Dimanche 23 mars 2025

Société

Région Ouest/Cibitoke : Cinq orpailleurs tués dans une période ne dépassant pas un mois

22/03/2025 0
Région Ouest/Cibitoke : Cinq orpailleurs tués dans une période ne dépassant pas un mois
Un des orpailleurs blessé et retrouvé dans un trou de plusieurs mètres de profondeur au site minier de Gafumbegeti

Les victimes, sans matériel de protection, sont ensevelies à l’intérieur des trous après les éboulements de terrains. Les familles ne sont pas indemnisées. Les responsables des coopératives sont pointés du doigt au moment où l’administration reste presque passive.

Une hécatombe qui ne dit pas son nom. Cinq jeunes orpailleurs ont trouvé la mort et plusieurs autres blessés sur les collines Gafumbege et Rutorero de la commune Mabayi dans la province de Cibitoke depuis le début du mois de février.

Selon différentes sources concordantes, d’intenses pluies emportent des montagnes et les eaux de ruissellement causent d’énormes dégâts humains et matériels. Les orpailleurs sont ainsi surpris par des tas de boue et ensevelis à plusieurs mètres de profondeur. « Dans pas mal de cas, il est difficile de faire remonter au sol les corps qui sont alors abandonnés dans les trous pour éviter d’agrandir le nombre de victimes lors des opérations de secours », précise un rescapé des récents incidents de la colline Rutorero.

Les dégâts humains sont presque signalés dans les différents sites d’extraction des minerais d’or. Les informations collectées sur place font savoir que les incidents connaissent une allure exponentielle notamment au niveau de la colline Gafumbege située en pleine forêt naturelle de la Kibira. Les orpailleurs clandestins sont souvent victimes d’accidents mortels. Une source locale révèle que beaucoup de sites sont exploités illégalement et pendant la nuit. La même source révèle que les cadavres sont souvent sans identifications et ne sont même pas récupérés.

Absence de matériel de protection et d’assurance

Les causes des nombreux accidents mortels sont liées au manque de matériel usuel de travail qui garantit également la protection. Les orpailleurs ne sont pas dotés de bottes, de casques ni de gants. Ils n’ont pas non plus les appareils facilitant la respiration une fois à l’intérieur des trous de plusieurs mètres de profondeur ni de tenues adaptées pour ce genre de travail. Les ouvriers, souvent poussés par l’extrême pauvreté et le chômage prennent le risque de se lancer dans une telle aventure.

Ce qui est très déplorable selon un octogénaire qui vient de perdre son fils aîné sur le site de Gafumbege, est que les familles ne reçoivent pas les indemnisations de la part des sociétés qui détiennent la licence d’exploitation. Bien plus, les ouvriers ne sont pas soumis au régime d’assurance maladie. Même les blessés ne sont pas soignés.

Plus grave, connue-t-il, les survivants non couverts par l’assurance-accident se retrouvent dans un état d’infirmité. « Les handicapés ne disposent pas d’appareils orthopédiques de locomotion. Ils constituent ainsi un fardeau pour leurs familles », déplore- t-il amèrement en nous montrant un jeune papa de la colline Rutorero classé dans cette catégorie.
Coopératives et administration dans la ligne de mire

Devant une telle situation, différentes sources pointent du doigt les responsables des coopératives d’extraction minière. Elles font en effet savoir que les orpailleurs sont à la fois mal équipés et mal payés. Ces responsables sont accusés de placer les ouvriers dans de difficiles conditions de travail.

Face à toutes ces accusations, les gestionnaires des sociétés d’extraction des mines nient leurs responsabilités. Ils indiquent qu’il ne faut pas généraliser en faisant croire que certains orpailleurs sont déjà affiliés aux sociétés d’assurance. Pour eux, ceux qui ne le sont pas encore travaillent dans l’illégalité.

L’administration quant à elle indique avoir entamé des descentes de sensibilisation et de conscientisation sur l’orpaillage. Une autorité contactée localement admet que les droits des travailleurs doivent être privilégiés. Et de préciser que la sécurité et la protection sur les sites sont une condition sine qua non que les responsables des coopératives doivent respecter.

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