Trois Batwa en province de Bururi viennent d’être recrutés comme enseignants alors qu’ils n’avaient pas eu la note exigée. Certains parlent de la promotion d’une culture de la médiocrité. D’autres saluent cette mesure qui permettra de relever le niveau des Batwa dans la Fonction publique et renforcer la réconciliation au Burundi.
Antoine Nsabiyumva, Directeur provincial de l’enseignement à Bururi, indique que des personnes de la communauté Batwa étaient candidats au recrutement d’enseignants dans cette province. D’après lui, trois personnes de la communauté Batwa ont été recrutées comme enseignants dans les communes de Bururi, Matana et Songa.
Il précise néanmoins que ces enseignants n’ont pas eu la note exigée au recrutement : « on a privilégié la discrimination positive dans le recrutement de cette catégorie de personnes pour leur promotion. »
Ce responsable scolaire indique que parmi les personnes Batwa recrutées figure une fille, « ce qui est une première dans cette province. Cette décision prise va susciter les enfants Batwa à rester à l’école, car ils auront des modèles dans leur communauté ».
Cette décision de promouvoir les Batwa dans le recrutement a été confirmée par le ministre ayant l’Education dans ses attributions lors de sa visite dans certaines communes de Bururi lorsqu’il était en train de vérifier la véracité de recours introduit par certains candidats au recrutement qui ont dénoncé des irrégularités dans le recrutement.
Une décision qui a suscité beaucoup de remous
N.B, un candidat au recrutement de la commune de Bururi, n’en revient pas. Il juge inconcevable que l’on puisse recruter une personne qui a eu une note basse : « C’est une injustice et c’est préjudiciable à la qualité de l’enseignement au Burundi, car on donne ce qu’on a. » Il demande au ministère de l’Education nationale de revoir cette décision qui consacre la médiocrité dans le système éducatif burundais au nom de la promotion des Batwa. Il indique que dans un concours ou une compétition seul le mérite est considéré.
H.G., un parent de la commune de Songa, qualifie cette décision de rétrograde. Il précise que de telles mesures ont été prises au Burundi dans les années 1970 au niveau du concours de 6e où les filles étaient considérées sur une note inférieure par rapport aux garçons afin d’accéder à l’enseignement secondaire. Il demande au ministère de l’Éducation nationale de surseoir à cette mesure qui ne fait que promouvoir la médiocrité.
Au sein de l’association « Unissons-nous pour la promotion des Batwa », Uniproba, à Bururi c’est la joie. On parle d’une décision salutaire et inoubliable. On indique que les Batwa sont restés en arrière dans presque tous les domaines depuis plusieurs années, mais cette mesure de discrimination positive vient d’ouvrir les Batwa à plusieurs opportunités. « Les enfants Batwa auront des références dans leur communauté qui vont les pousser à rester à l’école. »
D’autres Batwa rencontrés au chef-lieu de la province Bururi demandent à l’Assemblée nationale de voter une loi qui consacre une discrimination positive dans certains secteurs de la vie nationale comme l’éducation pour asseoir une réconciliation.