Aujourd’hui, la province de Cibitoke enregistre beaucoup de rapatriés qui sont laissés à eux-mêmes. Ils rentrent pour la plupart de la Tanzanie et du Rwanda. Le paquet retour reste insuffisant et la communauté d’accueil n’est pas capable de participer à la satisfaction de leurs besoins. Leur réinsertion pose de problème au moment où l’administration territoriale semble être dépassée.
Ces rapatriés avaient pour la plupart fui le pays à la suite de la crise politique de 2015 autour du troisième mandat de feu président Pierre Nkurunziza. Pour le moment, ils rentrent massivement au pays. Le Haut-commissariat pour les réfugiés, HCR, donne un paquet retour aux rapatriés leur permettant de vivre durant les premiers jours seulement.
Une fois dans la communauté et après l’épuisement des provisions d’accompagnement, ces rapatriés se retrouvent dans une situation délicate. Ils manquent de tout allant des vivres aux frais de scolarité pour les enfants en passant par les soins de santé. « Nous n’avons plus rien à mettre sous la dent. Les enfants mendient à longueur de journée dans la rue », témoigne avec les larmes aux yeux une maman de huit enfants que nous avons rencontrée sur la colline Mparambo II de la commune Rugombo de la province de Cibitoke récemment rentrée du camp de Mahama au Rwanda. Elle fait savoir que la communauté qui l’a accueillie se trouve également dans une situation d’extrême pauvreté.
Elle précise que de temps et temps, elle est obligée d’exercer des tâches journalières chez ses voisins pour pouvoir survivre. Ces derniers lui versent une somme modique de 5 000 FBu par jour qui ne lui permet même pas de s’acheter un kilo de riz.
Une source de danger communautaire
Les enfants de ces rapatriés souffrent actuellement des maladies liées à la sous-alimentation, indique un notable rencontré au chef-lieu de la commune Buganda. Il ajoute sans détour que des cas de vol dans les ménages et dans les champs imputables aux enfants rapatriés sont régulièrement signalés. Les problèmes auxquels font face ces rapatriés se répercutent aussi sur l’éducation de leurs enfants.
Un rapatrié rentré de la Tanzanie prévient que leurs enfants risquent de constituer une source de danger pour la communauté. « Des espoirs étaient nourris comme quoi une fois arrivé au pays, on sera matériellement accompagné mais rien n’a été fait », regrette-t-il avant de dire que s’il avait su à temps que cette assistance n’allait pas avoir lieu, il serait resté au camp des réfugiés de Nduta en Tanzanie.
Un protecteur des droits de l’enfant à Cibitoke parle aussi d’une menace potentielle que constituent ces enfants pour l’entourage. Sans éducation, continue-t-il, le risque de banditisme chez ces enfants est élevé.
Intégrer les coopératives
Face à tous ces défis, l’ensemble de ces rapatriés exhortent les humanitaires et les pouvoirs publics de leur venir en aide.
Un administratif à la base contacté sur place encourage plutôt ces rapatriés à intégrer les coopératives à l’instar de ce que font les résidents trouvés sur les collines. Cette autorité estime qu’une telle initiative favorise la cohésion sociale avant d’appeler les résidents à voler au secours de ces rapatriés en mettant en avant la culture de solidarité communautaire.
Toutefois, le même administratif reconnaît que les besoins de ces rapatriés sont immenses et exhorte les bienfaiteurs de les appuyer en termes de logement, de soins de santé et de scolarité surtout pour les enfants.