Des drones assurent aujourd’hui la surveillance de la réserve naturelle de Vyanda et du paysage protégé de Mukungu-Rukambasi. Ce qui constitue une grande avancée dans la surveillance des aires protégées du Sud qui sont confrontées à plusieurs défis dont notamment un malentendu autour de leur délimitation.
C’est par un ouf de soulagement que les responsables des bureaux de l’Office burundais pour la protection de l’Environnement (OBPE) dans les provinces du sud du Burundi ont annoncé la surveillance par deux drones de la réserve naturelle de Vyanda en province de Bururi et le paysage protégé de Mukungu- Rukambasi en province de Makamba.
Ils indiquent que, désormais, toute tentative de vouloir détruire ou abîmer les deux aires protégées est vite repérée. Le malfaiteur est aussi vite identifié à travers les photographies de ces drones.
Même s’il s’agit d’une grande avancée, les populations environnantes doivent participer dans la conservation de ces aires protégées qui connaissent pas mal de défis avec les crises que le Burundi a connues qui ont chaque fois occasionné des mouvements de déplacement des gens dont celle de 1993.
La réserve naturelle de Vyanda qui couvre une superficie de 4 670 hectares est surtout confrontée à plus de 300 familles qui se sont installées à l’intérieur de la réserve depuis 2002 et qui y vivent encore.
Cette réserve est aussi confrontée à des gens qui y mettent du feu surtout au cours de la saison sèche ainsi qu’à des personnes qui s’adonnent à la coupe illicite des arbres et à la fabrication du charbon.
Les activistes dans la protection de l’environnement demandent au gouvernement de retirer ces familles qui résident à l’intérieur de la réserve afin qu’elles soient installées ailleurs puisqu’elles exercent une grande pression sur la réserve.
Le paysage protégé de Mukungu-Rukambasi qui couvre plus de 1 400 hectares fait face quant à lui aux agriculteurs qui y ont installé des champs de cultures depuis la crise que le Burundi a connue en 1993.
Ce paysage s’étend sur les communes Nyanza-lac et Vugizo de la province de Makamba. Les autorités provinciales demandent aux personnes qui se sont ainsi attribuées illégalement des propriétés foncières de ne plus s’adonner à leur exploitation et de cesser immédiatement à y pratiquer l’agriculture.
Ce paysage fait aussi face aux personnes qui l’incendient souvent à la recherche des pâturages pour leur bétail.
Toutes ces deux aires protégées connaissent aussi une pression de la part de certains rapatriés qui tentent de s’y installer arguant que ce sont leurs anciennes terres avant leur départ en exil en 1972, selon des sources proches des bureaux de l’OBPE. Ces drones pourront mieux surveiller tous ceux qui voudront s’y introduire sans autorisation, se réjouissent les mêmes sources.
Une nouvelle délimitation des aires protégées est nécessaire
Certaines familles rapatriées demandent au gouvernement de faire une nouvelle délimitation des réserves naturelles et des aires protégées en tenant compte de leurs revendications. Elles indiquent qu’elles avaient déjà saisi l’ex-CNTB (Commission nationale des terres et autres biens) mais sans succès.
Elles demandent alors à la CVR (Commission Vérité et Réconciliation) qui vient de récupérer les anciennes missions de la CNTB de pouvoir recevoir les plaintes relatives à la spoliation de leurs terres par l’OBPE.
Elles indiquent que la dernière délimitation des réserves naturelles et des aires protégées date de 1986 et qu’à cette période, on n’a pas tenu compte des familles qui étaient en exil et qui avaient des propriétés près de ces endroits.
Elles regrettent que souvent elles soient arrêtées, accusées de vouloir détruire l’environnement alors qu’elles sont en train de revendiquer leurs droits.
Beaucoup de personnes saluent l’introduction des drones qui vont faciliter la surveillance des réserves naturelles et des aires protégées car ces dernières sont des atouts pour le développement du tourisme au regard de la biodiversité dont elles regorgent.
Signalons que le massif montagneux de Kibimbi en commune Rutovu de la province de Bururi sera bientôt enregistré parmi les aires protégées du Burundi.