Mardi 22 avril 2025

Société

Région Centre/Gitega-Respect des prix : les petits commerçants la peur au ventre

Région Centre/Gitega-Respect des prix : les petits commerçants la peur au ventre
Des vendeurs détaillants du riz et du haricot au quartier Shatanya

Malgré l’ordonnance ministérielle qui impose les prix pour contenir la vie chère, les produits de première nécessité restent hors de portée dans la capitale politique Gitega. Les commerçants détaillants craignent d’être victimes des sanctions déséquilibrées en leur obligeant de vendre à perte. Ils demandent de frapper d’abord les grossistes ainsi qu’un délai supplémentaire pour épuiser le stock qu’ils ont constitué à plus cher.

Ils sont sur le qui-vive. Depuis que le ministère du Commerce a lancé le communiqué sur les prix de certaines denrées alimentaires, les petits commerçants, en majorité des détaillants et des boutiquiers, ont accueilli la nouvelle comme une massue frappée sur leurs têtes. Beaucoup d’entre eux par peur d’être sanctionnés ou de voir leurs marchandises confisquées ont commencé à les cacher. Les autres ont préféré ne pas renouveler leurs stocks.

Avec le temps, certains commerçants commençaient à penser que l’ordonnance du ministère du Commerce allait tomber dans les oubliettes. C’était sans compter sur la lettre du 14 avril du ministre de l’Intérieur enjoignant les gouverneurs de provinces d’appliquer à la lettre l’ordonnance 750/1234 du 27/3/2025 de la ministre du Commerce.

Pour les uns, il s’agit d’un signe avant-coureur. Ils indiquent qu’ils vont subir des pertes incommensurables dans la mesure où ils seront accusés de ne pas respecter les mesures prises.
« Comment allons-nous vendre à un prix qui est de loin inferieur au prix d’achat. Pour quoi ils ne veulent pas nous donner un délai suffisant pour d’abord épuiser ce que nous avons acheté à des prix chers », déplore Ignace Ndikumana, un vendeur de riz au marché central de Gitega. D’après lui, cette mesure va les achever et amener pas mal de commerçants à tomber en faillite.

Pour d’autres commerçants, surtout les petits vendeurs, ils font savoir que c’est une politique à sens unique. Sylvain Irakoze, boutiquier au quartier Shatanya, raconte que ce ne sera pas pour la première fois que les détaillants soient injustement frappés. Dernièrement, il avait assisté impuissamment à la saisie de ses stocks de boissons sapor et des sachets en plastique. Il a risqué la prison alors qu’il n’est ni producteur ni importateur de ces produits. « Ils sont venus, ils ont tout pris. On m’a dit que je suis un rebelle. Mais moi, je vendais ce que j’avais acheté légalement. Pourquoi ne pas commencer d’abord à freiner les grossistes et les importateurs qui fixent en premier lieu les prix ?».

Joindre la parole à l’acte

Au marché et dans les boutiques, les détaillants dénoncent une application inégale de la loi. Ils craignent que les saisies ou l’application stricte de cette ordonnance ne frappe presque exclusivement les derniers maillons de la chaîne.

Pour les grossistes, le ton est le même que pour les détaillants. Ils mettent en avant les frais de transport et les taxes comme source de tout. Ils proposent plutôt des exonérations sur les denrées alimentaires comme moyen de stabiliser les prix. « C’est toujours nous les boucs émissaires. On fixe les taxes à la hausse ; ils ne règlent pas la question du carburant mais ils fixent les tarifs, et nous on nous punit parce qu’on ne vend pas à perte ? Ce n’est pas juste », a déploré un grossiste de Gitega sous couvert d’anonymat.

Quant aux habitants, ils restent sceptiques. Toutefois, ils reconnaissent que cette ordonnance une fois mise en pratique serait une bonne chose mais ils attendent que la parole se joigne à l’acte.
« Si ce ne sont pas des paroles en l’air, ce sera une avancée. Mais, nous sommes habitués à des mesures qui ne se concrétisent pas. Même le sucre produit par la Sosumo est vendu au vu et au su de tout le monde au marché à 8 000 FBu au lieu de 6 000 FBu », a fait observer Emelyne Nibitanga, une mère de famille du quartier Yoba.

Tandis que beaucoup appellent vivement à une stabilité des prix pour alléger le fardeau des ménages, une petite partie de la population appelle plutôt à la vigilance. D’après eux, en cherchant à imposer des prix fixés sans accompagner les commerçants, le gouvernement risque de provoquer l’effet inverse. De nombreux détaillants pourront en effet préférer désormais ne plus vendre certains produits de peur d’être sanctionnés.

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