Lundi 20 janvier 2025

Société

Région Centre/Ville de Gitega : Indignation face à l’état des routes dans les quartiers

Région Centre/Ville de Gitega : Indignation face à l’état des routes dans les quartiers
Vue partielle du quartier Karera II

Une dizaine d’année après les contributions presque forcées pour le pavage des routes des quartiers de la ville de Gitega, aucune réalisation notable ne s’observe. Les habitants, lassés de l’inaction, dénoncent un présumé détournement des fonds collectés et réclament justice. Un véritable calvaire au quotidien

Des routes boueuses par-ci, d’autres crevassées et défoncées ensuite remplies d’eau sale, par-là. C’est malheureusement cette image déplorable que présente l’ensemble de la ville de la capitale politique.

Dans les quartiers, les routes se transforment en de véritables pièges. De la boue collante pendant la saison des pluies à la poussière étouffante pendant la sécheresse, le réseau routier reflète un abandon à peine croyable.

A chaque saison des pluies, la colère gronde dans la population à la suite de la boue et des flaques d’eau qui obstruent les routes. C’est en évitant de tomber dans les flaques d’eau ou quand un chauffard les éclabousse que les passants se souviennent des frais de contribution qu’ils ont payés manu militari il y’ a des années.

Pour beaucoup, les mots de Denise Hakizimana, mère de famille vivant dans le quartier Karera, résonnent comme une triste réalité : « Quand mon fils de 16 ans est tombé gravement malade l’année dernière, aucune voiture n’a voulu accéder à notre rue. J’ai dû le porter sur mon dos jusqu’à la route principale. Heureusement qu’il a survécu, mais combien d’autres ne survivent pas ? »

Cette histoire n’est qu’un exemple parmi d’autres difficultés quotidiennes vécues par les habitants des quartiers de la ville de Gitega. L’indignation populaire trouve son origine dans une promesse faite et des fonds collectés mais sans résultats palpables. Il y a plus de dix ans, les autorités locales avaient en effet décidé de financer le pavage des routes à travers une contribution citoyenne obligatoire. Selon plusieurs habitants, cette taxe, bien que controversée, avait été payée par un grand nombre de gens de Gitega.

Bruce Nduwayo, un propriétaire de voiture de luxe, ne cache pas son indignation face à cette situation : « Nous avons été forcés de payer une somme importante pour un projet que personne ne voit pas aujourd’hui. Si cet argent a été détourné, les autorités nous doivent des explications et surtout des actions rapides »

D’après la population de Gitega, le projet de pavage des routes est devenu une chimère. Si le titre de capitale politique confère à Gitega une importance symbolique, il ne suffit pas pour faire oublier la réalité des infrastructures inexistantes. L’administration est aujourd’hui face à un choix crucial : honorer les promesses faites ou affronter la colère d’une population qui a déjà trop attendu.

« Gitega mérite mieux. Ce n’est pas juste une capitale politique, c’est chez nous. Et chez nous, on ne devrait pas laisser nos routes se détruire », conclut Denis Habonimana, un habitant déçu.

Des conséquences économiques alarmantes

Au regard de l’état des routes de Gitega, la gestion publique est remise en question. Pour les traverser ou y passer, les véhicules, tout comme les piétons, éprouvent d’énormes difficultés. A l’intérieur des quartiers par exemple, seuls les conducteurs-cascadeurs ou encore des propriétaires de véhicules qui veulent abimer leurs engins osent circuler sur ces artères dégradées.

Selon un transporteur, l’état calamiteux des routes affecte gravement le développement économique de la ville. Il empêche toute initiative de transport interurbain. Ce qui gène la mobilité entre les quartiers. Les transporteurs semblent découragés à l’idée d’investir dans les bus de transport en commun à Gitega.

« Qui pourait amener son véhicule dans les quartiers où il est presque impossible de rouler », déplore le prénommé Mossi, un transporteur de Gitega. Pour beaucoup, parler de capitale politique est un slogan. Il fallait d’abord commencer par les routes et le transport dans les quartiers. Par ailleurs, même les propriétaires des maisons affirment que l’argent investi dans la construction dans certains quartiers est synonyme d’argent jeté par la fenêtre.

« Imaginer une maison construite à plus de 100 millions mais qui ne peut pas être louée à plus de 100 mille par mois à cause de l’enclavement », s’indigne Jean Berchmans de Karera II tout en prônant une révision de l’utilisation des fonds publics. Et pour les autres, l’instauration d’un audit public indépendant pour évaluer l’utilisation des fonds collectés pour le pavage pourrait rétablir la confiance entre l’administration et la population.

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