Manque de bâtiments ; manque de véhicules de service ; immixtion dans les affaires judiciaires ; insuffisance de magistrats ; problème de transport des détenus ; manque de carburant pour l’exécution des jugements rendus ; incapacité de faire des constats et des vérifications sur le terrain, tels sont les principaux défis auxquels est confronté l’appareil judiciaire en province de Rumonge.
Au cours d’une réunion tenue par Léonard Niyonsaba (le gouverneur de la province de Rumonge) à l’intention des cadres et agents de l’appareil judiciaire de la province de Rumonge, Gaspard Nahayo, président du tribunal de Grande instance, a relevé les principaux défis qui minent le secteur de la justice dans cette entité administrative.
Il a notamment indiqué que le tribunal de Grande instance et le Parquet n’ont pas leurs propres bâtiments car ils sont logés dans des bâtiments conçus pour être une école des métiers. Ils rencontrent alors d’autres problèmes connexes comme la conservation des dossiers ; le manque de bureaux ; le manque de salle d’audience spacieux encore que les bâtiments qu’ils occupent sont vétustes.
Il a également évoqué le manque de carburant nécessaire à l’’exécution des jugements rendus ainsi qu’à des déplacements sur le terrain pour faire le constat des faits et leur vérification.
Le président du tribunal de Grande instance a aussi relevé le nombre insuffisant de magistrats alors que ce tribunal et son parquet enregistrent beaucoup de dossiers pénaux.
Sous un autre angle, il a souhaité que le service du protocole de la province puisse prendre en considération la place des magistrats lors des fêtes nationales pour réserver leurs places dans la tribune. La justification est que le pouvoir judiciaire est l’un des trois pouvoirs reconnus par la Constitution du Burundi.
Immixtions dans les affaires judiciaires
Prenant la parole Phanuel Nahayo, procureur de la République à Rumonge a évoqué le problème d’immixtion dans les affaires judiciaires dont certains responsables administratifs ou certains responsables du parti au pouvoir se rendent responsables.
Il a demandé que chacun puisse respecter la procédure telle qu’elle est dans les différents textes de loi.
Le procureur a insisté pour dire que l’immixtion dans les affaires judiciaires désoriente les juges et risque de les influencer à ne pas prendre des décisions justes et équitables.
Il a aussi soulevé le problème de transport des détenus des commissariats communaux de la Police vers le Parquet qui fait qu’il y ait de la lenteur dans l’instruction des dossiers pénaux.
Il a également souligné la question de manque de véhicule affecté au parquet de Rumonge. Ce qui paralyse certaines activités de ce parquet.
Il a parlé des conditions difficiles dans lesquelles travaillent les officiers de la Police judiciaire de Rumonge. Ils ont par exemple de la peine pour avoir du papier ou des registres surtout qu’aujourd’hui ils sont affectés dans les différentes zones de la province pour être proches de la population.
Il a invité la population à collaborer avec les magistrats en leur fournissant des informations utiles afin de mettre la main sur certains criminels.
Face à tous ces défis, le gouverneur de la province a invité les cadres et agents de l’appareil judiciaire dans sa province à améliorer la communication pour prétendre aboutir à de bons résultats. Ils doivent à tout prix éviter tout acte de leur part qui pourrait les exposer à la suspicion et à la méfiance de la part de la communauté au sein de laquelle ils évoluent.
Il a aussi invité les différents chefs de service à collaborer entre eux lorsqu’un problème surgit.
Concernant le transport des détenus, le gouverneur Niyonsaba a recommandé aux administrateurs communaux de collaborer avec le procureur afin de déplacer les détenus vers le parquet de Rumonge avec les camionnettes achetées pour les communes.
Dans le même ordre d’idée, le procureur de Rumonge a promis de chaque fois contacter les responsables des différents services provinciaux pour voir comment leurs véhicules puissent aider dans le transport des détenus.
Combattre le rôle d’intermédiaire
N.A, un justiciable de la commune Rumonge a quant à lui demandé au procureur et au président du tribunal de Grande instance de Rumonge de combattre les commissionnaires qui rodent tous les jours autour des bâtiments de ce tribunal et qui jouent le rôle d’intermédiaire entre le justiciable et le juge ou le magistrat afin de collecter des pots-de-vin.
Une autre justiciable a fait savoir que certains officiers de la Police judiciaire s’arrogent le droit de recevoir des plaintes relatives aux affaires civiles alors qu’elles ne sont pas de leur compétence.
Beaucoup de justiciables demandent que les autorités administratives à tous les niveaux puissent organiser des réunions à l’intention des différents responsables des services provinciaux, communaux et collinaires afin de trouver des solutions durables a certains problèmes rencontrés dans le secteur de la justice.
Signalons que la province de Rumonge est né en mars 2020. Certains services provinciaux n’ont pas encore des bâtiments qui leur appartiennent.