Les chenilles légionnaires sont devenues l’un des défis du secteur agricole à Gitega. Pendant trois années consécutives, elles attaquent les cultures de maïs malgré les efforts des cultivateurs pour lutter contre. Beaucoup commencent à douter des semences importées et des insecticides qu’ils pulvérisent.
Depuis trois ans, les agriculteurs de Gitega font face à un fléau qui menace leur principal moyen de subsistance, à savoir des chenilles légionnaires qui ravagent leurs champs de maïs, une céréale essentielle dans la sécurité alimentaire de la région.
Malgré des campagnes de pulvérisation d’insecticides, notamment le fameux dudu fenos, les dégâts persistent. La population s’interroge sur l’efficacité des traitements et sur la part des semences importées dans la prolifération de ces ravageurs. Les agriculteurs sont unanimes pour dire qu’ils n’avaient jamais observé auparavant une infestation aussi tenace.
Ils trouvent que cette année, les chenilles attaquent les cultures dès les premiers stades de croissance compromettant ainsi le rendement avant même la récolte.
« Chaque année, j’applique l’insecticide comme recommandé. Mais, les chenilles reviennent toujours. Cette saison, elles viennent très tôt. Le pire est à craindre », témoigne la prénommée Mélanie, une cultivatrice de Rukoba.
Elle indique que ces chenilles mangent les feuilles et perforent les tiges. Même les feuilles ou les tiges qui résistent finissent par mourir. Les gens ont tout essayé mais, ces ravageurs semblent irrésistibles.
Ils indiquent que dans la mesure où le maïs reste la pierre angulaire de la sécurité alimentaire aujourd’hui, les solutions doivent être mises en œuvre de manière urgente. Tel est aussi le rappel de Louis Nduwayo, un agriculteur de Giheta. « Le maïs est au centre de notre alimentation et nous dépendons de cette céréale pour nourrir nos familles. Si ces chenilles ne sont pas éradiquées, comment allons-nous survivre ? », s’interroge-t-il.
Très voraces
Beaucoup de victimes indiquent que ces chenilles se propagent vite dans les champs et qu’elles sont très voraces. Ils proposent donc des efforts supplémentaires pour éradiquer ces ravageurs qui résistent aux insecticides jusqu’ici utilisés. Sans pour autant verser dans le désespoir, ces cultivateurs font savoir que la lutte doit impliquer la collaboration de tous et ponctuelle. Sinon, leurs efforts seront vains.
« Si chacun continue de croire les combattre seul, ça sera peine perdue. Il faut que ceux qui ont des champs proches se rencontrent à la même heure s’il s’agit de la pulvérisation. S’il faut les capturer manuellement, il faut qu’ils le fassent en même temps. Cela évitera que la chenille qui échappe ici se réfugie vers un autre champ », propose le prénommé Jules de Songa.
Il conseille par conséquent de partager les expériences de ceux qui ont réussi à les combattre car il est devenu évident que les champs ne sont pas attaqués de la même façon depuis l’apparition de la chenille légionnaire à Gitega.
Le rôle suspect des semences importées
Les variétés de semences de maïs souvent introduites pour leur haut rendement semblent plus vulnérables aux ravageurs. Certains estiment que les semences locales traditionnellement utilisées résistaient mieux aux parasites.
« Les variétés importées offrent un meilleur rendement mais, elles nécessitent des soins intensifs et elles sont moins résistantes aux insectes. Soit nous utilisons mal les insecticides ou elles attirent ces chenilles », explique le prénommé Diomède de Yoba.
Les autres avancent que ces chenilles auraient développé une résistance au produit au moment où il y a ceux qui dénoncent une mauvaise application des insecticides liée à un manque de formation et d’équipements adéquats.
Face à ce problème, les agriculteurs préconisent de diversifier les semences en semant des variétés locales et hybrides mieux adaptées aux conditions climatiques et aux ravageurs.
Ils pensent aussi qu’il faut renforcer les capacités des gens par des formations, fournir aux agriculteurs des outils et des formations sur la gestion intégrée des ravageurs qui combine des méthodes biologiques et chimiques.
« Sans l’utilisation des insecticides plus efficaces et durables, aussi longtemps qu’on ne trouvera pas de lien potentiel entre les semences importées et ces chenilles, nous continuerons à les affronter durant des années », a préconisé le prénommé Pierre, un cultivateur qui affirme avoir perdu la saison dernière presque un tiers de sa récolte de maïs escomptée à cause de ces chenilles.
Des insecticides disponibles et moins chers
Selon la Direction provinciale de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, DPEAE, Gitega, les chenilles légionnaires ne sont pas nouvelles. Bien plus, les insecticides pour lutter contre elles sont disponibles et bon marché.
La Direction provinciale souligne en outre qu’il faut être vigilant et vérifier régulièrement les plantes. Il insiste que les insecticides recommandés qui sont généralement efficaces dans la lutte contre les chenilles légionnaires lorsqu’ils sont appliqués en pulvérisation, à savoir dudu fenos et orthene sont disponibles et bon marché.
Elle a cependant souligné que la lutte combinée (mécanique et chimique) contre les chenilles légionnaires reste la meilleure option car aucune méthode unique n’est efficace.
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