Le processus de désengorgement des maisons de détention en cours dans la province de Cibitoke a déjà abouti à la libération d’un bon nombre de détenus. Une initiative saluée par les défenseurs des droits de l’Homme. Elle va s’étendre dans d’autres cachots communaux. Ceux qui sont encore incarcérés souhaitent le traitement rapide de leurs dossiers.
Vingt-trois détenus au cachot du Commissariat provincial de police pour l’essentiel accusés de délits mineurs comme l’abus de confiance et le vol des objets ménagers ont retrouvé la liberté au cours de ces dernières semaines. Parmi ceux qui ont été relâchés, on enregistre cinq enfants mineurs de moins de 15 ans.
Selon les informations reçues sur place, il s’agit d’une décision prise par le parquet près le tribunal de Grand instance de Cibitoke pour désengorger ce cachot provincial d’une capacité d’accueil d’une quarantaine de personne mais qui dans la plupart des fois regorge pas moins de cent détenus. « La promiscuité et les mauvaises conditions de détention ont milité en faveur de cette décision », murmure avec fierté un jeune magistrat rencontré sur place.
D’après ses dires, le parquet et les juges avaient déjà constaté que la plupart des détenus tombaient facilement malades. Il fallait à tout prix passer à cette opération surtout que certains détenus sont incarcérés sans motif valable. Il arrive en effet qu’une personne soit incarcérée sans dossier pour une simple accusation. Différentes sources recoupées et vérifiées admettent que la décision de relâcher certains détenus est venue à point nommé. Elles font savoir qu’aux dures conditions de détention s’ajoutent des cas d’extorsion qui aggravent les malheurs des détenus. Ainsi par exemple, un nouveau locataire du cachot est contraint de débourser une somme de 50 mille de francs burundais « dite achat de la bougie » dans le jargon des détenus. Malheureusement, cet argent perçu par le chef des détenus sert à d’autres fins. D’après une source sur place, cet argent serait partagé avec les policiers gardes-cachots. Cette pratique s’éternise partout et semble être difficile à éradiquer.
Pour en savoir davantage sur la destination finale de cet argent, l’un des chefs des détenus explique sans convaincre qu’un tel montant permet de s’approvisionner en vivres en vue de faire nourrir les détenus dont les familles, suite aux longues distances à parcourir, ne peuvent pas leur fournir des provisions pour vivre.
Tous ces facteurs énumérés sont donc à la base de la libération de ces détenus après des visites d’inspection, comme l’indique le procureur du parquet de Cibitoke. Jean Paul Nsavyimana parle d’un processus continu qui va également toucher tous les cachots communaux. Cet homme de loi interpelle ces collègues, à commencer par les OPJ, de veiller à ne pas incarcérer des gens pour des motifs non valables.
A propos de la persistance du phénomène de surnombre des détenus qui ne fléchit pas, ce magistrat pointe du doigt la sévère pénurie des carburants et l’insuffisance de moyens de déplacement pour le transport des détenus dont les jugements ont été prononcés en attente d’être transférés notamment à la prison de Mpimba. M. Nsavyimana demande par conséquent aux bienfaiteurs de pallier ce problème de transport en vue de permettre aussi le traitement rapide des dossiers jugés dans les cours et tribunaux.
Un ouf de soulagement pour les justiciables
Il arrive qu’un détenu passe plus de trois mois dans le cachot alors que les délais de détention préventive ne dépassent pas deux semaines. Plus grave, les enfants sont mêlés aux adultes, ce qui va à l’encontre des politiques de protection des mineurs en conflit avec la loi. Toutefois. Ce qui vient d’être fait par les autorités judiciaires dans cette province de l’Ouest du pays est un pas en matière de protection des droits des personnes détenues. Tel est le cas d’un jeune mineur de 14 ans qui était incarcéré depuis 2 mois qui a témoigné en saluant cette décision alors qu’il avait perdu tout espoir.
Du coté des défenseurs des droits de l’Homme, on note une certaine satisfaction. Toutefois, ils souhaiteraient d’autres améliorations. Ils parlent, entre autres, du traitement rapide des dossiers pour éviter les lenteurs judiciaires ainsi que l’extension des maisons de détention et leur entretien pour assurer une bonne hygiène. Ils souhaitent enfin l’accès aux services sociaux de base comme les soins de santé aux personnes détenues souvent dépourvues de moyens financiers.