Longtemps considérées comme femmes au foyer, elles sont dans tous les travaux qui puissent leur procurer l’argent. Néanmoins, elles déplorent qu’elles subissent toujours des discriminations en matière de salaire, elles touchent presque la moitié de celui des hommes.
Pendant cette période de saison sèche où les travaux de construction sont nombreux, les filles et les femmes sillonnent toute la ville et les quartiers pour chercher l’emploi. Elles sont dans la plupart des cas les aide-maçons.
Elles viennent de Giheta, Makebuko, zone Gitega Rural, ou ses environs pour dénicher un travail manuel sur les chantiers de construction.
Il y a quelques années, elles quittaient occasionnellement leurs collines pour venir vendre les denrées agricoles au marché de Gitega.
Aujourd’hui où elles n’ont pas beaucoup de chose à vendre en ville, ces jeunes filles et femmes ne comptent que sur leur force musculaire pour gagner quelques billets d’argent. D’après elles, la situation socio-économique a largement influencé ce changement de mentalité.
Elles n’attendent plus que leurs maris leur achètent les pagnes, elles cherchent à tout prix à être indépendantes économiquement même si la discrimination au niveau salariale est toujours d’actualité. Comme elles l’indiquent, une femme ou une fille ne touche pas le même salaire que l’homme.
« Comme aide-maçon, je touche 4 000 BIF tandis qu’un homme gagne 5 000 BIF par jour. Nous l’acceptons, il n’y a pas de discussion. C’est à prendre ou à la laisser », affirme Antoinette de Rugari à Gitega. Pour cette dame, elles sont considérées comme n’ayant pas de force physique égale à l’homme alors qu’elles exécutent les mêmes travaux que leurs collègues masculins.
Sur presque tous les chantiers de construction à Gitega, les femmes sont omniprésentes, mais les hommes les sous-estiment. Ils les taxent souvent d’être lentes et dérangeantes.
On accorde trop peu d’attention aux facteurs qui renforcent les inégalités entre les femmes et les hommes en milieu du travail et d’éliminer la discrimination et surmonter les désavantages structurels qu’elles doivent surmonter.
Et les hommes se font propriétaires de tout
Qu’elles soient femmes au foyer, aide-maçons, commerçantes, les femmes indiquent haut et fort qu’elles ne gèrent pas leurs économies. Leurs époux veulent tout contrôler et parfois aussi s’en approprier. Une fois à la maison, certains maris demandent à leur femme de leur remettre l’argent qu’elles ont gagné sans quoi le ménage explose.
« Il arrive parfois que des querelles aient eu lieu à cause de 30 mille ou 50 mille BIF que tu as touché sur le chantier », déplore Anita de Zege à Gitega. Selon elle, la majorité des femmes en milieu rural ne peuvent pas gérer leurs économies. Elles attendent que les maris leur achètent les vêtements avec l’argent qu’elles ont gagné à la sueur de leur front. Le niveau et la qualité de leur participation ne procurent pas d’avantages en termes de développement socio-économique.
Celles qui se cassent les bras sur les chantiers ne sont pas fortement les grandes bénéficiaires de leur salaire. « En cherchant des emplois sur les chantiers, en faisant de petits commerces, nous cherchons à jouer un rôle dans la sécurité alimentaire, nutritionnelle et la lutte contre la pauvreté. Mais la voracité des hommes bloque tout », a-t-elle ajouté.
Pour Claudette Niyonizigiye de l’Association Dushirehamwe à Gitega, il faut amener les femmes à contribuer à la transformation sociale et à leur autonomisation. Ces hommes qui gaspillent la richesse familiale ou battent leurs femmes sont ignorants. « Il n’y a pas de développement sans la femme. Dans un ménage où la femme est battue, discriminée, maltraitée, il n’y a pas de développement et dans la plupart des cas le divorce jette les enfants dans la rue ».