Commencé comme des cas isolés, le vol des compteurs d’eau dans la ville de Gitega a pris un élan très inquiétant dans les ménages. Au cours des deux dernières semaines seulement, une centaine de ces instruments de comptage d’eau a été volée. La Regideso reste presque muette. Ce qui augmente encore plus les soupçons de collusion.
Hier considérés comme invendables et sans valeur marchande en dehors de la Régie de distribution d’eau et d’électricité, les compteurs d’eau sont devenus aujourd’hui la cible principale des voleurs. Chaque nuit, plusieurs habitants des quartiers de la ville de Gitega en paient les frais. Des individus dévissent en effet leurs compteurs et repartent ni vus ni connus.
Les quartiers les plus touchés s’appellent Shatanya, Magarama et Yoba où pendant une seule semaine plus de cinquante compteurs ont été volés sans laisser aucune trace.
Pour beaucoup de victimes, sans doute que les voleurs ont trouvé un marché plus lucratif et bien organisé pour écouler leur butin. Bien que les voleurs n’aient pas encore été identifiés, les soupçons se multiplient quant à une éventuelle complicité entre les malfaiteurs et certains techniciens de la Regideso. Selon eux, il n’est pas normal que ces voleurs s’acharnent sur les compteurs d’eau alors que seule la Regideso a le monopole de les vendre et de les installer.
Ils indiquent qu’il est grand temps de réagir pour enlever toute équivoque. Surtout qu’aucune enquête approfondie n’a jusqu’aujourd’hui été menée pour identifier et arrêter les coupables.
« Depuis des années, les commandes se font seulement à la Regideso et on nous affirme que ce matériel est sa propriété exclusive. Si alors aujourd’hui on demande où vont ces compteurs volés ou à quoi servent-ils, personne ne veut nous répondre », s’inquiète le prénommé Salvator du quartier Yoba. D’après lui, seule cette société publique doit répondre à cette question et trouver un moyen efficace pour la protection de ce matériel.
Salvator n’est pas la seule personne à s’interroger sur la finalité de ces compteurs arrachés dans les ménages de la ville de Gitega. D’autres pensent en effet que les compteurs volés sont vendus dans un marché parallèle à l’étranger. « Ce n’est pas possible que ces vols se produisent aussi fréquemment sans que personne ne soit au courant. Peut-être que les agents de la Regideso qui installent ou réparent ces compteurs sont les mêmes qui les volent », confie un autre résident sous couvert d’anonymat.
« Elle a le pouvoir et tous les moyens pour mener des enquêtes et savoir ce qui se passe réellement aujourd’hui. Ce phénome nous semble nouveau et il est inquiétant. La Regideso reste muette alors que nous succombons à ce banditisme qui est devenu fréquent », commente en outre la prénommée Sylvie une habitante de Magarama. Cette dame qui en a été victime trouve qu’avec ces vols, la sécurité des habitants est compromise et que beaucoup de familles se retrouvent sans eau. Malheureusement, les familles victimes risquent de passer plusieurs jours voire plusieurs semaines sans eau puisque la Regideso n’a pas de compteurs d’eau dans ses stocks pour remplacer ceux qui ont été volés.
Des dépenses inattendues.
Pour l’instant, les victimes se retrouvent seules face à une double peine : payer d’autres frais pour remplacer leurs compteurs tout en continuant à payer leurs factures d’eau mensuelles.
Or, remplacer un compteur d’eau coûte environ 170 000 FBu, un montant assez important pour une population qui peine déjà à joindre les deux bouts du mois. Pour de nombreux ménages, cette somme représente une grande part du budget familial qui peut être utilisé à d’autres besoins essentiels tels que la nourriture, l’éducation ou les soins de santé. La population demande alors à la Regideso de mettre en place des mesures de sécurité tels que des dispositifs anti-vols des compteurs pour décourager ces vols.
« Il est de la responsabilité de la Regideso de garantir la sécurité de ses équipements. C’est inadmissible que nous soyons obligés de payer de nouveau des compteurs pour remplacer ceux qui ont été volés alors que leur utilité première est de facturer la consommation d’eau. Soit la Regideso doit les remplacer gratuitement ou changer l’emplacement de ce matériel pour qu’il ne soit pas à la portée des voleurs », insiste le prénommée Jean Marie de Shatanya.
Certains habitants de Gitega n’hésitent même pas à suggérer à la Regideso d’autoriser carrément les clients à installer les compteurs d’eau à l’intérieur de la maison où la sécurité serait plus garantie qu’aujourd’hui.
Des enquêtes en cours
Face à toutes ces interrogations, la Regideso Région centre-est laisse entendre que des enquêtes conjointes entre la police, le service des renseignements, le parquet et la Régideso sont en cours. Elle souligne par ailleurs que certains éléments sont déjà appréhendés. Ils sont déjà déferlés devant la justice.
D’après nos sources, parmi les personnes arrêtées, la plupart serait déjà relâchée, malheureusement. Ce qui continue d’alimenter des soupçons de collusion et de corruption en faveur des malfaiteurs.