Depuis un certain temps, une piste menant vers l’exportation légale des avocats prend de l’épaisseur chez les agriculteurs. Les ministères qui ont l’agriculture et le commerce dans leurs attributions ainsi que le parti CNDD-FDD appellent à la réglementation de l’exportation. Un comité national de la filière avocat vient d’être mis en place.
Kirimiro, une région longtemps confondue avec les avocats ne consomme plus à satiété ces fruits très prisés par la population. Il y’a peu, des taxi-voitures probox, des camions empruntant la route Gitega-Bujumbura devaient descendre avec 3 ou 4 sacs d’avocats chaque matin. Les commerçants qui les collectaient dans les ménages les expédiaient vers Bujumbura et le reste était vendu dans la ville de Gitega.
Aujourd’hui, la situation a changé. Ce n’est plus vers Bujumbura mais plutôt vers Ngozi et Muyinga. Selon certaines informations, ces fruits seraient vendus vers l’extérieur du pays sans même attendre le certificat d’exportation. Ceux qui avaient l’habitude de les manger s’en mordent les doigts.
« Avant, on achetait un avocat à 100 FBu et le plus grand ne dépassait pas 300 FBu. Mais, aujourd’hui, le plus petit avocat et de surcroît de moindre qualité est à 500 FBu. Qu’en sera-t-il demain lorsque les certificats d’exportation seront accessibles pour beaucoup », s’inquiète le prénommé Louis, un aide-maçon de Zege à Gitega. Il fait savoir que les avocats deviennent de plus en plus chers. Il témoigne qu’il avait pris l’habitude de manger un avocat à chaque repas.
Aujourd’hui, il ne peut pas se le permettre à cause de son prix élevé. Il indique en outre que ce fruit commence à se raréfier sur le marché alors que dans la campagne, rares sont les ménages qui n’ont pas d’avocatiers chez eux.
Actuellement, le constat est que dans beaucoup de restaurants fréquentés par des personnes aux revenus moyens, il faut être à deux pour s’acheter un avocat. Elles la partagent alors pour accompagner leurs plats de riz ou de manioc.
Les gens de Kirimiro font savoir que beaucoup de commerçants venus d’ailleurs sont déjà dans l’achat et la vente des avocats. C’est pourquoi ce fruit coûte de plus en plus cher.
« Nous voyons de nouveaux visages qui cherchent des avocats à acheter. Bien plus, ces acheteurs payent beaucoup d’argent pour avoir un stock consistant. Ce qui ne laisse pas la place aux anciens acheteurs qui ne peuvent pas s’ajuster à ces nouveaux tarifs », souligne le prénommé Stany un charpentier, tout en précisant qu’actuellement, un avocatier qui était autour de 80 000 FBu se négocie facilement à 200 000 voire 300 000 FBu. Et le prénommé Egide d’ajouter : « pour contrecarrer toute concurrence, ils les achètent dès la floraison ». Malgré ce prix qui semble élevé au niveau local, ces acheteurs et vendeurs d’avocats vers l’étranger engrangent de gros bénéfices au détriment du cultivateur burundais qui n’en ramasse que des miettes.
De la réglementation
Dans cette hausse brutale du prix de l’avocat, ceux qui les vendaient au centre-ville de Gitega et dans les quartiers environnants témoignent qu’ils sont confrontés de plus en plus à une concurrence sauvage de ceux qui les acheminent vers la Tanzanie et qui les vendent à un prix élevé.
« Maintenant, si j’essaie d’entrer en contact avec mes anciens fournisseurs, ils se moquent de moi en me disant que je ne peux pas payer l’argent qu’ils veulent. Je me résous donc de prendre le reste, c’est-à-dire les avocats laissés par ces trafiquants qui les amènent vers l’extérieur du pays », déplore la prénommée Gloriose, une ancienne vendeuse d’avocats au centre-ville de Gitega.
Que ce soit le parti au pouvoir, que ce soit le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage ou encore celui du Commerce, tous ne s’opposent pas à l’exportation des avocats mais ils exigent que ce marché soit réglementé.
