Dans la ville de la nouvelle capitale politique du Burundi, les maisons à louer ne sont pas très nombreuses dans différents quartiers. Les locataires éprouvent de plus en plus des difficultés devant les propriétaires gourmands qui exigent des sommes faramineuses.
Aujourd’hui, avec la rareté des maisons à louer dans la ville de Gitega, surtout au centre-ville, la pratique de payer une avance de 2 ou 3 mois sur le loyer n’est plus utilisée par beaucoup. Une nouvelle tactique bien huilée et plus rentable pour les propriétaires a en effet été élaborée. Selon plusieurs locataires interrogés dans différents quartiers de la ville de Gitega, il faut se munir d’une somme d’argent équivalent à un loyer de six mois ou d’une année et non les avances de deux ou trois mois.
En ce qui concerne le non-respect des contrats des locataires, les propriétaires soutiennent que le paiement d’un loyer pour une année ou six mois est une garantie pour empêcher ceux qui tenteraient d’occuper une maison et de partir avec des dettes de loyers. Beaucoup soutiennent que c’est la manière la plus efficace pour se protéger contre les impayés. Ils expliquent qu’il arrive qu’un commerçant prend une maison et au bout de cinq mois il tombe en faillite. Partant, il se retrouve dans l’incapacité de payer. Dans ce cas, c’est le propriétaire qui n’est pas en sécurité.
« Si le locataire s’engage à payer une année, il renouvelle le contrat après les douze mois sans prétendre qu’il a une avance de deux mois chez toi. Bien plus, quand la situation change, tu juges s’il est nécessaire de hausser le loyer à ta guise. C’est plus pratique et sans bavure », a confié le prénommé Anastase, un propriétaire d’une maison qu’il loue à des commerçants au centre-ville de Gitega.
Tout dépend de l’utilisation
« Tout dépend de l’utilisation de la maison en question. Si c’est à usage commercial par exemple, le locataire ne va pas être tout le temps tranquille. Le propriétaire peut en effet doubler le loyer à deux reprises pendant une seule année. Il suffit qu’un nouveau bon payeur se présente », raconte le prénommé Nestor, un commerçant du centre-ville de Gitega.
Il témoigne qu’il a eu la malchance de voir son ancien bailleur vendre sa parcelle à un autre. Partant, la situation a tout de suite changé avec l’arrivée du nouveau propriétaire. Ce dernier a exigé que le prix du loyer soit multiplié par deux. Cela est à prendre ou à laisser.
« Avant, je payais 400 000 FBu par mois. Mais, aujourd’hui le nouveau bailleur m’a exigé de payer 1000 000 FBu ou de partir », déplore-t-il.
Lui et ses autres colocataires n’avaient pas d’autres choix. Ils ont accepté à contre cœur tout en espérant trouver au plus vite une autre maison. Malheureusement, ils ont vite déchanté en découvrant que toutes les maisons à usage commercial au centre-ville de Gitega étaient occupées.
« Telle est la situation d’aujourd’hui. Tout est cher, surtout le loyer. Les commerçants doivent se resigner ou partir. C’est un combat de tous les jours. Il y’a ceux qui viennent des autres provinces avec beaucoup d’argent. Ils n’hésitent même pas à te proposer une certaine somme pour que tu puisses déguerpir », a-t-il déploré. Tous les jours, ils restent sur le qui-vive car ceux qui cherchent à tout prix les parcelles bâties à acheter rodent pour sauter sur la première occasion qui se présente.
A Gitega, beaucoup croyaient que la course vers les propriétés situées au centre-ville s’était arrêtée avec le changement des billets de 10 000 FBu quand on racontait que ceux qui avaient caché des sacs d’argent chez eux cherchaient à acheter des parcelles à n’importe quel prix pour écouler vite ces montagnes qui commençaient à être gênants. Malheureusement la donne n’a pas changé après.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres
Il s’observe aujourd’hui que beaucoup de personnes en provenance de plusieurs coins du pays viennent et cherchent à s’installer à Gitega. Ils viennent notamment de Ruyigi, Kayanza et Bujumbura pour acheter des parcelles à Gitega. Pour convaincre les propriétaires les plus réticents, ils ne lésinent pas sur leurs moyens. Un ou deux milliards de francs burundais ne leur font plus peur à payer.
Souvent, le propriétaire fini par céder. Les quartiers plus proches du centre-ville comme Nyamugari, Magarama, Shatanya sont les plus recherchés. Les locataires vivent constamment la peur au ventre à l’idée d’être expulsés au moment où les propriétaires tournent les pouces en attendant un bon payeur.
La seule solution est de vendre
« Tout le monde est vendeur. On ne refuse pas l’argent surtout si c’est un bon prix. Qu’ils viennent et la suite on va gérer dans la famille. Nous allons acheter ailleurs », affirme un prénommé Saidi propriétaire d’une parcelle au quartier Nyamugari.
Il fait remarquer que les anciens quartiers sont vieux et que la plupart des natifs n’ont pas l’argent nécessaire pour reconstruire leurs maisons. Il estime donc que la seule solution est de vendre. Il indique en outre que dans la plupart des cas, ces propriétés sont familiales. La prise de décision doit ainsi impliquer toute la famille.