Les lauréats de certaines écoles privées affirment qu’ils sont régulièrement discriminés dans les examens d’Etat. Ils déplorent qu’ils soient mal préparés alors que les autres du public ont tout leur temps pour la passation de cet examen qui leur ouvre les portes à l’enseignement supérieur.
A Gitega, les écoles et les instituts privés augmentent d’année en année et les diplômés suivent la même cadence. Ils sont des centaines à célébrer dans le faste leurs diplômes ou certificats de fin d’école secondaire. Vêtus de la fameuse toge diplôme et sa fidèle coiffe pour recevoir leurs diplômes, filles et garçons des écoles sont souvent accompagnés par les parents et les amis pour voir et toucher sur ce papier tant convoité et cher. A la maison surtout en ville, ceux qui ont des moyens organisent une fête grandiose et ceux qui ont peu contractent des crédits pour sauver les apparences. Les boissons coulent à flot et des mets délicieux sont servis aux convives. Pour les uns, c’est la joie suprême car il n’y aura plus une telle cérémonie, il faut alors profiter de cette unique occasion car l’université est barrée devant eux.
« Je ne peux pas aller l’université, l’examen d’Etat est très difficile pour nous qui avons fréquenté les écoles privées. La majorité ne réussit pas et il faut se contenter de ce diplôme », affirme Inès tout en reconnaissant qu’il ne faut pas se casser les méninges pour rien. Elle indique que seule la volonté ne suffit pas, mais plutôt la bonne préparation à l’examen. Comme cette jeune fille l’indique, le choix des examens pour les écoles privées est souvent subjectif. « Parfois les lauréats se heurtent à des questions sur la matière qu’ils n’ont pas encore étudiée ou terminée. Et dans ce cas, c’est toujours les élèves qui sont fautifs et il n’y pas de réclamation possible », déplore-t-elle. Même sentiment d’être discriminé pour Kevin de Shatanya. D’après lui, il est rare que celui qui a suivi l’enseignement privé réussisse dans les examens d’Etat.
« Ils nous imposent un combat déloyal ! »
Les parents des élèves et les enseignants de ces écoles privées sont tous unanimes. Ils expliquent qu’ils sont souvent marginalisés soit dans les cotations des écoles ou sur les examens que leurs éduqués reçoivent. Ils s’insurgent en outre contre la connotation qu’on leur colle souvent. Ils déplorent que leurs écoles et instituts privés soient jugés comme un business.
« Ils nous imposent un combat déloyal. L’année passée, la liste des candidats nous est parvenue un jour avant l’examen. Heureusement, les écoles privées obtiennent par contre, le plus souvent, les meilleurs taux de réussite aux examens », a soutenu Jean Marie Hatungimana, représentant légal et propriétaire de l’école de l’Horizon tout en expliquant que son établissement s’est classé 2ème au niveau national cette année scolaire. Ce que la direction communale d’enseignement à Gitega ne nie pas. D’après Eric Nsengiyumva, il peut y avoir des erreurs mais cela n’explique pas que le gouvernement n’est pas sensible à l’égalité des chances dans l’enseignement.
« Ce que nous remarquons souvent, ce sont les retards de l’affichage des candidats à l’examen d’Etat pour les écoles qui dépendent de deux ministères. Mais cela n’entache pas la passation de cet examen », a reconnu cet inspecteur communal à Gitega.
