Lundi 13 janvier 2025

Société

Région Centre : Gitega en panne de charbon de bois

Région Centre : Gitega en panne de charbon de bois
Une place pour les vendeurs de charbon à Magarama le matin du 8 janvier 2025 d’habitude pleine de sacs de charbon.

La pénurie du charbon de bois qui sévit depuis plusieurs semaines plonge les ménages de la ville de Gitega dans une situation intenable. Les prix flambent, les alternatives manquent et les habitants s’inquiètent. Les clients sont en colère, les détaillants impuissants et les grossistes sous pression. L’ensemble de la chaîne est affecté.

Aujourd’hui, les ménages sont acculés. Beaucoup pensaient que la rareté et la flambée des prix du charbon de bois à cause des fêtes de fin d’année allaient s’estomper d’elles-mêmes.

C’était une erreur d’appréciation puisque la situation ne s’améliore pas. Non seulement la situation persiste mais aussi elle se dégrade de plus en plus. Les vélos chargés de sacs de charbon arrivent au compte-goutte dans la ville de Gitega. Les vendeurs doivent se lever très tôt le matin pour aller les attendre à des dizaines de kilomètres avant d’arriver en ville en vue de les vendre au prix d’or une fois arrivés sur leurs lieux de vente. Devant un stand vide de charbon, Marie- Chantal Nkezimana, ménagère à Bwoga partage son désarroi. « Avant, avec 5 000 francs, je pouvais cuisiner toute une semaine. Aujourd’hui, même 10 000 francs ne suffisent pas pour trois jours »

A Gitega, elle n’est pas la seule à souffrir de cette hausse des prix du charbon de bois. Beaucoup de ménages broient du noir en cette période. Il n’est plus question d’allumer deux braseros à la fois. Il faut attendre que les haricots soient cuits pour préparer le riz.
« En plus d’être cher, il n’est plus disponible comme avant. C’est ce qui nous inquiète le plus », déplore la prénommée Juliette de Magarama. D’après cette mère de famille, dans des ménages à faible revenu, il faut gérer le peu de charbon qu’on achète sinon, on risque de ne pas faire la cuisine le soir.

« On n’a déjà arrêté certaines vieilles habitudes par exemple celle d’allumer le feu plusieurs fois. Quand on veut préparer la pâte ou le riz on partage l’eau chaude en deux. Une moitié, on la conserve dans le thermos pour laver les petits enfants », raconte Françoise Nsavyimana de Yoba. Pour beaucoup, ils affirment que le charbon de bois entre dans les denrées chères qu’il faut aujourd’hui faire la queue pour l’acheter. Comme s’acheter seul un sac entier à 50 000 FBu est devenu difficile pour beaucoup, les gens cotisent à deux ou à trois pour se le partager.
« Si on s’aventure à l’acheter en détail dans de petits paniers, il faut s’attendre à manger des aliments qui ne sont pas bien cuits car, avec 2 000 FBu c’est le repas de midi seulement », explique le prénommé Alfred, un domestique de Shatanya rencontré près du marché central de Gitega.

Les détaillants et les grossistes se plaignent aussi

À quelques pas du petit marché de Magarama, le prénommé Jean-Pierre, détaillant de charbon, explique les difficultés auxquelles il fait face. « les clients nous accusent de gonfler les prix, mais nous aussi nous sommes victimes. Les grossistes nous livrent de moins en moins du charbon et à des prix exorbitants », témoigne-t-il.

Il fait savoir que depuis un mois, son chiffre d’affaires a chuté de plus de 50 %. Du côté des grossistes et des fabricants du charbon, ils soulignent qu’ils sont étouffés par beaucoup de restrictions. Ils nous ont confié qu’il est devenu difficile de couper les arbres pour faire du charbon.
« Les restrictions imposées par le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage pour préserver les forêts ralentissent nos approvisionnements. Il faut ajoutez à cela la raréfaction des zones exploitables et la hausse des frais de transport. Tout cela se répercute inévitablement sur le prix final » s’indigne Jonas Ndayikengurukiye. Il plaide pour une meilleure coordination entre les acteurs du secteur pour garantir une distribution plus équitable.

La déforestation galopante aux alentours de Gitega est citée comme cause principale de cette pénurie. La pression exercée par une demande croissante, combinée à l’absence de reboisement suffisant, a atteint un point critique. De plus, la faible diversité des sources d’énergie domestique aggrave la situation.

Adopter d’autres sources d’énergie

Plusieurs initiatives ont été proposées pour faire face à la crise. Les ONG locales et internationales préconisent la promotion des foyers améliorés qui permettent une réduction significative de la consommation du charbon mais, le vrai problème reste leur coût initial .

« Il faut éduquer les populations pour adopter d’autres sources d’énergie. Mais, cela prendra du temps, car le gaz reste très peu connu ici », observe Josiane Habarugira qui habite au centre-ville de Gitega. Elle indique qu’elle utilise le gaz domestique tout en reconnaissant que ce n’est pas du tout facile. Elle doit en effet faire le plein des bouteilles à gaz à Bujumbura. Pendant cette période de pénurie des carburants, elle retourne malheureusement souvent au charbon comme tout le monde. En outre, chez certaines personnes qui ont pourtant les moyens pour s’en procurer, l’utilisation du gaz peut faire peur. La majorité n’est pas prête à franchir le pas.

Face à la pénurie du charbon, la population de la ville de Gitega appelle à des solutions concertées pour résoudre la crise. Le gouvernement est invité à renforcer la bonne gestion des forêts et à soutenir les ménages dans le passage de l’utilisation du charbon de bois vers d’autres sources d’énergie domestique. Les commerçants, de leur côté, plaident pour des réductions des taxes d’importation des énergies alternatives.

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