Longtemps se considérant comme des rivaux, les deux ordres des avocats du Burundi se sont convenus de redorer le blason en respectant les règles déontologiques qui les régissent tout en bannissant ceux qui ternissent l’image de leur profession d’avocat.
Ils étaient au complet à Gitega le 22 septembre, quand les deux ordres d’avocats de Gitega et de Bujumbura se sont convenus d’œuvrer pour une justice saine et équitable. D’après eux, l’heure a sonné afin de faire face aux nombreux défis de la justice en général et de la profession d’avocat en particulier. Ils se sont promis d’assister, de représenter, de conseiller et de défendre tout client qui le souhaite, même les vulnérables et les indigents.
A cette rentrée judiciaire, édition 2023-2024 célébrée ensemble pour la deuxième fois seulement, ils n’ont pas voulu se cacher la face en s’auto glorifiant, mais plutôt ils ont voulu crever l’abcès. Tous ceux qui ont pris la parole parlaient ouvertement et sans détour sur la manière dont certains exercent leur mission.
Comme dans Les animaux malades de la peste, ils se sont invités d’analyser ensemble si chacun a accompli correctement sa mission et si la qualité était satisfaisante et surtout rassurante. « Nous avons eu beaucoup de formations, nous devons nous interroger si elles ont été mises en pratique et suivies des faits positifs », a déclaré Me Jean de Dieu Muhuzenge, bâtonnier du barreau de Bujumbura. D’après lui, le conseil de l’ordre des avocats a observé des cas de méconduite et des conflits entre avocats et avocats, entre clients.
Il indique que ce qui importe est de s’autocensurer et d’adopter des comportements dignes qui ne trahissent pas leur profession : « Nous avons fait un choix d’être avocats, un choix de servir les justiciables, d’œuvrer pour la justice. Pour y arriver, nous devons respecter la loi, refuser la violation des règles d’éthique de la déontologie. »
Complicité entre avocat et juge
Des rappels à l’ordre, des conseils ont été donnés à l’endroit des membres de deux barreaux. Ils se sont pris aux mauvais avocats capables de tous les coups, qui réclament avec obsession de l’argent et qui disparaissent et éteignent leurs téléphones. « Nul doute que l’absence de la justice équitable, une justice pour tous est une entrave pour le développement durable. Le gouvernement compte beaucoup sur notre professionnalisme, notre probité pour asseoir une justice équitable », renchérit Me Sébastien Ntahoturi bâtonnier de Gitega.
Tous ces souhaits, tous ces appels à l’ordre viennent conforter les propos tenus par certains qui affirment que souvent certains avocats travaillent en sous-main avec les magistrats et juges pour soutirer de l‘argent à leurs clients. Guillaume est l’un de ceux qui ont connu ces mésaventures.
D’après lui, un avocat lui a proposé de mettre la main à la poche pour soudoyer le magistrat en vue de faciliter son procès. « Quand je l’ai entendu, j’ai engagé un autre avocat et j’ai gagné ». Même son de cloche chez Bernard qui soutient que dans la plupart des cas de corruption, les avocats et les juges sont complices : « Il arrive que les avocats de 2 parties adverses se concertent pour faire pencher le procès en faveur d’une partie en vue de se partager les gains. »
Entre temps, les deux ordres d’avocats continuent leurs désordres d’avocats.
D’ailleurs comme beaucoup de compatriotes, j’ai du mal à faire la différence entre les deux ordres d’avocats et les désordres d’avocats.