Les administratifs et autres autorités s’accaparent de toutes les places bien rentables au niveau du marché central, des parcelles viabilisées, des infrastructures commerciales nouvellement créées et laissent les insignifiantes aux autres demandeurs. Le citoyen lambda doit louer ou acheter ces places au prix fort.
Le marché central de Gitega est le plus ancien et le plus emblématique dans les magouilles qui caractérisent l’appât du gain de certaines personnes du pouvoir.
Les stands et les boutiques les mieux placés en matière de clientèle appartiennent aux individus qui n’exercent aucune activité commerciale. La majorité des commerçants et vendeurs du marché central louent mensuellement ces places qui leur coutent entre 80 mille et 150 mille francs.
D’après eux, les prix de loyer changent de temps en temps sans aucune garantie que demain le même occupant sera toujours là.
« Je ne connais pas personnellement le propriétaire de mon stand. Je suis passé par des commissionnaires qui utilisent des chemins détournés pour cacher la véritable identité de leurs patrons », indique un commerçant de friperie sous l’anonymat.
Selon lui, il travaille dans ce marché depuis 15 ans et il a dû changer de stands plus de 4 fois. Il souligne que tout dépend de l’emplacement du lieu.
Ceux qui sont situés dans des coins moins fréquentés sont moins chers tandis que ceux qui sont près des principaux axes sont très convoités. « Pour être mieux placé, il faut débourser au moins 120 mille francs. En plus des frais de commissions, on paie autour de 150 à 200 mille francs par mois », affirme Léa une commerçante.
Les gens qui œuvrent dans ce marché, officiellement appartenant à la commune de Gitega, soulignent qu’il est temps que les places du marché reviennent à ceux qui les exploitent et non aux autres qui profitent de leur position administrative. « Pourrions- nous dire que toutes ces magouilles ne sont pas orchestrées par la commune ? Elle est mouillée jusqu’au cou et ne veut pas lever le petit doigt pour remettre les choses en marche », déplore Saïdi.
Ils sont partout
Dans les parcelles viabilisées et les galleries, les premiers à servir sont toujours les mêmes. Ils sautent sur les premières occasions pour prendre deux voire quatre parcelles à la fois et les vendent chèrement sans taxes ni impôts comme si c’était la propriété parentale. Les exemples ne sont pas rares. A Bwoga 1 et 2, certaines parcelles sont jusqu’ici non encore construites. Les commissionnaires s’activent à chercher des acheteurs.
« Si tu n’es pas connu, tu dois attendre d’abord que les premiers acquéreurs mettent ces parcelles sur le marché », critique Fabien tout en indiquant avoir acheté dernièrement sa propre parcelle de premier logement à 20 millions de francs.
Même pratiques dans les galléries Arbre du Centre, autour du parking de Zege, etc. Avant même que les constructions soient achevées, toutes les boutiques étaient déjà attribuées.
On y trouve les différentes autorités de Gitega qui les louent ou qui les vendent comme elles veulent. Quand ce n’est pas le cas, leurs conjoints ou proches les exploitent au vu et au su de tout le monde sans se soucier d’être expropriés un jour. On a cherché, sans succès, l’administrateur de Gitega pour s’exprimer.
C’est tout simplement le capitalisme sauvage.La constitution d’une origarchie d’affaires proche de la classe dirigeante;le gouvernement et le parti au pouvoir par la passation des marches publics, l’octroit de faveurs et la redistribution des ressources du pays au profit des sympathisants et memebres du parti par l’administration a tous les niveaux, une facon de se servir a table avant les autres. De la boulimie.
C’est de la corruption décomplexée, je veux dire qui s’exerce sans honte, au vu et au su de tout le monde. L’autorité qui crie à tue-tête au voleur à longueur de journée devrait donner des ordres claires pour arrêter les véreux . C’est très facile, les documents existent pour vérifier et confronter, si pas confondre, les propriétaires et les sous-locataires et les sous-sous-sous locataires. Ce n’est pas une pratique qui est nouvelle: déjà à l’époque du Marché central de Bujumbura (qui a brûlé), on a découvert que les propriétaires des stands, sans doute des personnes influentes, avaient mis les stands en sous-location au prix fort et s’enrichissaient indûment en prélevant une marge bénéficiaire. Les sous-locataires faisaient de même, et c’est le dernième locataire (qui ne connaissait même pas le premier propriétaire) qui payait la facture gonflée au maximum. C’est injuste.
Et les parcelles octroyées gratuitement aux happy few? On raconte qu’il y en a qui ont reçu par exemple deux parcelles: on vend la deuxième et on utilise l’argent empôché pour construire la première. Par ce malin tout de passe-passe, on devient propriétaire d’une belle villa sans faire trop souffrir ses économies. Tout cela est connu ou peut être connu s’il y avait une volonté politique de s’y intéresser. Comment voulez-vous que cela change?
La magouille est devenu un mode de fonctionnement dans l’acquisition des terrains nouvellement viabilisés et échoppes dans les nouveaux marchés.-