Presque sur tous les postes-frontières des communes de la province de Cibitoke qui partagent la frontalière avec leur voisin du Nord, on note un flux des échanges commerciaux alors que les frontières entre le Burundi et le Rwanda sont fermées du côté burundais. Certains trafiquants clandestins sont déjà sous les verrous. Le gouverneur de cette province de l’Ouest du Burundi met en garde certains administratifs accusés de complicité.
Au niveau des collines Nyempundu, Nyamakarabo et Gitumba toutes de la commune Mugina dans la province de Cibitoke, le trafic clandestin est intense ces derniers temps.
Selon des informations recueillies sur place, de petits commerçants burundais aidés par les passeurs sur la rivière Ruhwa font traverser pendant la nuit des marchandises en direction des centres de négoce situés au Sud-Ouest du Rwanda. Les mêmes informations font savoir que plusieurs quantités de vivres constituées de manioc, de banane et de haricot passent par l’eau pour entrer au Rwanda.
D’autres articles comme les produits Brarudi : Amstel, Primus, Royal et Bock très prisés de l’autre côté de la Ruhwa traversent clandestinement et pendant la nuit les frontières. « Pour ne pas travailler à perte, nous préférons aller vendre nos marchandises au Rwanda où nous gagnons la vie mais c’est au risque de notre vie », nous déclare sans peur un des commerçants incarcérés au chef-lieu de la province de Cibitoke.
D’après ses dires, il a été arrêté à la suite des dénonciations de la part de certains jeunes du parti au pouvoir après avoir refusé de leur donner de l’argent.
Selon plusieurs sources concordantes, la fermeture des frontières bloque la circulation des biens et des personnes.
Toutefois, et dans ce contexte de tension diplomatique entre les deux nations sœurs de l’Afrique de l’Est, certains commerçants audacieux n’hésitent pas à prendre le risque. Tel est le cas d’une jeune femme habituée au commerce transfrontalier qui s’est confiée à nous. Cette maman de trois enfants parle d’une situation complexe pour les commerçants.
Elle fait savoir que pour survivre, certains commerçants sont obligés de travailler dans la clandestinité. « Nous n’avons pas de problèmes avec nos voisins rwandais. Alors, avec la complicité de certains administratifs et agents des forces de sécurité qui gardent la frontière, les marchandises rentrent facilement pour être commercialisées de l’autre côté de la frontière », martèle-t-elle avec sourire.
Certains administratifs dans l’œil du cyclone
La plupart des chefs de colline des communes Mugina, Mabayi, Rugombo et Bukinanyana qui partagent la frontière avec le Rwanda sont accusés de collaborer avec certains commerçants clandestins.
Lors d’une réunion tenue par le gouverneur de la province de Cibitoke, Carême Bizozan au milieu du mois en cours au chef-lieu de la commune Mugina et à l’intention des administratifs à la base, cette autorité a pointé du doigt certains chefs de colline qui collaborent étroitement avec les commerçants clandestins. Ces derniers bénéficieraient en effet de l’appui des administratifs pour faire entrer les marchandises au Rwanda. « Des sanctions sévères conformément à la loi seront appliquées à l’endroit des administratifs récalcitrants », a-t-il menacé.
Les chefs de colline présents dans la salle ont rejeté en bloc toutes ces accusations. Par l’entremise de l’un des administratifs à la base dans la commune Mabayi, ils évoquent plutôt le pouvoir limité qu’ils ont pour empêcher ce trafic clandestin. Souvent, ces commerçants clandestins parviennent même à tromper la vigilance des forces de l’ordre et de sécurité qui ne seraient pas non plus neutres dans ce genre d’affaires très lucratives qui impliquent également certains jeunes.
Abondant presque dans le même sens, un autre administratif à la base dans la commune Rugombo avance leur incapacité de faire face à ce trafic clandestin puisque des menaces de mort sont souvent proférées à l’endroit des administratifs à la base qui tentent de mener des actions allant dans le sens. « Nous demandons plutôt d’être soutenus pour empêcher ce genre de commerce illégal d’autant plus que les frontières sont fermées » conclut-il.