Le bilan causé par des pluies diluviennes observées ces derniers jours en province de Cibitoke est lourd. A titre d’exemple, 78 ménages ont été évacués d’urgence pour la seule commune Rugombo. Aussi, plus d’un millier de maisons et plusieurs hectares de cultures ont été sérieusement endommagés. Les populations victimes sollicitent une aide surtout en vivres. Malheureusement, l’assistance tarde à s’organiser.
Au moins 458 personnes ont dû quitter leurs domiciles tout au début du mois d’avril 2024 sur la colline Rusiga de la commune Rugombo à 5 km du chef-lieu de cette province de l’Ouest du pays et à quelques pas de la rivière Rusizi sur la frontière avec la RD Congo.
Selon diverses sources mais concordantes, on dénombre 1 118 maisons complétement détruites au niveau des transversales 9, 10, 11 et 12 de la même colline ; 975 hectares de diverses cultures comme le haricot, le maïs, la bananeraie et le manioc ont été endommagés.
Les habitants touchés sont en besoin urgent de vivres et de médicaments. Seule la Croix Rouge, branche Cibitoke, a déjà mis à leur disposition des tentes. Malgré les efforts de cette organisation humanitaire, les personnes sinistrées ont toujours besoin de couvertures pour se protéger contre le froid. Un infirmier de l’hôpital Cibitoke parle du risque élevé des maladies qui frappent surtout les enfants.
« En plus du manque d’eau potable, les gens vivent dans une promiscuité inacceptable. En effet, les belles filles, les gendres ainsi que les belles mères dorment ensemble sur espace très étroit », se désole un octogénaire qui parle d’une situation à l’encontre de la culture burundaise.
Ce père de dix enfants et autant de petits enfants déplore les conditions de vie dans lesquelles vivent les habitants affectés par ces catastrophes.
Les gens demandent l’assistance immédiate de la part des pouvoirs publics et des humanitaires dans un contexte où la pauvreté sévit dans la plupart des ménages burundais qui font face à la cherté de la vie.
Une situation très alarmante
Comme si tous ces malheurs ne suffisent pas, l’administration à la base lance un cri de détresse au regard du risque élevé d’un glissement total d’un terrain qui jonche la Rusizi notamment au niveau de la transversale 12. Ce qui a déjà endommagé plus de 50 hectares de cultures.
Face à cet état de fait, les administratifs au niveau collinaire préviennent d’un risque de destruction de la grande partie des maisons qui présentent déjà des fissures. Surtout qu’elles y sont érigées souvent en dehors de toute norme moderne de construction et de protection de l’environnement.
Dans l’ensemble, ces autorités administratives exhortent les différents bienfaiteurs à venir en aide aux populations sinistrées notamment en vivres et en ustensiles de cuisine pour subvenir partiellement à leurs besoins.
L’impact sur l’éducation est sans commune mesure car la plupart des écoliers et élèves ne vont plus à l’école. Ces enfants errent à longueur de journée dans les rues du centre Cibitoke au moment où certains d’entre eux sont déjà engagés dans les champs rizicoles où ils reçoivent journalièrement une somme d’argent très modique.
Un des défenseurs des droits de l’enfant n’exclut pas la non protection des enfants en termes de leurs droits à l’alimentation et à la santé en cas de situation d’urgence. Entre temps, on note une recrudescence des cas de vols dans les maisons.
Un spécialiste de l’environnement contacté fait savoir que les catastrophes naturelles observées ces derniers temps à travers le pays sont intimement liées à l’utilisation et à l’exploitation anarchique de la nature sans tenir compte des impacts environnementaux.
Par rapport à ce qui se passe à Cibitoke, il fait remarquer que les périmètres rizicoles irrigués sont mal exploités par les agriculteurs.
Leurs actions, poursuit-il, sont à l’origine des inondations et des débordements des cours d’eau qui finissent leur course dans les maisons avec les dégâts humains et matériels énormes. Ce spécialiste interpelle le gouvernement à vulgariser les techniques modernes de construction et d’exploitation des terrains agricoles.
Aux cultivateurs, il les conseille de mettre à contribution les technologies modernes agricoles en creusant notamment les courbes de niveau dans leurs plantations.