Mercredi 16 octobre 2024

Société

Région Centre/Gitega/Le transport via les mototaxis : des risques quotidiens pour les passagers

Région Centre/Gitega/Le transport via les mototaxis : des risques quotidiens pour les passagers
Une mototaxi avec trois passagers le mercredi 9 octobre 2024 au centre-ville de Gitega

Dans la ville de Gitega, rare est de voir une mototaxi avec un seul passager. Le comble de malheur est que les passagers semblent s’en accommoder alors que les accidents peuvent surgir. Qui va donc assurer les victimes au moment où une couverture d’assurance pour plusieurs passagers à moto n’existe pas ?

A Gitega, capitale politique du Burundi, la moto constitue le principal moyen de transport pour les habitants. Avec sa rapidité et sa flexibilité, la moto permet de relier les zones périphériques et la ville. Avec l’absence des taxis voitures ou de bus interurbains, les motards profitent d’une demande assez forte pour outrepasser les mesures de sécurité des passagers. Ils prennent en effet le risque quotidien de surcharger leurs motos en transportant jusqu’à quatre ou cinq passagers sur une seule moto.

« Si quelqu’un te dit qu’il ne connaît pas le règlement routier, ce serait mentir. Nous le faisons en connaissance de cause parce que notre situation économique nous l’oblige. Nous connaissons les risques mais il est impossible de ne pas être tenté », indique Edouard Nzeyimana, un motard. D’après lui, il faut tout essayer pour gagner la vie. Surtout que le montant à verser au propriétaire est grand. D’où la tentation de maximiser les profits. Ce qu’il trouve aussi logique puisque le patron doit avoir un versement régulier et le motard doit aussi vivre avec sa famille.

« Si tu donnes peu, tu es remplacé et tu deviens chômeur. C’est une compétition alors avec les autres motards pour qu’ils ne te chipent pas ton emploi », souligne un motard prénommé Innocent. Il fait savoir qu’il a maintes fois essayé de suivre le règlement avant de se rendre compte qu’il jouait perdant.

Tous les motards s’accordent pour dire que leurs clients, qui viennent essentiellement du milieu rural, acceptent facilement de se mettre à deux ou à trois sur une même moto pour partager la facture.
« Ils sont déjà habitués qu’ils seront à trois pour minimiser le coût car c’est mieux que de rentrer à vélo ou à pied surtout qu’ils habitent loin de la ville », raconte Gilbert Hatungimana, un autre motard. Et d’ajouter que les ruraux rentrent en groupes et négocient le prix de transport à 3 ou à 4 puisqu’ils ne sont pas toujours en mesure de payer individuellement une mototaxi.

Il en est de même pour les parents d’élèves qui n’ont pas leurs propres voitures afin d’amener leurs enfants à l’école et les rentrer. Ils sont en effet obligés de nouer des contrats avec les motards tout en sachant que ces derniers mettront leurs enfants à cinq sur la moto.

« Parfois, nous fermons les yeux et prions le bon Dieu de nous les ramener vivants. Sinon, une personne avec des moyens suffisants ne courra jamais ce risque », avoue Bernadette Nahimana, une mère du quartier Bwoga.

De sévères sanctions

Même si à Gitega la moto est devenue la seule option abordable pour la majorité des citoyens dans leur déplacement, les accidents répétés commencent à donner froid au dos.

« Il ne se passe pas une journée sans qu’une mototaxi soit impliquée dans un accident. Souvent, cela arrive parce que le motard a pris trop de passagers et roule à tombeau ouvert », explique un habitant de Gitega. Les accidents, malheureusement fréquents ne touchent pas que les passagers. Les familles des victimes sont souvent plongées dans une spirale infernale de frais médicaux, d’incapacité de travail voire de perte d’un membre de la famille.

« Les motards le font pour gagner plus d’argent et une fois l’accident survenu beaucoup fuient en laissant le propriétaire dans l’embarras. Tu dois payer jusqu’au dernier centime alors que c’est lui le responsable », déplore le prénommé Bruce, un propriétaire de mototaxi. Il fait savoir qu’il a dernièrement payé autour de trois millions FBu pour régler les factures des soins des personnes accidentées en plus de faire réparer la voiture qui avait été endommagé par son motard. Il rappelle que dans pareilles situations, les compagnies d’assurance n’interviennent pas puisque les motos ne sont pas assurées pour transporter plusieurs passagers.

« Les maisons d’assurance nous disent qu’elles ne sont responsables que du premier passager. Mais comment déterminer ce premier passager », s’interroge un propriétaire désemparé. Quant aux motards fautifs, ils sont obligés de fuir Gitega puisqu’ils ne sont pas capables de réparer les dégâts tant matériels qu’humains causés.

Les associations des taxi motards, même si elles sont conscientes de la gravité de la situation, elles peinent à faire respecter la réglementation en vigueur sur le transport à moto. Cela échappe aussi à la vigilance de la police. La population demande des punitions exemplaires à l’endroit des motards qui sont à l’origine des accidents, y compris même des emprisonnements prolongés.

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