Toutes les bornes fontaines des collines Kiyange et Karoba en commune Makebuko n’ont plus d’eau depuis des mois. La population doit parcourir de longues distances pour puiser de l’eau. Les coupables seraient ceux qui détournent cette eau potable pour irriguer leurs champs et bananeraies.
A Kiyange et Karoba, les bornes fontaines ne servent aucune goutte d’eau. La population les considère aujourd’hui comme de simples bornes mises tout au long de la route Kiyange-Karoba. Quand elles ont été installées, il y a quelques années, le débit d’eau était tellement fort qu’il était facile de remplir un bidon de 20 litres dans une minute.
Mais au cours des années, certains habitants de Bungere et Mumuri à quelques kilomètres de Kiyange non loin de la source ont commencé à détourner cette eau potable en raccordant leurs propres robinets sur le tuyau principal pour arroser et irriguer leurs champs et les bananerais.
Ainsi tous les habitants qui sont en aval de la source ne reçoivent pas d’eau quand le débit diminue. Cette habitude s’accélère surtout pendant la saison sèche toute la population qui est en aval de la source ne reçoit aucune goutte.
« Chaque année, c’est toujours comme ça. Nous en avons déjà l’habitude et nous reprenons le chemin des marigots », déplore Angélique une habitante de Kiyange.
D’après cette mère de famille, trop c’est trop il faut que ces personnes qui ne cherchent que leurs propres intérêts soient condamnées pour avoir choisi leurs bananeraies au détriment de toute une population y compris le seul Centre de santé pour ces deux collines.
Selon ses propos, elles ont toujours crié auprès de l’administration mais rien ne change. Chaque saison sèche, elles souffrent en buvant l’eau des marigots tandis que les bananiers restent verts. D’après les habitants, il faut des mesures urgentes et vigoureuses pour empêcher ces gens de nuire.
Ils indiquent qu’ils n’ont cessé de protester contre ces mauvaises habitudes mais en vain. « Quand nous crions, un de ces individus nous a signifié que l’eau qu’il utilise pour ses bananiers provient d’une autre source. Qu’ils nous montrent une autre source où ils tirent toute cette quantité qui se déverse dans leurs champs !»
Ils envisagent des mesures plus radicales
Pour ces populations qui regardent impuissantes le gaspillage de l’eau qui leur était destinée, certains commencent à imaginer des mesures punitives. Selon cette frange de la population de Kiyange et Karoba, la destruction de ces bananeraies pourrait être la solution la plus punitive.
Ils indiquent qu’ils ne supportent plus cette incivilité de ces familles qui s’approprient à elles seules ce bien public rare. « Nous avons contribué pour que cette eau arrive jusqu’à chez nous. Comment quelqu’un peut-il se permettre d’avoir un robinet chez lui alors qu’une multitude de ménages se partagent deux bornes fontaines seulement !»
A Karoba, même le seul Centre de Santé de ces deux collines et la population environnante de la commune Gishubi ne dispose plus d’eau potable. Les responsables doivent payer ceux qui vont puiser à des dizaines de kilomètres pour avoir deux ou cinq bidons par jour.
Le titulaire de ce Centre de Santé de Karoba contacté par téléphone, a indiqué qu’il donne à chaque fois des rapports sur la situation mais que rien ne s’améliore. Il a reconnu en outre que son établissement en souffre énormément. Même constat chez les chefs de ces deux collines.
Pour eux, ils n’ont aucun autre moyen de pression sauf qu’ils reçoivent toujours des promesses que la situation va se décanter d’ici quelques jours. Nous avons voulu avoir des éclaircissements chez quelques propriétaires de ces bananeraies et champs pointés du doigt par la population mais en vain. Aucun n’a voulu décrocher son téléphone pour nous répondre.
Mais aussi il y a d’autres endroits ou autre ville de ce pays où en pleine pénurie d’eau potable, où il y a beaucoup de personnes qui errent avec des bidons sur la tête ou à vélo, à la recherche d’une source d’eau. Alors que certains privilégiés en trouvent en abondance pour arroser les jardins et remplir les piscines de leur villas. Il y a quelque chose d’indécent dans cette situation.
On devrait interdire le remplissage des piscines et l’arrosage des pelouses en été au Burundi car l’eau y devient aussi rare que l’essence.