour Mayange Mukandanga, une vieille femme d’ethnie twa rapatriée vivant à Kibonde en commune Busoni. « Avec les 270 mille francs reçus, je m’offrais de la bière et des mets raffinés pour que je grossisse mais cela n’a pas marché, je suis restée maigrichonne. J’ai tout bousillé. Mon problème, c’était de regagner mon pays », a-t-elle lâché avec un brin de regret provoquant une salve de rires des voisins. Un exemple qui est malheureusement loin d’être un cas isolé.

Reportage réalisé dans le cadre du programme BBB, Building Bridges in Burundi
BBB

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