Pendant cette période des élections qui approchent, les leaders sont appelés à accepter la relève. Un contentieux électoral mal géré ainsi que les leaders qui refusent d’accepter la défaite pour préserver leur pouvoir attisent les divisions menaçant ainsi la stabilité du pays. Telle a été l’une des observations faites lors d’un échange organisé par le Sénat burundais à Gitega.
Nous sommes le mardi 12 février 2025 au chef-lieu de la province de Gitega. Sur l’invitation du Sénat burundais, des représentants de la classe politique, du secteur judiciaire, des corps de défense et de sécurité ainsi que de la société civile se réunissent.
Ils sont là afin d’être sensibilisés sur le contentieux électoral et la consolidation de la paix et la sécurité. Ils semblent parler d’une seule voix sur la consolidation de la paix et la sécurité. D’après les différents exposés, force est de noter que beaucoup de participants ont en effet reconnu que lorsque les élections sont biaisées, quand un leadership n’accepte pas l’alternance ou la défaite en se cramponnant coûte que coûte sur ses intérêts, des crises profondes peuvent souvent s’ensuivre.
Certains dirigeants peuvent voir leur perte de pouvoir comme une menace existentielle. Ils peuvent alors tirer sur la corde ethnique ou les différences politique, sociale ou régionale. Ce qui renforce les clivages et attise les tensions. De plus, les accusations de fraudes et d’irrégularités électorales minent la confiance populaire tandis que les institutions de régulation sont souvent taxées de partisanes.
Le président du Sénat trouve que les leaders politiques et les différentes autorités doivent s’abstenir des discours de haine dans leurs propos avant, pendant et après les campagnes électorales. Il fait observer que quand les autorités administratives, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et les instances de régulation ne traitent pas les candidats équitablement et se mêlent dans des actions partisanes, sans doute que les élections débouchent sur des conflits et de l’insécurité.
« L’organisation des élections est souvent une source de division, de contestation, de tensions voire de conflits ouverts », a reconnu Emmanuel Sinzohagera. D’après lui, les leaders politiques doivent faire attention à leurs discours et consignes qu’ils donnent à leurs partisans. Les administratifs doivent quant à eux savoir qu’ils ont des responsabilités énormes de respecter et faire respecter la loi, de ne pas tomber dans le clientélisme politique.
Il en est de même pour la Ceni et ses démembrements qui se doivent d’être honnêtes et de traiter les candidats de la même façon en respectant la loi. Le président du Sénat a aussi fait savoir que la non préparation à la relève ou à l’alternance politique est aussi une autre source du conflit. « Personne ne doit penser qu’il est irremplaçable. Le leadership ne doit jamais être centré sur une seule personne », a-t-il insisté. Il a fait observer que les organisations qui réussissent le mieux sont celles qui investissent dans la préparation des futurs leaders afin de prendre la relève le moment venu.
Transformer les scrutins en un espoir de changement
Les différents conférenciers, à majorité religieux, ont montré que les conflits électoraux entraînent des violences et affaiblissent les institutions. L’instabilité qui en découle plonge l’économie dans la crise. Sur le plan social, ces tensions ravivent les blessures du passé et entravent les efforts de réconciliation nationale. La méfiance entre les différentes communautés s’intensifie créant ainsi un climat de peur et d’incertitude.
Selon l’abbé Dieudonné Nibizi, il est essentiel que les leaders politiques s’engagent à respecter les droits de l’Homme, à accepter les résultats des urnes et à promouvoir un dialogue inclusif. La société civile doit aussi jouer un rôle clé en sensibilisant la population et en encourageant la participation citoyenne. Par ailleurs, une réforme en profondeur de la justice électorale garantirait des recours équitables et impartiaux en cas de litiges.
« La paix est un bien commun. On parle de paix quand tout le monde est en paix. Ce n’est pas la paix d’une catégorie de gens, de moi seul ni de toi seul. Celui qui ne se sent pas dans cette paix trouvera toujours une occasion pour perturber votre soi-disant paix en revendiquant qu’il cherche la paix », a-t-il déclaré. Il a expliqué que pendant la paix, les autorités et les leaders n’ont pas peur du lendemain.
Même son de cloche chez pasteur Onésphore Manirakiza de l’International Christian Ministries. Le Burundi a besoin d’institutions fortes, d’une classe politique responsable et d’une population engagée pour faire des élections un véritable exercice démocratique et non une source de conflits. C’est à ce prix que le pays pourra transformer les scrutins en un espoir de changement plutôt qu’en une crainte d’instabilité. Il souligne que les élections ne doivent plus être perçues comme une menace, mais comme une opportunité de progrès pour le Burundi. En mettant en place des réformes adaptées et en favorisant un climat de confiance où le leader accepte de partir sans être poussé à sortir, le pays pourra garantir un processus électoral apaisé et renforcer les bases d’une démocratie durable.
« Les nouveaux leaders sont préparés à la relève bien avant qu’ils ne prennent des responsabilités plus grandes. Un bon leader ne doit pas tout contrôler. Mais il doit être capable de déléguer efficacement et de faire confiance aux leaders émergents. Cela permet une transition plus naturelle et empêche l’organisation de stagner lorsque le leader en place part ou change de rôle », a-t-il souligné avec insistance.
Il conseille les organisations et les leaders d’avoir une vision claire et une stratégie qui transcende une seule personne. Ainsi, lorsqu’un changement de leadership a lieu, l’organisation ou le pays continue de prospérer sans être trop dépendante d’un individu. Une transition bien pensée évite des crises et garantit la pérennité d’un projet ou d’une nation.
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