Le ministre de l’intérieur a déclaré, il y a quelques jours, que les passeports demandés jusqu’en septembre 2022 sont disponibles dans les services de la PAFE et que les demandeurs qui ont déjà payé peuvent aller les retirer. Au Guichet Unique de Gitega, ce document de voyage est toujours inexistant.
Depuis le 9 mars 2023 chaque matin, c’est la ruée vers les bureaux du Guichet Unique de Gitega. Ceux qui en sortent ont le visage crispé. Ils espéraient aller récupérer leurs passeports mais voilà ils rentrent avec une seule réponse qui a déjà choqué pas mal de personnes qui y entrent : « Nous n’avons rien à vous dire sauf de continuer d’attendre ».
Cette phrase que la majorité des demandeurs ont déjà entendu de centaines de fois commence à inquiéter ceux qui se disaient être avantagés par ce bureau qui est si proche d’eux mais si loin de leurs espoirs. Ceux qui ont entendu les déclarations du ministre de l’intérieur sur les ondes de la radio nationale et autres médias privés se demandent si cette autorité n’est pas mal renseignée. « J’ai fait la commande et j’ai tout payé depuis le mois de juillet 2022. Que se passe-t-il réellement ?», s’interroge Ignace.
D’après lui, l’heure n’est plus aux fausses promesses mais plutôt aux explications mais à la destination de l’argent qu’il a payé malgré ses maigres moyens. « Comment expliquer que ceux qui ont demandé leurs documents de voyage deux mois, voire quatre mois après moi en ont déjà dans leurs poches ? Peut-être qu’ils auraient utilisé d’autres moyens jusqu’ici non encore révélés », a-t-il ajouté. Ces gens soulignent qu’il n’y a pas de transparence dans l’obtention des passeports.
Deux poids deux mesures
Nombreux sont ceux qui se croyaient prioritaires car ils avaient payé longtemps avant le mois de septembre. La colère monte de plus en plus en pointant des arrangements qui favorisent les uns au détriment des autres. Pour Issa, quand certains attendent jusqu’ à 6 mois, d’autres l’obtiennent dans deux semaines seulement. « Il y a 5 mois, un pasteur qui voulait aller en Norvège avec ses enfants l’a reçu après une semaine. Je ne sais pas ce qu’il a fait pour être servi rapidement ».
Quant à Claudine, elle souligne qu’elle soupçonne plutôt une pratique des commissionnaires qui se mettent en place pour décider ceux qui doivent les recevoir avant les autres. Elle affirme que jusqu’ici personne ne l’a renseigné comment elle pouvait entrer en contact avec eux. « Si je l’avais su, je serais entré dans la danse au lieu d’attendre indéfiniment. Je crois que c’est la règle même si on clame la transparence ! ».
Et pour Stéphanie, les tickets de voyages qu’elle a dépensés pour aller à Bujumbura pour rencontrer les responsables de ce service dépassent de loin les pots de vins qu’elle aurait versés.
« On m’a dit d’aller expliquer mon cas au chancelier mais à chaque fois je retournais chez moi sans entrer dans son bureau. Je lui ai téléphoné, envoyé des messages whatsApp sans succès » déplore-t-elle tout en indiquant avoir déjà totalisé 200 mille francs de ticket en plus de 235 mille BIF prévus pour le passeport.
On commence à nous habituer à cette nouvelle philosophie qui consiste d’une part à dire ou promettre le maximum, pour d’autre part faire ou offrir le minimum. Beaucoup de paroles, mais peu d’actes; et cela ne gêne plus personne.
Quand on voit l’entrée du guichet unique, ça en dit long sur la qualité des services qui y sont dispensés….
Il suffit de graisser la patte à différents fonctionnaires et le tour est joué. Moi je l’ai eu en une seule journée ( c’était il y a deux ans).