Sous le motif que le carburant manque, les transporteurs de Gitega haussent de nouveaux le prix du ticket de transport au détriment des voyageurs. Et partant, les prix des marchandises et services suivent la cadence. La population craint que les prix ne baissent plus même si la situation redevenait normale.
Ces derniers jours, à Gitega, tout est évalué en fonction de la disponibilité du carburant. Il suffit d’une seule journée de pénurie de carburant pour que le ticket de voyage, les prix des matériaux de construction et des denrées alimentaires montent en flèche. Pour savoir si le carburant est disponible, il ne faut pas faire le tour des stations-service mais plutôt demander au chauffeur le ticket de transport Gitega-Bujumbura, Gitega-Ruyigi, Gitega-Ngozi ou monter sur une mototaxi.
« Hier, j’ai rebroussé chemin alors que j’allais à Bujumbura rendre visite à ma fille. Quand on m’a dit que je dois payer 40 000 FBu par personne pour un simple aller, je suis restée muette », déplore Béatrice Bizimana. Pour cette mère de famille qui était accompagnée par ses cinq enfants, la situation était tellement compliquée qu’elle a dû annuler le voyage.
Elle ne pouvait pas dépenser 240 000 pour un aller alors qu’elle pensait payer autour de 60 000 FBu. Il faut faire donc des sacrifices énormes pour pouvoir se payer le transport aujourd’hui.
Le comble de malheur est que ce prix n’est jamais fixe. Il change suivant les heures. Les frais de transport sont beaucoup majorés quand on est obligé de voyager le soir par exemple. Vous pouvez en effet payer 50 000 FBu le soir alors que les autres ont payé 40 000 FBu à 15 h.
« Il faut se munir d’une grosse somme d’argent pour parer à toute éventualité. Les transporteurs qui ne se soucient pas des autres en profitent beaucoup », souligne Victor Nibizi.
Il existe ainsi une partie de la population qui aimerait que la pénurie de carburant perdure puisqu’elle y gagne de gros bénéfices au détriment des autres. M. Nibizi trouve anormal qu’un ticket de voyage qui était autour de 12 000 FBu monte jusqu’à 40 000 FBu, peu importe les conditions.
« Dans un pays qui a des lois, cette spéculation est honteuse. Où ont-ils trouvé alors ce carburant qu’ils utilisent pour nous voler de l’argent ? », s’interroge-t-il. Il fait savoir que cela enfonce davantage la population qui est déjà confrontée à des défis financiers persistants.
De nombreuses conséquences
Pour le moment, les conséquences de la pénurie de carburant à Gitega sont palpables et touchent tous les aspects de la vie quotidienne. Sur le plan économique, les secteurs clés tels que le transport et le commerce sont gravement affectés.
Les agriculteurs ont du mal à faire transporter leurs produits vers les marchés. Ce qui entraîne des pertes financières importantes chez l’agriculteurs et pour le pays. Les transporteurs, incapables de trouver facilement le carburant, sont contraints de réduire leurs services ou d’augmenter leurs tarifs. Ce qui pèse lourdement sur les ménages Sur le plan social, la pénurie de carburant fait aussi ses victimes.
Les hôpitaux et les services d’urgence sont en effet également touchés puisque les véhicules de service comme les ambulances deviennent inopérants. Ce qui met en danger la vie des patients qui nécessitent des transferts d’urgence. En témoigne le prénommé Raphael qui devait amener son vieux père vers l’un des l’hôpitaux de Bujumbura. A cause de pénurie de carburant l’opération n’a pas pu se faire puisqu’il n’a pas pu trouver une voiture pour le transporter.
« Dieu seul sait s’il va survivre car le déplacement avec une voiture qui est moins chère revient à 300 000 FBu de Gitega à Bujumbura. Plus les frais des soins et l’hébergement à Bujumbura, je trouve cela impossible à réaliser ! », déplore-t-il.
Ils craignent que la situation ne se renormalise plus
Face à cette situation, la population de Gitega peur que ces prix soient partis une fois pour toute. Elle redoute en effet que les transporteurs et commerçants qui ont déjà goûté à des bénéfices énormes soient tentés de maintenir des prix au haut niveau même quand la situation redeviendra normale.
« Chaque fois que le carburant manque, c’est toujours le même scenario. Les prix de transport montent mais ne redescendent plus. Quand la situation redevient normale, les transporteurs diminuent un tout petit peu le prix du ticket sans toutefois arriver au niveau des prix qui étaient pratiqués avant la pénurie du carburant », observe le prénommé Léonard.
Même le mardi 26 mars 2024 où deux stations-service ont servi de l’essence, les voitures n’étaient pas nombreuses sur le parking de Zege. Le ticket Gitega -Bujumbura variait entre 20 et 30 000 ; de Gitega-Ngozi il était de 15 000 alors qu’il y’a une semaine, on payait 12 000 FBu dans les taxis voitures et 10 000 FBU dans les bus des agences.