Plus de 500 ménages de la colline Rugari-Gitamo en commune Gitega ont cotisé afin d’acheter des matériaux pour se faire reconstruire une borne fontaine détruite. Leur seul but était d’obtenir l’eau potable. A leur grand désarroi, le chef de colline leur a intimé l’ordre d’arrêter les travaux. Devant cette attitude, la population parle d’une attitude politicienne.
Sur la colline Rugari-Gitamo, la bataille est rude pour obtenir de l’eau. Le soir venant, les femmes et les enfants pressent autour d’un petit point d’eau et c’est le plus fort qui parvient à remplir un bidon de 20 l. Les vieux et les moins forts se ravitaillent dans une flaque d’eau boueuse, où, il y’a deux mois, était érigée une borne fontaine à fort débit.
Dans cette contrée de la commune Gitega en zone rurale, la population pensait trouver une solution ingénieuse et rapide avec ses propres ressources.
Sans contrainte, et comme un seul homme, selon des sources sur place, chaque ménage cotisait volontairement un billet de 1000 FBu pour reconstruire cette source d’eau potable afin d’alléger le fardeau des femmes et des enfants. Malheureusement, leur rêve s’est brisé net lorsque leur chef de colline est intervenu pour faire avorter le projet. Motif: seule la commune a la prérogative d’initier de tels travaux. Pire encore, il accuse ces citoyens de rébellion.
Aujourd’hui, la colère est grande chez cette population qui ne sait plus à quel saint se vouer. Les deux parties s’accusent mutuellement. Au moment où l’une des parties est taxée de rébellion et d’insoumission, l’autre est accusée d’utiliser l’eau potable comme une arme politique.
« Nous voulons juste de l’eau potable, pas de propagande politique. Pourquoi nous empêcher de nous reconstruire cette borne fontaine alors que nous avons des moyens et de l’envie. Je me demande si c’était sa famille qui boit cette saleté il aurait agi de la sorte », déplore Consolate Nshimirimana.
D’après cette mère de famille, le comportement de ce chef de colline est incompréhensible dans la mesure où même le gouvernement encourage la population à prendre des initiatives pour le développement local. Elle affirme en outre que pour le cas d’espèce, c’est du sabotage pur et simple. Il devait plutôt leur emboiter le pas.
Avec un bidon et un gobelet, Fatima Nizigiyimana, 67 ans, raconte son désarroi. Selon cette vieille dame, il doit y avoir une anguille sous roche.
« Nous avons cotisé volontairement avec le peu de moyens que nous avons. L’eau, c’est la vie. Mais, maintenant, on nous dit qu’on est des rebelles juste parce qu’on veut boire de l’eau propre » Confuse et en colère, elle explose: « Si nos enfants tombent malades, qui viendra nous aider? Le chef de colline ? La commune? Il ne se soucie pas de nous parce qu’il a un robinet chez lui. Sa femme et ses enfants n’ont jamais gouté à ces saletés !»
Au-delà de l’eau
Devant ce refus du chef de colline, les habitants commencent à douter s’il s’agit d’un simple fait du hasard surtout que la période électorale approche. Ils dénoncent une instrumentalisation politique de leur souffrance. Pour eux, le refus du chef de colline ne repose sur aucune base légale mais sur des calculs électoralaristes. Ils indiquent que les élections approchent à grands pas. Chaque action peut donc être perçue comme une manœuvre politique.
A quelques mètres du groupe, Nathanaël Niragira, un vieux du village, secoue la tête :« Cette histoire, c’est de la politique. La majorité des ménages de notre sous colline est taxée, à tort ou à raison, d’appartenir à l’opposition. Mais, il se trompe beaucoup. Nous sommes unis pour cette cause. Il ne sait pas que même ceux du parti au pouvoir ont donné volontairement leurs contributions car tout le monde a besoin de l’eau propre »
Et à Michel Ngenzebuhoro d’ajouter. « Refuser à la population un accès à l’eau juste pour des intérêts partisans, c’est jouer avec leur vie. Ce genre de tensions renforcent la méfiance envers l’administration locale et peuvent attiser la colère. »
L’administration locale balaie d’un revers de main toutes ces allégations. Pour le chef de colline, cette population a dépassé ses prérogatives. La construction des bornes fontaines incombe à la commune Gitega et non aux individus isolés. Il fait en outre savoir qu’ils ont pris cette initiative sans aviser l’administration.
« En collectant l’argent sans mon autorisation, je le considère comme du banditisme et de l’insoumission. J’ai déjà adressé le rapport y relatif à la commune et l’administrateur a déjà donné son accord pour la construction. Je ne vois pas alors aucune raison de se presser dans la mesure où même le coût des travaux a été fixé », charge Fiacre Tangishaka, le chef de la colline point d’eau.
Même son de cloche chez le chef de la zone Gitega rural. D’après lui, la commune a déjà fait l’inventaire de toutes les bornes fontaines à construire dans la commune Gitega et celle de Rugari-Gitamo figure sur la liste. Il estime que l’initiative de cette population est louable mais qu’il faut attendre le début des travaux qui commencent bientôt.
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