Jeudi 21 novembre 2024

Société

Région Centre/Saison culturale A : Elle s’annonce très mouvementée chez les agriculteurs

Région Centre/Saison culturale A : Elle s’annonce très mouvementée chez les agriculteurs
Gervais Ndirakobuca : « Si quelqu’un a tout payé pour avoir des engrais et des semences, il doit impérativement être servi et à temps ! »

Les intervenants dans le secteur agricole et les administratifs affirment que les intrants agricoles peinent à arriver sur le terrain à travers tout le pays. L’usine Fomi promet de résoudre rapidement le problème tandis que le Premier ministre exige que tout soit fait pour que les agriculteurs ne soient pas victimes de l’incompétence des uns et des autres.

Partout au Burundi, dans les stocks des Directions provinciales de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, les semences et les engrais de l’usine Fertilisants agro-minéraux, Fomi, sont insuffisants. D’après les directeurs, les engrais comme l’urée, imbura et bagara peuvent attendre.

Mais, ce qui est insupportable, c’est le retard déjà enregistré dans l’obtention de dolomie pour chauler les champs déjà labourés. Le comble de malheur est que cet intrant agricole est utilisé au moins un mois avec la semi. Ce qui complique énormément la tâche aux agriculteurs qui en ont besoin pour la saison culturale A.

« Nous avons souvent indiqué aux agriculteurs que la dolomie est indispensable pour une bonne production agricole. Mais, comment allons-nous aujourd’hui expliquer qu’elle n’est pas disponible alors qu’ils ont déjà payé leur argent », s’interroge le directeur provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage à Karusi. Il fait savoir que sur 2 004 tonnes commandées, aucun gramme n’est disponible dans les stocks.

Il reconnaît que l’urée et bagara manquent sur le terrain et que surtout l’absence de dolomie va causer des pertes insupportables au niveau de la production pour la saison culturale en cours.

Il souligne que les fournisseurs prennent comme prétexte le manque de carburant alors que ce retard est devenu une habitude chez eux. C’est le même sentiment de désolation chez le directeur provincial de Bujumbura. Il trouve que cet alibi des fournisseurs n’a pas de sens dans la mesure où l’usine Fomi qui se trouve à Bujumbura est incapable de fournir même ceux qui sont proches du lieu de fabrication.

« Logiquement, la province de Bujumbura serait la première à être servie. Mais, que ce soit pour le cas de imbura, bagara, urée ou dolomie, nous sommes les plus défavorisés en matière de fourniture de Fomi. Si c’était à cause du carburant, nous aurions pu être servis les premiers car Bujumbura est plus proche de Fomi que Makamba ou Cankuzo », a-t-il déploré.

Lors d’une réunion des intervenants dans le secteur agricole et des administratifs à la base tenue à Gitega le 10 septembre 2024, on a pu constater que le secteur agricole est confronté à des défis liés à la faible disponibilité des semences sélectionnées et des engrais organiques et minéraux.

Ce qui, à la longue, va entraver la croissance et la productivité du secteur. Dans un pays en voie de développement comme le Burundi, l’accès limité aux intrants tels que les engrais et les semences est en effet l’un des obstacles à l’augmentation des rendements dans le secteur agricole.

L’espoir est de mise

Pour Prosper Dodiko, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, il y’a de l’espoir dans la livraison cette année de ces intrants agricoles si on compare les saisons culturales précédentes.

« Ce qui m’inquiète beaucoup, ce sont les semences. C’est une question de souveraineté nationale et c’est pour cela que tous ceux qui sont impliqués dans le secteur agricole doivent activement travailler dans la multiplication des semences. » Il fait savoir qu’il est en contact permanent avec les responsables de l’usine de fabrication des engrais organo-minéraux pour doubler la cadence de production et de livraison. Parlant des retards de la dolomie, il explique qu’il ne faut pas beaucoup s’inquiéter car le chaulage d’entretien peut durer dans les champs et ses effets peuvent être efficaces pendant deux saisons.

« Qu’il n’y ait pas quelqu’un qui dise qu’il ne faut pas chauler le champ parce que la dolomie est venue tardivement. Faites-le même si nous le savons tous que les effets sur la production ne seront pas les mêmes. Ces saisons ont connu beaucoup de contraintes. L’important n’est pas de s’accuser mutuellement. Avançons même en patinant pour atteindre notre objectif !», a-t-il appelé.

Quant au directeur général adjoint de Fomi, il affirme que tout est sous contrôle. Et pour le Premier ministre, Gervais Ndirakobuca qui pilotait la réunion du 10 septembre « garder espoir c’est bien. Mais que cela ne soit pas un prétexte pour que chacun ne s’occupe pas convenablement de ce qui lui est assigné ». Il indique que le secteur agricole joue un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté et dans l’amélioration du niveau de vie de nombreux ménages, en particulier dans les zones rurales.

« Si quelqu’un a tout payé pour avoir des engrais et des semences, il doit impérativement être servi et à temps. L’utilisation limitée des intrants agricoles a de nombreuses conséquences néfastes. Elle conduit notamment à une faible productivité agricole. Ce qui limite les revenus et les moyens de subsistance des agriculteurs », a fait observer Gervais Ndirakobuca.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Angelo BARAMPAMA

    Très intéressant !
    Mais que fait-on des solutions alternatives ?
    Les monopoles et toutes autres formes d’uniformisation ne peuvent conduire qu’à l’étouffement des alternatives possibles, la stérilisation et l’appauvrissement du pays à moyen et long terme !

  2. Gipfunsi

    Semences améliorées manquantes, engrais indisponibles .
    Cerises sur le gateau; les paysans avancent/financent des fonds à la mutinationale FOMI, à la place des banques.
    Dans quel pays sommes nous?
    Le problème d’engrais non disponibilisés à temps est récurent.
    Pourtant l’usine FOMI a le monopole de la vente des engrais. Il a même crée des usines en Tanzanie.
    Dites moi, la Tanzanie irabemerera gukora dans la même incompétence nk I Burundi?
    Kari akabazo😬😮‍💨😬

    • Rugomboka Alphonse

      oya.i Burundi nta devise bafise pour commander

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Refondation du Frodebu. Du pain sur la planche

« Dans le cadre de la réconciliation du Frodebu avec lui-même, les présidents des partis Sahwanya-Frodebu d’une part et, Sahwanya-Frodebu Nyakuri iragi rya Ndadaye d’autre part, se conviennent désormais sur un Frodebu uni. Les deux leaders se conviennent également pour (…)

Online Users

Total 1 893 users online