Entre réglementations rigides et réalités économiques, les transporteurs reliant Gitega à Ngozi tirent la sonnette d’alarme. La hausse des coûts de transport combinée à des amendes jugées injustes, plonge le secteur du transport dans une impasse avec des conséquences qui pourraient s’étendre bien au-delà des autres routes cruciales.
La tension monte sur l’axe Ngozi-Gitega entre les transporteurs et la police avec la grève des transporteurs de lundi dernier qui a laissé des voyageurs sans solutions. Les transporteurs, via des taxi-voiture communément appelés probox ont suspendu leur travail en signe de protestation contre les amendes de la police pour avoir dépassé le nombre de passagers.
Ils qualifient ces amendes d’excessives. Cette situation a provoqué des désagréments pour de nombreux usagers accentuant les tensions au sein du secteur de transport. D’habitude très animé, le parking Gitega- Ngozi était désert le lundi 20 janvier 2025. Les voyageurs se demandaient ce qui se passait alors que, la veille, la situation était normale.
Ce n’est que vers 7 h du matin que des informations sur la grève des transporteurs Ngozi-Gitega ont commencé à circuler sur WhatsApp. Pour beaucoup, cet acte des transporteurs risque de s’étendre sur d’autres parkings si rien n’est fait rapidement.
« Parfois il faut accepter de négocier au lieu d’imposer des mesures insensées. Comment vouloir maintenir les prix officiels alors que beaucoup de transporteurs ne travaillent qu’une fois par semaine », indique le prénommé Jean-Claude, un voyageur rencontré sur le parking de Zege. Il estime qu’il est inutile de continuer de donner de faux espoirs dans la mesure où le nœud du problème est connu par tous.
Ce quinquagénaire trouve que pour le moment, la solution n’est pas de contrôler les prix de transport alors que les carburants manquent. Il note en outre que la grève risque d’envenimer encore davantage la situation qui est déjà alarmante.
« S’il y a des carburants, ces prix ne posent pas de problème. Mais, comme les transporteurs se débrouillent comme ils peuvent, je pense qu’il serait difficile de les contraindre à rester sur les mêmes standards », souligne Céline Niyibitanga, une commerçante. Comme tous les autres voyageurs qui ont été obligés de rebrousser chemin à cause de la grève, elle trouve que l’instauration d’un dialogue entre toutes les parties concernées permettrait de décrisper le climat social et de désamorcer une crise qui menace le bon fonctionnement du secteur des transports.
« Personne n’est contente que le prix soit relevé mais, dans ces conditions difficiles, vaut mieux que le ticket soit cher au lieu d’arrêter tout », souligne Bernadette Butoyi, une fonctionnaire qui emprunte chaque jour la route Gitega- Bugendana.
Risque de paralysie
Pour beaucoup, le spectre d’une grève généralisée et longue plane. Si aucun compromis n’est trouvé, la tension pourrait s’accentuer et entraîner une paralysie économique plus importante. Pour les transporteurs, ces tarifs sont loin d’être viables face à l’explosion des coûts de la vie.
Selon quelques indiscrétions dans le milieu des transporteurs, l’acte de ce lundi n’était qu’un avertissement. Si ceux de Ngozi ont commencé, rien n’exclut que leurs collègues des autres parkings puissent leur emboiter le pas et réclamer tous ensemble.
« Nous ne gagnons plus rien. Tout est très cher : les carburants, les pièces de rechange, même les taxes. Mais, on nous force de pratiquer des prix qui datent d’une autre époque », fait observer le prénommé Laurent, un chauffeur sur la ligne Ngozi-Gitega, visiblement à bout de souffle.
« Ils nous imposent des amendes comme si nous faisions de l’argent facilement. La plupart de mes collègues ont déjà envisagé de vendre leurs véhicules », a ajouté un autre chauffeur prénommé Shabani.
Selon les chauffeurs, le prix d’un litre d’essence via des circuits informels oscille entre 15 000 et 20 000 FBu. À cela s’ajoutent les charges croissantes liées à l’entretien des véhicules. Ces coûts poussent de nombreux transporteurs à augmenter discrètement le tarif des trajets. Une pratique surveillée de près par la police de roulage qui inflige des amendes parfois exorbitantes.
« Hier, j’ai été contraint de payer une amende de 500 000 FBu. C’est presque tout ce que j’ai gagné en une semaine », se plaint le prénommé Donatien, un autre transporteur. Pour lui, cette situation est devenue intenable.
Immobilisme
Malgré les cris de détresse de la part des transporteurs, les autorités campent sur leurs positions. La police et l’administration rappellent que le respect de la loi est essentiel.
Certains observateurs critiquent l’immobilisme des autorités face aux problèmes de fond, notamment le manque des carburants et la flambée des prix de tous les produits.
Selon eux, plusieurs pistes de solution pourraient aider à calmer les esprits. Ils parlent notamment d’un dialogue inclusif entre transporteurs, autorités et représentants des usagers pour arrêter des tarifs ajustés ; une étude sur la possibilité d’une réduction des taxes sur les véhicules de transport pour offrir un répit aux opérateurs.
En attendant, le quotidien des transporteurs et des passagers reste problématique. Tous espèrent une issue favorable avant que la situation ne dégénère davantage.
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