Dans la ville de Gitega ainsi que ses alentours, les tenanciers des débits de boissons continuent de faire la sourde oreille et ne vendent pas au prix officiel. Ils brandissent des licences d’exploitation, vraies ou fausses, les autorisant à majorer les prix mais l’administration les rejette.
Jusqu’à nouvel ordre, dans la ville de Gitega et ses alentours, trois hôtels seulement sont aujourd’hui autorisés à majorer les prix des boissons Brarudi. Aucun autre bar, bar-restaurant, motel ou hôtel n’est autorisé à passer outre la décision du gouvernement de vendre au prix officiel. Et pourtant, beaucoup résistent encore à appliquer à la lettre cette décision de vendre au prix normal c’est -à- dire 2 500 FBu pour la Primus 72 cl et 3 500 FBu pour l’Amstel 65 cl.
Depuis deux semaines, l’administration et la police descendent sur le terrain. Elles font des rafles en vidant les stocks des boissons souvent cachés et en mettant la clé à la porte pour les vendeurs qui ne respectent pas la mesure.
Pour certains d’entre eux, ils brandissent des quittances octroyées par l’Office burundais des Recettes et continuent de faire comme avant. Interrogés, ils font semblant de n’être pas au courant des nouvelles mesures.
« Quand ils viendront, je sais qu’on finira par s’entendre car je n’ai aucun avertissement », indique un tenancier d’un motel au quartier Magarama. Il trouve que ce serait une injustice si par hasard on venait à fermer son établissement car il a payé pour le statut de VIP. A la question de savoir s’il n’est pas au courant que seuls trois hôtels de Gitega sont autorisés à majorer les prix, il feint d’appeler quelqu’un et démarre sa voiture.
Tandis que ce gérant souligne qu’il ne sait rien des nouvelles mesures et que personne n’est venue lui demander de se conformer à la décision, les autres le font sciemment. Ils avouent qu’ils effectuent des opérations kamikazes et qu’ils sont conscients de l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes.
« Rien à faire. Nous avons payé des millions et personne ne nous a jamais averti que ces quittances de l’OBR ne seront pas prises en compte. Si du jour au lendemain l’administration rend nuls nos statuts VIP qu’elle nous rembourse alors cet argent », rétorque un autre cabaretier de Shatanya. Et pour les autres plus récalcitrants, les nouvelles mesures n’ont aucune valeur. Elles ne resteront que de l’encre sur du papier. D’après eux, ils ont beaucoup vu, entendu et vécu.
C’est le même discours. L’important c’est de laisser le temps au temps. Quelques jours après, la situation se normalise.
« Le problème n’est pas la hausse des prix. La racine du mal est l’insuffisance des boissons Brarudi. C’est normal. Quand il y’a pénurie, il doit y avoir de la spéculation », a reconnu le prénommé Jean Claude, un propriétaire d’un bistrot déjà fermé.
Pourvu que ces efforts ne soient pas du feu de paille !
Pour la population de Gitega, les sentiments sont partagés sur la décision de fermer les bars et bistrots qui vendent les boissons de la Brarudi à des prix exorbitants. Selon les uns, la situation n’a fait que trop durer. Tout ce désordre a été fait au vu et au su de tout le monde.
« Si quelqu’un s’improvise dans le quartier, loue quatre pièces et demain décide que son bordelle acquiert un statut d’hôtel ou de bar VIP parce qu’il a payé un million de FBu, sans doute que les autres feront la même chose », souligne le prénommé Léopold, un habitant de Yoba. D’après lui, l’administration est responsable de ce qui arrive.
Elle aurait dû arrêter tout ça avant. Il fait savoir que ces soi-disant bars et hôtels VIP improvisés sont dans des quartiers où l’administration est présente mais négligente. Et pour les autres qui acclament ces mesures administratives, ils demandent plus d’efforts et de vigilance combinés de la part de la population et de l’administration. Ils reconnaissent que cette dernière a été défaillante mais aussi que la population a été complice.
« Pourvu que ce ne soit pas du feu de paille ! Que les fautifs soient punis exemplairement et interdits de recommencer à voler la population », insiste la prénommée Louise de Karera.
De l’empressement
Au ministère du Commerce, du Transport et de l’Industrie à Gitega, on ne mache pas les mots. Beaucoup de propriétaires des débits de boissons, motels, hôtels et maisons de passage se sont empressés d’aller directement à l’OBR sans passer préalablement par le ministère de tutelle. Les montants à payer devaient dépendre des investissements injectés dans son business et de la qualité des services que le bar ou l’hôtel en question offre aux clients. Ce qui signifie que cette majoration doit se référer aux normes et aux services que l’établissement propose.
« Ils ont brulé les étapes. Ils devaient d’abord passer chez nous et adresser une lettre de demande au ministre du Commerce, du Transport et de l’Industrie. C’est après la réponse et l’inspection sur le terrain qu’ils allaient être autorisés de payer telle ou telle somme. Ils peuvent être versés dans les catégories A, B, C ou nulle part », indique Dieudonné Nzohabonbayo, antenne Gitega. Il fait savoir que l’argent versé par ces tenanciers ne sera pas remboursé car ils ont agi sans aucune règle ni autorisation.
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