Les victimes sont dans la plupart des cas des vieillards. Les conflits fonciers et le règlement de compte en sont les principales causes. L’administration met en garde les auteurs mais personne n’est pour le moment poursuivi devant les instances judiciaires. Une situation qui irrite les défenseurs des droits de l’homme.
La dernière tuerie a emporté la vie d’un sexagénaire de la colline Nyamakarabo, commune Mugina dans la nuit du 25 au 26 mars. Le corps de la victime gisait dans un bain de sang à l’intérieur de sa maison. « Il s’agit d’une mort atroce car le corps de ce père de 8 enfants a été décapité à l’aide de la machette », témoigne un voisin qui a tenté de secourir le défunt mais sans succès.
Selon ses dires, des menaces de mort pesaient sur lui depuis trois mois et il se trouvait sur la liste des personnes accusées de sorcellerie.
Non loin de là, sur la colline voisine de Nyempundu, une autre personne d’âge avancé a été assassinée pour la même cause.
Selon différents témoignages recueillis sur place, un groupe d’hommes munis de machette et de gourdins a tendu une embuscade à la victime qui rentrait tard dans la nuit chez lui au milieu du mois de mars. « Les malfaiteurs l’ont ligoté avant de le tuer. Par après, ils l’ont décapité », ajoute un administratif à la base qui a requis l’anonymat, parlant d’une mort très atroce.
Dans la commune voisine de Rugombo, la troisième victime a été lâchement tuée.« La scène horrible s’est passée dans la nuit de vendredi à samedi, du 24 au 25 mars, sur la colline de Mparambo II », précise un des parentés de la victime.
Dans la même commune, une autre personne a été grièvement blessée après que sa maison a été brûlée avec tous les objets ménagers au tout début du mois en cours. Comme l’indique un de ses voisins, sa vie a été sauvée grâce à l’intervention de la police. Les personnes tuées sont dans l’ensemble accusées toutes de sorcellerie.
Des sanctions sévères seront appliquées
Toutefois, d’autres mobiles seraient derrières ces tueries. La recrudescence de la criminalité liée à la sorcellerie d’après les mêmes sources s’expliquerait par la jalousie et les litiges fonciers. « Un cas qui a attiré l’attention est celui de Nyamakarabo où la victime a été lâchement tuée après avoir gagné un procès qui l’opposait avec certains membres de sa famille ».
Dans d’autres circonstances, les victimes pourraient se retrouvaient du côté des gens qui ont une bonne situation économique et financière. « Très récemment, un quinquagénaire commerçant de la commune Mabayi a été victime d’une attaque à la grenade et il est mort sur place. Les informations reçues affirment que le défunt aurait lui aussi été accusé de sorcellerie avant d’être tué », explique un de ses cousins sous couvert d’anonymat.
Des croyances obscurantistes seraient également à l’origine de ces assassinats.
Des voix s’élèvent pour exiger l’arrêt immédiat de cette recrudescence de la criminalité qui vise des innocents. L’administration, à différents niveaux, compte effectuer des séances de sensibilisation pour tenter de mettre fin à cette situation. « Des sanctions très sévères seront appliquées conformément au code pénal avec la dernière énergie aux auteurs de ces crimes », explique un des administratifs au niveau provincial. Les défenseurs des droits de l’homme parlent de la violation massive des droits humains.
L’un d’eux dénonce l’impunité et l’inaction de la justice et de la police avant de demander à la population de ne pas se faire se justice, mais de mettre en avant le respect de la vie humaine.