La situation chez les orpailleurs est devenue chaotique ces derniers temps suite aux pluies intenses. Les orpailleurs dépourvus de matériels de protection sont ensevelis à l’intérieur des trous. A moins d’un mois, on enregistre déjà cinq orpailleurs tués et plusieurs autres blessés. La population parle d’une hécatombe au moment où l’administration se montre passive.
Arrivé sur les différents sites d’extraction des minerais d’or des collines de la commune Mabayi dans la province de Cibitoke, plusieurs trous de plusieurs mètres de profondeur sont partout visibles. Les orpailleurs, sans aucun matériel de protection, sont pourtant à l’œuvre.
Les informations collectées sur place font savoir qu’au moins cinq orpailleurs ont déjà trouvé la mort dans une période ne dépassant pas un mois sur les collines Gafumbegeti et Rutorero en zone Butahana de la même commune suite aux glissements de terrain. « Les victimes ont été surprises par des eaux de ruissellement après l’effondrement d’une montagne. Elles ont été ensevelies par des tas de boue à plusieurs mètres de profondeur à l’intérieur des trous », témoigne en larmes un rescapé de la colline Rutorero.
Non loin de là, sur la colline Gafumbegeti, on dénombre une dizaine d’orpailleurs grièvement blessés pour les mêmes causes.
Pas d’indemnisation ni d’assurance maladie
En plus d’être mal payés par les propriétaires des sites d’extraction minière et sous équipés en matériel de protection, les orpailleurs n’arrivent pas non plus à s’affilier dans des coopératives qui peuvent leur garantir un régime de sécurité sociale et d’assurance maladie. « C’est quasiment impossible de se procurer les moyens financiers pour décrocher le statut juridique en vue de monter notre propre coopérative d’extraction de l’or », déplore sans espoir un orpailleur rencontré non loin du chef-lieu de la commune Mabayi.
Entre temps, les patrons des coopératives n’arrivent pas à honorer leurs engagements pour assurer les bonnes conditions de travail à leurs ouvriers. Sans contrat de travail et soumis à un horaire de travail très surchargé dans la plupart des cas, les travailleurs tombent souvent malades et leurs soins de santé ne sont pas assurés. « Certains orpailleurs, faute d’avoir une assurance maladie, sont emportés par des maladies », regrette amèrement un jeune orpailleur qui vient de perdre son collègue suite au paludisme.
Le calvaire qu’endurent les orpailleurs, indique un octogénaire trouvé sur place, est globalement dû aux dures conditions de travail. « Suite à la misère et pour survivre, les orpailleurs prennent le risque de descendre à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Ils doivent alors faire face aux produits toxiques et chimiques très nuisibles à la santé humaine utilisés pour dynamiter les grosses pierres », fait-il remarquer. Il ajoute que, les orpailleurs, poussés par leurs patrons, prennent le risque de creuser des trous jusqu’à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
Certains sont ainsi tués lors des éboulements de terrains et leurs corps sont rarement ramenés au sol au moment où les rescapés grièvement blessés se retrouvent dans un état physique de handicap.
Tout le monde tire à boulets rouges sur les propriétaires des chantiers d’extraction minière. Tel est le cas d’un père de deux enfants tués suite aux pluies torrentielles de fin janvier qui ont fait descendre une montagne tout près d’un site d’extraction de l’or. D’après lui, ses deux fils ont été tués à cette occasion. Plus regrettable selon ses dires, les patrons des chantiers n’ont pas octroyé les indemnisations aux familles des défunts.
Une source locale fait savoir que les propriétaires des sites miniers traînent les pieds quand il s’agit d’indemniser les familles des victimes suite à la complicité et à la couverture dont ils bénéficient de la part de certains administratifs à la base. La même source ajoute que cette situation laisse plusieurs veuves et enfants orphelins dans un état d’extrême pauvreté en l’absence d’une prise en charge qui était assurée par leurs époux ou leurs pères.
Des descentes d’inspection
Les orpailleurs contactés demandent aux instances habilitées de mener un contrôle rigoureux à travers des descentes d’inspection sur le terrain pour exiger aux propriétaires des sites d’octroyer le matériel de protection et de travail aux ouvriers.
C’est, entre autres, les casques, les bottes, les gans, le matériel adapté facilitant la respiration étant à plusieurs centaines de mètres de profondeur ainsi que les gilets de protection.
Un environnementaliste et spécialiste du régime d’assurance regrette la recrudescence des incidents alors que la loi régissant de telles activités est claire. Il interpelle les administratifs de veiller à ce que les propriétaires des sites miniers assurent la protection complète aux ouvriers. Il encourage aussi les orpailleurs à faire prévaloir leurs droits conformément aux textes réglementaires en vigueur dans le pays.
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