Dans la plupart des ménages, des magasins et des boutiques, pas de place pour les veilleurs de nuit afin de s’abriter de la pluie. Ils doivent rester debout toute la nuit dehors sous la pluie et le froid. Et quand il y a quelque part du vol, ils sont les premiers à être accusés et emprisonnés.
Ils sont à majorité en âge avancé et surtout pauvres et viennent de la campagne. Beaucoup les apprécient par leur manque de sommeil pour veiller toute la nuit sans cligner les yeux. Ils viennent de la campagne et font des allers retours matin et soir.
Ceux qui ont encore de la force travaillent sur les chantiers la journée et rejoignent leurs lieux de travail le soir très fatigués.
Mais attention de ne pas le montrer aux patrons qui comptent sur eux pour veiller sur leurs biens. Comme la plupart se sont confiés, sous l’anonymat au journal Iwacu, leur travail est aujourd’hui jonché de beaucoup de problèmes. Ils affirment qu’ils sont considérés comme des robots oubliant qu’ils sentent la fatigue et le sommeil comme tout être humain.
« Personne ne souhaite veiller sur la maison d’autrui alors qu’il a laissé la sienne à la merci des bandits. Mais comme je n’ai rien, je fais tout ce qui se peut pour me procurer ne fût-ce que 20 mille BIF par mois », souligne Léonard, un quinquagénaire de la zone Mungwa. D’après lui, il n’a pas choisi ce travail de gaîté du cœur, la pauvreté dans la famille l’a contraint d’accepter de servir dans une famille de Shatanya dans la ville de Gitega.
Il indique en outre qu’avec ses 58 ans, il est à bout de ses forces, mais il ne peut pas abandonner sous peine de mourir de pauvreté sur sa colline.
« Pendant cette période de pluies, les voleurs souvent armés pullulent dans la ville et les quartiers. Ils viennent en groupe. Je risque de finir mes jours derrière les barreaux. Ce travail devient de plus en plus dangereux !» Il n’est pas le seul à constater que ce métier commence à être plus dangereux et fatiguant. Alphonse souligne qu’il a exercé ce travail de veilleur depuis 25 ans mais que les conditions de travail changent du jour au jour.
Pas d’association ni de syndicat
D’après ces personnes qui œuvrent dans ce métier de veilleurs de nuit, ils n’ont aucune association. Parfois ils sont emprisonnés et sommés de payer quand les voleurs ont dévalisé la maison ou le magasin qu’ils étaient censés garder. Quand il pleut la nuit, ils n’ont nulle part où s’abriter.
« Ils nous accusent de complicité avec les voleurs. C’est toujours le pauvre veilleur qui succombe », déplore Fabien de Kiyange en commune Makebuko. Même son de cloche chez Bède qui indique avoir été emprisonné par son patron parce que les voleurs ont défoncé la boutique qu’il gardait. Pour lui, les veilleurs n’ont aucun droit.
« On te croira innocent si tu as été tué. Sinon il y aura toujours des soupçons sur toi. Souvent, ils disent que tu étais ivre et que tu n’as pas vu venir les voleurs ou tu es complice ». Quant aux employeurs, ils disent que les veilleurs s’engagent en connaissant des risques. Selon eux, la pluie n’est nullement pas un problème s’il a des couvertures, l’important est qu’il veille sur ses biens.
Interrogés sur le pourquoi ils ne réservent aucun espace pour s’abriter de la pluie, certains affirment qu’ils travaillent dans des maisons de location et qu’il n’est pas possible de construire des abris pour les veilleurs.
Les autres indiquent qu’ils ont acheté de petites tentes pour se protéger contre la pluie mais pas pour dormir. « La fonction principale du veilleur de nuit est d’assurer la surveillance des locaux et de garantir la sécurité des biens et des personnes. Si quelque chose est volé, il est le premier responsable des actes des voleurs », assure un commerçant du centre-ville de Gitega.