Plusieurs groupes d’enfants en situation de rue sont partout visibles dans les centres urbains de la province de Cibitoke. Il arrive que des ménages et des boutiques soient dévalisés par ces enfants. Certains habitants sont déjà victimes de leur brutalité. Les défenseurs des droits de l’enfant et l’administration proposent une réinsertion socio-professionnelle.
Tout autour des centres de négoce, non loin des chefs-lieux des six communes de cette province de l’Ouest du Burundi, ces enfants sont visibles pendant la journée tout comme la nuit.
Ils errent dans les rues en mendiant auprès de tout passant. Pendant les heures avancées de la nuit, ils commettent des vols dans les ménages, les bistrots et les boutiques. D’après une source locale, les objets volés sont emportés et cachés dans des trous qu’ils ont creusés où ils campent et vivent. « Ils dorment là-bas et personne ne peut oser les y déroger puisqu’ils sont toujours sur le qui-vive et en positon défensive », se désole la même source.
Selon une source sécuritaire, ce qui est plus inquiétant, c’est que ces enfants sont responsables de plusieurs cas d’atrocités. Très récemment, une jeune maman a été sérieusement violentée tout près du chef-lieu de la commune Rugombo par un groupe d’enfants après lui avoir volé une somme de 100 000 FBu et quelques objets de valeur qu’elle portait.
Non loin de là, dans la commune voisine de Buganda, un autre groupe d’enfants a failli lyncher un vieillard lors d’un vol commis dans son ménage.
Un poste-radio et plusieurs objets ménagers ont été emportés à la même occasion. Dans les deux communes, des vols dans les champs imputables à ces enfants sont souvent signalés.
Certains habitants qualifient ces enfants de source d’insécurité. Comme ils sont encore des mineurs, ils ne sont pas pénalement responsables. « Etant en grande partie mineurs et âgés de moins de 15 ans, ces enfants sont relâchés immédiatement après leur arrestation », fait remarquer un habitant de Mugina.
D’après un magistrat au parquet de Cibitoke, il arrive qu’on prolonge les délais de leur détention préventive pour les relâcher plus tard. Il explique que c’est pour les protéger contre la colère populaire.
Les récupérer à travers les écoles des métiers
Le phénomène des enfants en situation de rue à Cibitoke fait partout peur. Plusieurs solutions pour les faire quitter la rue ont été tentées mais sans succès. Les administratifs et les défenseurs des droits de l’enfant parlent d’une bombe à retardement si rien n’est fait dans l’immédiat. Et de faire remarquer que ces enfants constituent un danger pour la société.
Leur avenir est en effet hypothéqué. « Il faut des solutions durables pour ce genre d’enfants. C’est à la fois pour préparer leur futur et protéger la société », insiste un défenseur des droits de l’enfant établi depuis plus d’une décennie au centre urbain de Cibitoke.
Il propose des actions de réintégration à l’école pour les enfants dont l’âge leur permet encore de poursuivre le processus éducatif normal. Pour les autres, et c’est l’avis partagé par un administratif, il faut les récupérer à travers les écoles des métiers.
La soudure, la menuiserie et la maçonnerie sont, entre autres, des initiatives qui pourront faciliter leur réinsertion socio-professionnelle. Cet administratif lance un appel pressant aux humanitaires et aux bienfaiteurs afin qu’ils puissent appuyer les pouvoirs publics pour assurer une bonne réinsertion sociocommunautaire en faveur de cette catégorie d’enfants.
Entre temps, la sécurité doit être renforcée pour empêcher ces enfants de commettre des atrocités auprès des citoyens paisibles. L’administration envisage aussi de les faire retourner dans leurs zones de provenance là où c’est possible.