Jeudi 21 novembre 2024

Économie

Région Centre/Gitega : Le prix de la banane plantain devient inabordable

Région Centre/Gitega : Le prix de la banane plantain devient inabordable
Le prix de la banane plantain attire la convoitise des voleurs à Gitega

Au marché de la ville de Gitega et dans le milieu rural, les produits vivriers ne sont pas en reste par rapport à la montée des prix malgré la période de récolte. Le cas de la banane plantain crève les yeux. Pour les cultivateurs, leurs produits suivent aussi les prix des autres denrées alimentaires qu’ils achètent. Quant aux acheteurs, ils indiquent que la loi de l’offre et de la demande n’est plus respectée.

Au marché central de Gitega, dans la partie réservée aux denrées alimentaires, les bananas plantain sont à gogo. Toutefois, les vendeurs s’ennuient car les acheteurs ne se bousculent pas. Ironie du sort, cette apparence d’abondance est aujourd’hui trompeuse. L’abondance de ces bananes et leur prix de vente défient la loi de l’offre et de la demande. Les prix sont en effet inabordables et beaucoup de ménages ne pensent même plus à s’en acheter.

A la place, ils se rabattent sur les autres produits plus abordables comme les colocases et les pommes de terre qui sont pourtant moins savoureuses et moins appréciées que la banane. Selon eux, si ce n’est pas une parenté venant du milieu rural qui te l’apporte à la maison quand elle te rend visite, aujourd’hui, il est difficile de manger la banane dans les ménages à revenu moyen.

« Le temps est révolu quand les bananes étaient moins chères. Un petit régime de banane peut coûter jusqu’à 20 000 FBu. Comparé à celui des autres aliments, il est inutile de demander son prix car c’est une perte de temps », déplore la prénommée Espérance, une mère de famille du quartier Shatanya.

Elle fait remarquer qu’il est curieux aujourd’hui de constater que certaines denrées alimentaires sont abondantes au marché en même temps qu’elles restent chères. Elle indique que même les cultivateurs n’osent plus les consommer chez eux car ils les considèrent comme une manne financière qui peut générer plus d’argent que de le manger en famille.

L’équivalant de 2 ou 3 kg de riz

« Quand quelqu’un apporte un régime de banane, même moyen, il est sûr de rentrer avec deux ou trois kilos de riz. Les gens se relaient alors l’information du marché et le prix s’envole du jour au jour », a-t-elle ajouté. Le prénommé David souligne que tout a connu une montée effrénée des prix et que ce ne sont pas les denrées alimentaires qui resteraient en arrière.

Il explique en outre que les cultivateurs se rattrapent parce qu’eux aussi subissent de plein fouet la montée des prix des produits dont ils ont besoin. Ils n’ont donc pas d’autres choix que d’ajuster les prix de ce qu’ils cultivent avec les autres produits de première nécessité.

« Je les comprends parfaitement car eux aussi ont besoin du sel, du ndagala, des vêtements, etc. Si on observe la situation du marché aujourd’hui, tout est cher. Ils ne peuvent pas vendre leurs produits à vil prix », souligne-t-il.

Exposés aux voleurs

En milieu rural, les voleurs sont beaucoup attirés par les bananes qui sont faciles à vendre au marché. Jour et nuit, les cultivateurs sont condamnés à beaucoup surveiller leurs bananiers. Ceux qui sont loin de la maison sont plus exposés aux voleurs. Ils n’ont plus besoin de les couper avec une machette qui fait du bruit mais, ils utilisent la scie égoïne en laissant le tronc du bananier debout.

« Le propriétaire croira que le régime de banane est toujours là alors qu’il a été depuis longtemps vendu. Il gardera le tronc de bananier et le voleur quant à lui empoche l’argent », souligne le prénommé Nestor de Rukoba. Selon lui, il est inutile de compter beaucoup sur des bananiers qui ne sont pas proches de la maison où la surveillance est facile. Il fait observer que les voleurs ciblent ce qui est facile à voler et rapidement vendu.

