Souvent noté péjorativement comme un mouvement d’action catholique des hommes et des femmes âgés, chiro-Burundi se félicite d’avoir contribué à la cohésion sociale dans les périodes sombres que le Burundi a connues.
Dans plusieurs paroisses du Burundi, le mouvement chiro compte dans ses rangs des hommes et des femmes assez mûrs. Il suffit de l’observer dans leurs fêtes et manifestations culturelles. Des hommes et des femmes de plus de 50 ans. Ce qui est rare dans les autres mouvements d’action catholique où les jeunes sont plus nombreux.
Avec leurs cheveux blancs, ils paradent et chantent à haute voix sans se soucier de leur âge avancé. Selon eux, la plupart d’entre eux ont intégré le mouvement étant jeunes car à l’époque le mouvement chiro était considéré comme un rassemblement des fervents catholiques. Ce qui poussait les parents à encourager leurs enfants à participer dans les activités du mouvement. « Je suivais mon père souvent les dimanches. Au fur et à mesure que les semaines passaient, j’ai pris goût aux rassemblements et aux enseignements. Jusqu’à aujourd’hui, Chiro est ma maison et ma famille », confirme Barumpozako, Samuel de la paroisse Munanira, 70 ans.
Pour ce vieil homme, quoi qu’il clame haut et fort qu’il se sente encore plus jeune et souple que ses enfants, le mouvement chiro dont il est membre depuis 58 ans l’a aidé à rester uni avec les voisins, même dans les périodes difficiles que le pays a traversées. Même son de cloche chez Domine Nkoribigawa de Kayanza née en 1963.
Partant de la devise d’être toujours joyeux, avoir l’amour et la vaillance, elle dit qu’il est difficile de faire quelque chose qui ferait mal à son prochain. Elle indique par ailleurs que sur sa colline, les membres du mouvement chiro ont tout fait pour barrer la route aux enseignements divisionnistes qui dressaient les uns contre les autres.
« Face à notre détermination, certains malfaiteurs rebroussaient chemin quand ils venaient tuer les gens qui n’étaient pas de leur ethnie». Pour elles, les enseignements d’aimer son prochain ont contribué énormément à consolider la paix dans leurs milieux respectifs.
Travailler pour l’Eglise et la patrie
Pour Agnès Bampamirubusa de la paroisse Mumuri à Gitega, certains jeunes n’ont pas pris compte des conseils de leurs parents. D’où les violences qui se sont déclarées, sinon ce mouvement d’action catholique a tout fait pour inculquer à ses membres l’amour du prochain.
« Quand il y a la joie et l’amour, il y a la paix. Comme les jeunes étaient les premiers visés d’endoctrinement, il a été difficile pour les parents de les redresser positivement. Ils nous accusaient de ne rien faire, mais progressivement, ils ont regretté ne pas avoir tenu compte de nos conseils ». D’après elle, là où il y a eu beaucoup de leurs membres, les violences n’ont pas atteint son paroxysme.
Le dirigeant national du mouvement Chiro déclare qu’ils ont le devoir de travailler pour l’Eglise et la patrie. Selon lui, celui qui passe outre les commandements de Dieu ne pourra pas servir son pays et son peuple.
Il explique que sans la justice pour tous et sans l’amour pour son prochain, le pays et l’Eglise ne peuvent pas prétendre arriver au développement durable et un pays désuni devient faible et pauvre. « Un chiro donne l’exemple là où il vit. Un bon chrétien se soucie de sa famille et de son pays. Il ne peut pas participer dans les activités qui vont à l’encontre de la loi de Dieu qui demande aux êtres humains de s’aimer les uns les autres »,a souligné Emmanuel Ngendakuriyo lors de la clôture de la caravane culturelle pour la paix et la cohésion sociale, ce 26 août à Gitega.