Lenteur des services, des conditions contraignantes, sont les grandes lacunes soulevées par les clients, à la première journée de la mise en application de la nouvelle mesure de la Banque centrale concernant la réglementation des bureaux d’échange.
Lundi, 17 février, 11h à la Bancobu (Banque commerciale du Burundi). Environ une trentaine de personnes se tiennent devant le guichet du bureau de change.
Devant le guichet, les critères d’octroi des devises bien placardés. Ceux qui ne remplissent pas ces conditions, se retirent l’un après l’autre et ceux qui sont éligibles, faute d’un grand nombre, ne parviennent pas à faire preuve de patience.
« Je suis ici depuis 8h du matin. Et voilà qu’ils vont aller dans la pause t on n’est pas encore servi», se lamente A.N. Elle confie qu’elle est venue chercher 500 USD pour envoyer cette somme à son fils qui est à l’université en Ouganda.
Pour cette mère, si la BRB a décidé de placer des bureaux de change dans les banques commerciales, il faut que ces dernières augmentent le nombre de guichets, pour accélérer les services. « Dans les bureaux de change, il n’y avait pas de longue file comme celle-ci. Tu entrais, on te servait et tu rentrais ».
Signalons que pour avoir quelques dollars ou quelques euros au sein de la Bancobu, il faut compléter un formulaire, y attacher un document de voyage ainsi que le billet de voyage. Et de souligner que chaque client ne doit dépasser le montant de 1.000 USD.
Marguerite Nahayo, une autre mère, trouvée sur les lieux, témoigne que le jour où elle a vu la lettre de BRB concernant le retrait d’agrément des bureaux de change, elle s’est dépêchée pour acheter les devises. Et de confier qu’elle salue cette décision prise par la banque centrale.
Cependant, cette mère déplore que les critères d’achat ou de vente ne facilitent pas les commerçants dans leur travail quotidien. D’après elle, demander à un commerçant de présenter un billet de voyage, à chaque fois qu’il voudra acheter des devises et lui limiter le plafond, cela peut freiner son business.
Cette dame demande à la Bancobu de revoir ses critères et d’autoriser les clients d’acheter autant de dollars qu’ils veulent. Et pour A.N, elle exhorte la Banque centrale et les bureaux de change de concerter et de fixer le taux d’échange convenable pour chacun.
Arrivée à la BCB (Banque de crédit de Bujumbura), la situation est contraire. Il n’y a pas de monde devant le guichet de bureau de change. Les clients n’ont pas tous été servis. La guichetière annonce que seuls ceux qui ont des comptes en devises vont être servis. Et à ceux qui n’ont pas de comptes en devises, elle les demande de remplir les formulaires et d’attendre qu’on les appelle.
La nouvelle est mal accueillie par les clients. « Je viens de la Bancobu tout en espérant trouver des devises ici. Et ils nous disent qu’ils vont nous contacter », confie Thierry, la trentaine, déçu.
Rappelons que la décision de retirer aux bureaux de change le droit de vendre et d’acheter les monnaies étrangères a été publiée par la Banque centrale, le 6 février et a été mise en application, depuis ce 15 février 2020.