Ils indiquent qu’ils ont déjà remarqué que les avocats du Burundi sont vendus à vil prix et qu’ils vont grossir les caisses des pays étrangers qui profitent du désordre qui est dans l’exportation de ce fruit.
« J’habite à la frontière burundo-tanzanienne. Je suis témoin de ce désordre. Le marché d’avocats du Burundi est à Kabanga et les Burundais n’en profitent pas. Cela doit changer. Les agriculteurs burundais doivent en principe être les premiers bénéficiaires », clame Martin Nivyabandi, secrétaire national chargé du développement au sein du parti au pouvoir et représentant de la société Green Gold Burundi.
Même son de cloche chez Prosper Dodiko, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage qui déclare que le cultivateur va faire l’objet d’une attention particulière pour qu’il soit le véritable bénéficiaire des revenus générés par les avocats. Il informe par ailleurs que le train est déjà en marche et que rien ne va l’arrêter.
« C’est une politique nationale et nos produits vont enfin bénéficier aux producteurs qu’aux commissionnaires. Nous ne permettrons jamais que des profiteurs s’immiscent dans la vente de ce fruit. Aussi, aucune association, aucune société n’aura l’exclusivité de vendre pour lutter contre le monopole éventuel », a-t-il promis lors d’une réunion avec les gros producteurs d’avocats du pays à Gitega le 19 juillet 2024. La ministre chargée du commerce n’est pas loin de cette idée.
Elle fait en effet savoir que des codes pour exportateurs seront délivrés en masse mais à condition qu’il y’ait en retour la traçabilité des devises générés par ce commerce international.
En attentant, des mesures doivent être prises pour encourager, développer et encadrer professionnellement la culture d’avocat depuis la pépinière jusqu’à sa livraison finale vers l’étranger. Un comité national composé de trois gros agriculteurs pour la filière avocat a été mis en place à cette occasion. La prochaine étape sera de construire des stations de conditionnement (packhouses) pour l’exportation.
Il faut militer pour que les personnes compétentes reviennent dans les affaires car le système actuel semble bloqué pour de bon
Feu Président Nkurunziza a encouragé et fait la promotion de la culture de l’avocat. Certaines personnes étaient sceptiques quant au bien-fondé de cette politique. Il y en a même qui se moquaient de lui en l’affublant de sobriquet que je préfère taire. Et voilà aujourd’hui des résultats spectaculaires d’or vert! Soyons en reconnaissants.
je reste toujours sceptique quant à la rentabilité de ce fruit.au contraire, le MINAGRI devrait revoir les mécanismes de mise à profit des cultures d’antan connues comme sources de devises étrangères.il faut simplement un changement profond au niveau de la politique structurelle.
@Cyprien Manirakiza
1. Vous ecrivez:« je reste toujours sceptique quant à la rentabilité de ce fruit… »
2. Mon commentaire
Meme dans la sous-region, le Rwanda, le Kenya et la Tanzanie gagnent de gros sous en exportant des avocats en Chine, Moyen-Orient et en Europe.
La ou j’habite, le plus petit avocat coute 60-80 centimes (de dollar americain), le plus gros coute dans les 3 dollars au supermarche. J’ai achete un litre d’huile d’avocat pour environ 12 dollars.
https://www.frysfood.com/search?query=avocado&searchType=suggestions.
Cela fait des mois que l on parlait de créér la filière avocat
Problème que cette filière ne fonctionne toujours pas et les avocats vont sur le marché
Quel marché ?
Le Tanzanien
Comme sur d’autres marchés, la Tanzanie est sur le coup de la bonne affaire
Les devises filent également directement sur le marché tanzanien.
De nouveau le Burundi fait tout à l’envers
Les millions de dollars nous échappent
La ministre du commerce, responsable de cette opération AVOCAT, en est la fautive….
zSi les gens acheninent des avocats au Rwanda et en Tanzanie. Cela montre que les 3 pays sont bien organisés. Personne n’achèmine cet or vert au Congo de Tshisekedi.
Le marché international est ouvert à tout le monde.
Pourquoi sommes nous le dindon de la farce