« Ils n’ont besoin que de quelques secondes d’inattention et le tour est joué. Il n’est pas facile de les attraper car s’ils ne sont pas pris en fragrant délit. Rien ne les empêche donc de répéter leur sale besogne jusqu’à ce que le vol devient comme un métier », raconte le prénommé Luc, un cultivateur de Songa. Les voleurs de banane ne sévissent pas seulement à Songa mais aussi partout en milieu rural. A défaut de défoncer les maisons, ils se focalisent sur cette culture vivrière qui rapporte gros à moindre effort.

« Quand tu possèdes des régimes de banane prêts à être récoltés, il s’agit d’une course contre la montre. C’est une opération qui ne dure que quelques secondes et le malfaiteur peut voler deux ou trois régimes et prendre directement le chemin du marché le plus proche », s’inquiète la prénommée Clémentine de Jimbi rencontrée au marché central de Gitega.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Kajuju

    Unproduit perissable produit localement doit s adapter au prix d l offre et de la demande.
    Si le prix est eleve, c est que l offre est faible. S il n y a pas d acheteur le paysan diminuera le prix. Elementaire.
    Evidemment il y a des distorsions dues a la mauvaise gouvernance, l etat des routes, la corruption, etc…
    Leta Mvyeyi/Nkozi doit s assurer que le producteur recoit un prix qui rétribue ses efforts. C est l agriculteur qui produit la richesse.

  2. c est très grave

  3. Voltaire Kaziri

    Petite correction
    1) La banane don’t vous parlez ne s’appele pas banane plantain. Banane plantain ni bimwe twita « Umuzuzu »

    La protection des biens est de la responsabilité de l’Etat.
    Celui qui n’est pas au courant de vols de récolte,ni uwahevye iwabo.
    Iyo imirima yeze, nous devons engager des veilleurs.
    C est très très grave.

  4. Stan Siyomana

    Je me souviens que dans ma famille dans les annees1960/1970 c’etait mieux d’aller vendre un regime de bananes a l’econome de l’Ecole Moyenne Pedagogique de Musenyi (Commune Tangara), plutot que d’aller passer des heures a attendre un client au marche (a ciel ouvert et ou le soleil ou la pluie tapaient fort). Dernierement j’etais tres content de voir les photos datant de 2018 de l’inauguration du « marche moderne de Musenyi ». En Octobre 2018, j’ai tenu a passer la nuit dans le seul petit motel qui etait a cet endroit (juste pour des raisons nostalgiques).

  5. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:« Quant aux acheteurs, ils indiquent que la loi de l’offre et de la demande n’est plus respectée… »
    2. Mon commentaire
    a. Tant que le gouvernement burundais ne s’en mele pas pour fixer le prix du regime de bananes, la loi de l’offre et la demande est toujours respectee.
    « L’offre et la demande désignent respectivement la quantité de produits ou de services que les acteurs sur un marché sont prêts à vendre et/ou à acheter à un prix donné… »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Offre_et_demande
    b. Il y a quelques mois, je n’ai pas voulu payer le prix des « matooke » importees de l’Ouganda, mais je ne peux pas dire que la loi de l’offre et la demande n’a pas ete respectee.
    D’ailleurs, je connais un autre magasin asiatique qui vend de la banane verte (« Chiquita »?) importee du Costa Rica (Amerique latine) a un prix beaucoup moins cher.
    https://www.facebook.com/photo/?fbid=3864420676979742&set=ecnf.100054446772907

  6. Mafero

    Je croyais que les Imbonerakure (ils voient plus loin que les drones!) veillent à la sécurité des biens des citoyens. Si on ne peut pas compter sur un bananier aux alentours de sa propriété, qu’adviendra- t-il des grandes plantations d’avocatiers ou de caféiers plus éloignés dans le cadre de la vision 2040/2026?

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