A la veille de la reprise des médiations entre résidents et rapatriés par la Commission Vérité et Réconciliation, la question du fonds d’indemnisation des rapatriés qui n’auront pas accès à leur propriété ou aux résidents qui céderont leurs terres est sur toutes les lèvres. Une disposition consignée dans l’Accord d’Arusha.
A Rumonge, ce fonds prévu par les négociateurs de cet accord historique est une question de l’heure, comme l’indiquent certains rapatriés et résidents rencontrés dans les différentes localités de la commune Rumonge.
N.J, un rapatrié de la colline de Minago en commune de Rumonge fait savoir qu’il a trouvé sa propriété occupée par un centre de santé et un village.
« Comme il est impossible de demander que ces infrastructures soient relocalisées pour dégager ma propriété, il faudrait que je reçoive une indemnisation juste et équitable afin que je puisse aller chercher une autre propriété de la même superficie et de la même valeur », réclame-t-il.
Selon lui, cela ne sera possible qu’après la mise en place de ce fonds d’indemnisation ou lorsque le gouvernement acceptera de lui octroyer une autre propriété d’une valeur plus ou moins égale à ses terres perdues.
Il appelle de tous ses vœux le gouvernement et ses partenaires à mettre en place ce fonds afin, selon lui, de parvenir à une vraie réconciliation et à une paix durable.
B.M, un résident de la colline Mugara a cédé la moitié de sa propriété à un rapatrié à travers une médiation rendue par l’ancienne CNTB, la Commission Nationale Terres et autres Biens, il indique que cette solution n’est pas durable pour les deux personnes car ce rapatrié ne parvient pas à faire vivre sa famille et aussi ce résident ne parvient pas à nourrir sa famille avec ce qui lui reste comme lopin de terre.
Selon lui, il serait mieux que l’un d’eux soit indemnisé afin qu’il aille acheter une autre propriété de la même superficie et de la même valeur. L’indemnisation passerait par ce fonds prévu dans le protocole 4 de l’Accord d’Arusha.
Ils le disent au moment où le gouvernement a annoncé que les dossiers non clôturés par l’ex CNTB vont être gérés par la Commission Vérité et Réconciliation.
Certains rapatriés approchés demandent à la CVR de traiter les dossiers relatifs aux autres biens comme l’argent confisqué ou gelé dans des banques, des véhicules et des bateaux volés lors des événements tragiques de 1972.
« La mise en place de ce fonds a pris du retard »
Certains responsables des organisations de la société civile rencontrés indiquent que ce fonds devrait normalement être mis sur pied avant la CNTB, du moins avant le début des travaux de cette commission.
Ils indiquent que des tensions ont été observées dans les différentes localités du Burundi car certains rapatriés et résidents ont opposé une certaine résistance à la mise à exécution des décisions de la CNTB Ces derniers disent qu’ils ne voyaient pas comment ils vont continuer à vivre.
Ils demandent au gouvernement du Burundi en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers de mettre en place ce fond d’indemnisation.
Depuis que la CNTB a terminé son mandat en mars en 2021, le traitement des dossiers relatifs aux conflits fonciers entre résidents et rapatriés est suspendu mais le gouvernement a indiqué que cette mission de gérer ces dossiers va revenir à la Commission Vérité et Réconciliation.
En commune de Rumonge, l’administrateur de cette commune appelle les médiateurs collinaires à ne pas recevoir encore moins traiter ces conflits fonciers opposant les rapatriés aux résidents.
Il leur a demandé d’attendre l’orientation que le gouvernement du Burundi va donner par rapport à la gestion de ces conflits fonciers. C’est au moment où certains médiateurs collinaires commencent à traiter ce genre de conflit.
Signalons que les provinces de Makamba et de Rumonge viennent en tête pour le grand nombre des dossiers non clôturés par la CNTB. Plusieurs commissions ont été déjà mises en place au Burundi. La première commission communément appelée « Commission Mandi » a été mise en place en 1977.