Vendredi 15 novembre 2024

Société

Région Centre/Ville de Gitega : De jeunes filles brisent le tabou

04/03/2024 Commentaires fermés sur Région Centre/Ville de Gitega : De jeunes filles brisent le tabou
Région Centre/Ville de Gitega : De jeunes filles brisent le tabou
Après les cours, certaines de ces étudiantes vont servir dans des bistrots ou des hôtels

Après les cours, de nombreuses élèves du post-fondamental et étudiantes effectuent le travail de serveuses dans des bistrots et hôtels de la ville de Gitega. Certaines parmi ces jeunes filles indiquent qu’elles doivent repousser les avances des hommes qui les confondent avec les filles de joie.

Certaines jeunes filles rencontrées sont du post fondamental et bachelières. La plupart d’entre elles viennent des autres provinces et n’ont pas de moyens suffisants pour payer leurs études.

Dans la ville de Gitega, les opportunités d’emploi sont limitées et souvent dominées par les hommes. Les stéréotypes liés au genre et les préjugés persistent. Ce qui incite les employeurs à ne pas utiliser la fille et la femme dans des activités rémunérées. Sur le terrain, elles sont confrontées à des défis économiques et sociaux assez considérables.

Alors, pour financer leurs études et pouvoir vivre dans la ville de Gitega, nos interlocutrices disent qu’elles cherchent des emplois partiels notamment comme des serveuses dans les hôtels et les bistrots.

Beaucoup parmi elles affirment qu’elles sont confrontées à plusieurs défis. Il s’agit notamment de certains hommes qui les considèrent comme des filles faciles pour assouvir leurs besoins sexuels. Certaines femmes prennent ces jeunes filles pour leurs rivales.

« C’est un travail facile à avoir mais il est très exigeant. Il ne faut pas avoir une mine sévère ni être impolie dans les réponses que tu donnes aux clients. Le patron ou la patronne compte souvent sur ces belles et jeunes filles pour attirer la clientèle », témoigne une prénommée Albertine serveuse dans l’un des cabarets du centre-ville de Gitega.

Les tous premiers jours quand elle a commencé ce travail, elle était frustrée et elle a tenté de jeter l’éponge. Avec le temps et grâce aux conseils des autres, elle a pu résister si bien qu’aujourd’hui elle est comptée parmi les meilleurs travailleurs de cet établissement.

« Les clients, mes collègues et mon patron admirent le travail que je fais. Ce qui a contribué dans l’augmentation de mon salaire », se réjouit-elle. D’après cette étudiante en hautes études commerciales, il fallait briser les barrières sinon elle allait abandonner ses études par manque d’argent.

Dans cette quête d’autonomisation financière, le calvaire ne s’arrête pas sur le lieu de travail. Les problèmes poursuivent ces jeunes filles jusque-là où elles habitent.

Beaucoup de propriétaires de maisons n’acceptent pas de faire louer leurs maisons à de jeunes filles célibataires comme c’est le cas pour ces serveuses. Les épouses redoutent qu’elles n’attirent leurs maris.
« Tu dois toujours être sur tes gardes car il suffit que le mari se familiarise avec toi et tu es chassée manu militari », déplore une prénommée Angélique.

Reconnaitre la valeur et le potentiel de la femme

Comme beaucoup d’entre elles l’expliquent, l’accès à l’éducation est un facteur déterminant pour l’autonomisation des femmes à Gitega. Sans éducation formelle, les opportunités d’emploi décent et bien rémunéré deviennent minimes. Ce qui perpétue ainsi le phénomène de dépendance économique chez les jeunes filles et chez les femmes.

« Quand une fille quitte le toit parental sans aller se marier, on dirait que c’est un sacrilège. Tout le monde la juge de rebelle ou de sans éducation. La dépendance économique des femmes a des conséquences néfastes sur notre bien-être et notre autonomie », avance la prénommée Clémentine qui travaille dans un bistrot à Magarama.

Elle fait remarquer que beaucoup de jeunes filles et de femmes se retrouvent dans des situations de vulnérabilité puisqu’elles dépendent financièrement de leurs proches ou de leurs conjoints.

Elles n’ont pas en effet de contrôle sur leurs propres ressources. Cela limite leur capacité à prendre des décisions autonomes et à s’engager pleinement dans la vie économique et sociale de la communauté.

Elle plaide pour que la société burundaise en général et en particulier les communautés de Gitega, puissent reconnaitre la valeur et le potentiel des femmes et des filles. Briser les barrières socio-culturelles et économiques qui les maintiennent dans la dépendance est un impératif moral et économique.

Quant à la prénommée Lydia, elle souligne que malgré ces défis, il y a de l’espoir. Et pour preuve, de plus en plus de femmes à Gitega prennent conscience de leur potentiel et cherchent des moyens de surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin. Des initiatives locales visant à promouvoir l’éducation des filles et à renforcer les compétences professionnelles des femmes commencent également à émerger.

Elle pense que le moment viendra où une voie sera ouverte à toutes les femmes de Gitega afin de leur permettre de bien exploiter leurs nombreux potentiels et ainsi contribuer au développement durable de leur communauté

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