Selon la plupart des musulmans rencontrés à Gitega, la fête du sacrifice dite Aïd al-Adha observée ce mercredi 28 juin est tombée dans une conjecture économique dure. La question du mouton ou de la chèvre à sacrifier était sur toutes les lèvres, au vu de leur prix.
Quelques musulmans interrogés n’ont pas caché leur gêne : « Il n’y a pas d’argent, la situation est de plus en plus difficile et on assiste impuissant passer cette fête du sacrifice, les temps ont changé ».
Selon ces derniers, le manque des moyens financiers a eu raison de l’enthousiasme de cette fête. Et pour se donner bonne conscience certains musulmans n’ont pas hésité à rappeler que cette fête du sacrifice bien que liée au pèlerinage, ne constitue pas ce pilier de l’Islam.
Selon ces derniers, au vu de la montée des prix sur le marché, se payer un mouton ou une chèvre relèverait même du sacrifice pour certaines familles moins nanties.
Il y a une semaine, raconte Hussein, un habitant du quartier Nyamugari j’ai demandé à un ami de me prête un peu d’argent pour que je puisse m’acheter un mouton. « Il m’a juré au nom d’Allah qu’il n’avait pas d’argent et ne comptait pas faire la fête du sacrifice chez lui ».
D’après lui, cette fête arrive à un mauvais moment où la plupart des personnes subissent une hausse de prix des produits de première nécessité.
Hormis le riz indispensable pour la fête de l’Aïd al-Adha, les bêtes à abattre sont aujourd’hui très cher. Un mouton ou une chèvre est autour de 100 mille francs, un luxe que beaucoup de personnes ne peuvent pas s’offrir.
« C’est une habitude, les prix des denrées alimentaires de même que d’autres produits montent pendant les fêtes et aujourd’hui cette hausse des prix nous frappe de plein fouet », reconnaît Issa, père de 10 enfants et époux de deux femmes.
D’après lui, la fête sera célébrée comme il se doit, inch’Allah, l’année prochaine si Dieu lui prête vie avec toute sa famille. Pour lui, il est impossible de se hasarder à dépenser toutes ses économies pour un mouton.
« J’ai déjà expliqué à mes enfants la situation dans laquelle nous sommes et ils ont été compréhensifs. Ce n’est pas un péché, l’important c’est d’aller prier avec les autres. Même Allah ne pourra pas nous réprimander si nous n’avons pas de moyens, c’est lui qui donne et qui connaît notre dévouement à lui. Et il y a une tradition qui dit que notre Prophète a déjà sacrifié pour les moins nantis », a-t-il ajouté.
Bon nombre de musulmans comptent sur la générosité
Ne pas avoir de mouton à égorger aujourd’hui quand beaucoup de musulmans se plaignent de la paupérisation, ne relève plus d’une honte à être dépendant de la charité des voisins, amis, membres de la famille.
Devant l’absence de l’animal à sacrifier, certains s’en remettent à la générosité de ceux qui peuvent acheter un mouton ou une vache quel que soit le prix.
Dans la tradition musulmane, la viande de l’animal sacrifié est traditionnellement partagée en trois : une part pour la famille ayant effectué le sacrifice d’un animal, une part pour les voisins et les amis, et une part à offrir aux pauvres
Il y a également des musulmans qui financent le sacrifice d’une bête et de l’offrir à une famille dans le besoin notamment par l’intermédiaire d’une organisation caritative musulmane.
Le secteur de transport et de commerce, pourvoyeur majeur d’emplois et de ressources financiers dans la majorité des familles musulmanes à Gitega est confronté à des défis dus à l’absence du carburant et ses corollaires.
« J’ai entendu que la COMIBU de Gitega a reçu un don de vaches pour distribuer la viande à ceux qui n’ont pas de moyens. Ce n’est pas nouveau, chaque année on fait des distributions même à ceux qui ne sont pas musulmans », se réjouit Omar du quartier Gahera à Gitega.
Pour plus d’informations, nous avons cherché à contacter le président provincial de la COMIBU (Communauté islamique du Burundi) à Gitega pour préciser le nombre de vaches, moutons et chèvres reçues mais sans succès.