Depuis des mois, ceux qui ont déjà payé pour les compteurs électriques monophasés dans la région Centre ont perdu tout espoir. La seule solution c’est la bougie ou de petites plaques solaires pour ceux qui ont un peu de moyens. La Regideso n’accepte même plus de nouveaux clients.
Ils sont des centaines à chercher les compteurs électriques à la Régie de production et de distribution d’eau et d’électricité à Gitega. Aujourd’hui, beaucoup commencent à se poser des questions qu’on ne leur raconte pas des blagues. Depuis 2023, la réponse est en effet toujours la même : la livraison des commandes est pour bientôt. Selon nos sources, il y a un certain temps, seuls les compteurs triphasés étaient disponibles.
Mais, aujourd’hui, tout semble s’être arrêté. Officiellement, il y a une rupture de stock et on attend ceux qu’on a commandés. Les habitants des quartiers nouvellement construits à Gitega, Ruyigi et dans certaines communes de Karusi en sont les premières victimes. Ils affirment que les compteurs sont devenus comme le carburant aujourd’hui. Pour beaucoup, ce retard commence à peser énormément sur leurs économies. Ils indiquent qu’ils sont déjà fatigués des réponses qu’on leur donne.
« J’ai commandé et payé les frais pour avoir un compteur électrique monophasé depuis novembre 2023. Mais, jusqu’aujourd’hui, j’attends sans savoir quand cet appareil sera disponible », déplore le prénommé Louis de Nyabisindu. Il fait savoir que la Regideso promettait la livraison de ces compteurs au plus tard deux mois après le paiement. Pour se tirer d’affaire, ce père de famille est condamné à acheter des bougies tous les soirs. Non seulement il craint pour la sécurité de sa famille mais aussi des bougies suffisantes pour éclairer toute la maison sont chères.
« Dans la plupart des cas, les bougies sont à l’origine des incendies quand on a des enfants qui veulent avoir tout le temps de la lumière dans leurs chambres. C’est très extrêmement dangereux si elles sont allumées tout près des matelas », insiste-t-il.
C’est la même inquiétude chez le prénommé Gilbert de Nyamugari. Il comptait en effet déménager vers sa nouvelle maison à Gahera. Sans le courant électrique il est obligé de patienter dans la maison de location. Il indique en outre qu’il ne peut pas se permettre de vivre dans une maison sans électricité car sa parcelle est située non loin de la vallée. Il craint donc les cambrioleurs qui pourraient profiter de l’obscurité.
« C’est un endroit souvent visité par des voleurs de nuit et ce sera un suicide d’y vivre sans éclairage. Nous étions habitués qu’avec la Regideso rien n’est rapide sauf les factures de consommation qui arrivent à temps. Mais, la question des compteurs monophasés dépasse notre entendement. Qu’on nous dise la vérité sur ce qui se passe », souligne-t-il.
En attendant, certains autres infortunés se débrouillent avec de petites plaques solaires ou des lampes torches. L’inconvénient est que l’intensité de la lumière est faible.
« Chez mes parents, nous avions une lampe tempête. Elle éclairait bien toute la maison car il n’y avait pas encore de plafond à l’intérieur. Mais aujourd’hui, ces lampes tempêtes sont tombées dans les oubliettes. On ne trouve même plus du pétrole lampant sur le marché », explique le prénommé Berchmans.
Qu’ils refusent l’argent n’est pas normal
Comme beaucoup nous l’ont confirmé, la Regideso n’accepte même plus l’argent pour les nouveaux clients d’électricité. Ils soulignent que depuis 2024, les commandes sont suspendues. Et pourtant, la Regideso leur promettait de résoudre rapidement ce problème de rupture de stock.
« C’est une question de temps. Soyez tranquille ! Les compteurs seront en grande quantité. C’est un petit problème. Ils arrivent dans nos magasins bientôt », aimaient nous tranquilliser les travailleurs de la Regideso. Selon ceux qui ont déjà payé leur argent, il fallait leur proposer à l’avance d’acheter les compteurs triphasés au lieu de leur miroiter avec des promesses non tenues.
« Quelle est cette commande d’appareils qui peut durer plus de cinq mois ? Peut-être qu’ils n’ont pas fait la commande comme on le fait dans d’autres secteurs où ils clament haut et fort qu’ils manquent de devises pour effectuer des achats à l’étranger », se lamente la prénommée Inès qui affirme qu’aujourd’hui il est difficile de connaître celui qui dit la vérité sur ce qui se passe dans sa boîte. Même sentiment contrarié chez le prénommé Abdoul qui court derrière son compteur d’électricité depuis le mois de janvier de cette année. Il reconnait que le pays manque de dollars mais l’essentiel serait de dire la vérité et de bien gérer ce qui est disponible.
« Quand j’ai commencé les démarches pour obtenir le compteur, quelqu’un de la Regideso m’avait conseillé de passer directement par le chef. Mais, il s’est avéré que seuls les hauts placés pouvaient obtenir ses faveurs », déplore-t-il.
Pour le moment, beaucoup craignent que certains propriétaires de maison puissent être tentés d’effectuer des raccordements frauduleux avec leurs voisins. Ce qui pourrait causer des accidents mortels dans les ménages.