Il y a deux mois, une partie du quartier Yoba appelée Bwoga I vivait sans crainte des ravins. Aujourd’hui, un grand trou s’est déclaré et a déjà englouti une route et approche dangereusement les maisons érigées tout autour. Les habitants assistent impuissants à l’élargissement de ce ravin et appellent au secours.
Les piétons doivent d’abord observer si la terre ne va pas s’effondrer sous leurs pieds, même un cycliste ne peut pas s’aventurer à traverser. Très profond et très large, le nouveau ravin continue sa lancée vers les maisons érigées en hauteur du quartier.
En haut de la falaise, du pont et les tuyaux d’eau de la Regideso hors d’usage sont suspendus dans le vide. Pour les uns, la faute incombe aux propriétaires des parcelles qui n’ont pas respecté les normes d’urbanisme pour construire leurs maisons. Ils auraient voulu agrandir les parcelles en cultivant les bordures de la vallée et ont rendu le milieu très vulnérable à l’érosion.
« Nous avons maintes fois conseillé à ceux qui possèdent des parcelles de ne pas tout terrasser pour construire. Et voilà la nature se venge sur eux. Malheureusement, nous allons succomber nous tous si rien n’est fait dans l’immédiat », déplore Claude de Bwoga. Même son de cloche chez Bernard, élève à l’école technique de Kwibuka.
D’après lui, ce n’est pas un accident, tous les signaux étaient visibles que tôt ou tard, cette route sera coupée ou pourra disparaître. Selon lui, toutes les maisons construites sur les hauteurs de la vallée de Karonga sont en danger. Il souligne que la force et la vitesse qu’a pris le ravinement montrent que la prochaine saison des pluies emportera tout.
Ils craignent déjà le retour des pluies
Dans ce nouveau quartier de la ville de Gitega, les services d’urbanisme de l’époque avaient viabilisé les parcelles, mais aurait oublié de délimiter les espaces inaptes à la construction, selon les habitants.
Fonctionnaire de l’Etat et propriétaire du premier logement tout près de ce ravin, Richard regarde avec amertume ce ravin qui risque d’atteindre sa parcelle. Pour lui, il suffit qu’il engloutisse les premières maisons et la prochaine victime sera lui et sa famille.
« Leur préoccupation était de distribuer le maximum possible de parcelles. Ils ont même vendu jusque dans la vallée. Il n’est pas étonnant alors qu’on rencontre ce genre de problème », pointe -t-il tout en fustigeant l’ignorance des personnes qui acceptent de construire n’importe où même sur des pentes raides.
Et pour Balthazar, les habitants de ce quartier doivent construire dans chaque parcelle au moins un puits de rétention des eaux de pluies afin de minimiser les dégâts causés par les eaux de ruissellement sur la chaussée. Il estime cependant que les services habilités doivent prendre leur responsabilité en désignant des espaces à ne pas construire surtout ceux qui sont en pente forte.
En attendant le retour des pluies, les habitants disent craindre le pire en imaginant comment ce précipice sera grand si rien n’arrête l’éboulement de toute la partie de terrain qui est tout autour. Pour plus d’éclaircissements sur la gestion de ravin, nous avons cherché les services de l’Office burundais de l’urbanisme de l’habitat et de la Construction (OBUHA) sans succès.