La loi sur l’accès à l’information au Burundi est en cours d’élaboration pour pallier la question de rétention de l’information par ceux qui doivent la livrer. Les professionnels des médias demandent que leurs contributions soient intégrées dans le projet de loi afin d’avoir une loi qui promeut réellement la liberté d’expression. C’était lors d’un atelier organisé à leur intention à Makamba
L’annonce a été faite par Oscar Nzohabonayo, directeur général au ministère de la Communication, des Technologies de l’information et des Médias. C’était au cours d’un atelier que le ministère a organisé les jeudi et vendredi de la semaine passée à Makamba à l’intention des journalistes œuvrant dans les anciennes provinces du Sud du Burundi, à savoir Bururi, Makamba, Rumonge et Rutana.
Il l’a annoncé au moment où des journalistes se plaignent comme quoi ils ont un problème d’accès à l’information en évoquant des cas de rétention de l’information par certaines autorités.
M. Nzohabonayo estime que cette loi résoudra tous les problèmes liés à l’accès à l’information au Burundi sans toutefois indiquer précisément.
Et de demander aux journalistes d’user de l’éthique et de la déontologie dans la collecte et le traitement de l’information. Et pour cause, une information bien collectée et bien traitée crédibilise le travail d’un journaliste et le détenteur de l’information devient confiant pour la livrer, souligne-t-il.
Organiser un débat
Certains participants à l’atelier ont souhaité que les contributions des journalistes soient intégrées dans cette loi avant sa promulgation pour qu’elle puisse réellement servir à promouvoir la liberté d’expression qui est un des piliers de la démocratie.
Ils ont en outre demandé au ministère ayant les médias dans ses attributions d’organiser un débat entre les professionnels des médias et les détenteurs de l’information publique afin d’enrichir le projet de loi sur l’accès à l’information au Burundi. Surtout que certains journalistes indiquent avoir déjà abandonné de traiter certaines informations pour manque d’équilibre de l’information. Ils pointent alors du doigt des autorités publiques qui retiennent l’information ou qui refusent de communiquer.
Des médias viables
D’autres journalistes ont demandé au ministère de tutelle de vérifier ce qui se passe dans certains organes de presse où des journalistes travaillent des années et des années sans contrat de travail ; des journalistes travaillent mais ne perçoivent pas de salaire ou perçoivent un salaire de misère qui ne peut pas leur permettre de vivre et, partant, de faire vivre leur famille. Ce qui occasionne la manipulation des journalistes.
Le problème de spécialisation des journalistes a aussi été évoqué. Rares sont aujourd’hui en effet des médias qui ont dans leurs rédactions des journalistes qui se sont spécialisé dans tel ou tel autre domaine pour traiter professionnellement les sujets se rapportant à l’économie, à la justice, à la santé, à l’éducation, à l’environnement, au commerce, à la politique et bien d’autres domaines. Beaucoup de participants ont ainsi émis le souhait d’avoir des médias viables au Burundi.
En outre, les journalistes ont évoqué le problème lié à la sécurité des journalistes comme un handicap dans la collecte et le traitement de l’information. Et pour preuve, des cas de menaces verbales et physiques ainsi que des cas d’intimidation des journalistes en train d’exercer leur métier ont déjà été observés.
Informer le ministère et le CNC
Face à ces menaces et intimidations, M. Nzohabonayo suggère aux journalistes lésés d’en informer le ministère de tutelle ainsi que le Conseil national de la communication (CNC) qui assure la mission de régulation afin que toutes ses irrégularités soient corrigées. Et de conclure qu’un journaliste n’est pas n’importe qui qui peut accepter que ses droits les plus élémentaires soient foulés au pied.
Concernant la spécialisation des journalistes, il est d’accord qu’il s’agit d’un constat amer. Il a toutefois laissé entendre que le ministère et ses partenaires sont à pied d’œuvre pour relever le défi. Il a profité de l’occasion pour indiquer que même les organes de presse peuvent organiser des séances de spécialisation au sein de leurs rédactions respectives.
Cela a également été une opportunité pour les journalistes de prendre connaissance du contenu de la Vision 2040-2060. Ils ont accepté de s’en approprier. C’est ainsi qu’ils se sont engagés à accompagner la mise en œuvre de la vision.
Jacques Bukuru, journaliste en même temps formateur au cours de l’atelier a demandé aux journalistes de privilégier le journalisme de solutions pour aboutir au développement du pays.
Signalons que la Région sud du Burundi compte cinq radios communautaires qui y émettent.
Une question ? Que eut on dire lorsqu’on parle de l’organbisation d’un débat entre journalistes et détenteurs de l’information ?
Tout le monde peut détenir une information à un certain moment ,même si certains disposent beaucoup plus que d’autres le droit de la divulguer . Il faut une loi interdisant le refus d’accès à l’information . La seconde chose il faut que la loi instaure comme dans certains pays l’existence de « lanceur d’alerte » et que cette disposition soit protégée par la loi . Un lanceur d’alerte est une personne physique qui signale ou divulgue, sans contrepartie financière directe et de bonne foi, des informations portant sur un crime , une infraction la plus grave punissable par une peine de prison (homicide volontaire ou viol par exemple), un délit ,un acte interdit par la loi et puni d’une amende et/ou d’une peine d’emprisonnement inférieure à 10 ans, une menace ou un préjudice pour l’intérêt général. Il peut également s’agir d’une violation, ou une tentative de dissimulation de violation d’un engagement international de la France (Convention internationale des droits de l’enfant par exemple). C’est une des manières permettant l’accès à une information de qualité. Reste que la liberté d’opinion et d’expression n’est pas encore ancrée dans les moeurs au Burundi de manière durable . Je me rappelle encore qu’en 1993 les journalistes avaient atteint un niveau de liberté d’expression extraordinaire comparable à certains pays européens . On ne peut pas en dire autant aujourd’hui. Tant que le pays ne comprendra pas que la liberté d’expression est importante pour tout le monde il est illusoire de croire qu’un débat entre journalistes et politiques peut y arriver . Je peux croire que c’est un processus , mais c’est aussi un domaine dans lequel la politique doit agir sans tergiverser.