Le 29 avril 2024, à l’occasion de la commémoration à Gitega du 52e anniversaire de l’assassinat de Ntare V, les Baganwa membres du Parti monarchique parlementaire (PMP Abagenderabanga) demandent que les restes du corps de Charles Ndizeye soient retrouvés et enterrés dignement.
Ils n’étaient pas nombreux mais ils n’avaient pas lésiné sur les moyens. Communiqués, discours et cérémonies. Tout était préparé et mis en place pour faire entendre leur voix dans la société qu’ils accusent de les avoir discriminés et oubliés.
Débutées par une messe à l’Eglise Bon Pasteur de Shatanya le matin, les cérémonies de commémoration de l’assassinat du roi Ntare V ont réuni les Baganwa et membres du Parti monarchiste parlementaire le lundi 29 avril 2024 à Nyabiharage.
Malgré le mauvais temps et les préoccupations des uns et des autres pendant les jours de travail, les invités étaient bel et bien présents et ponctuels.
A cette occasion, le PMP Abagenderabanga a réitéré sa demande au gouvernement du Burundi de faire des enquêtes sérieuses pour savoir où a été jeté sauvagement le corps du dernier monarque burundais dans l’intention de lui accorder une sépulture digne d’un chef de l’Etat.
« Jusqu’aujourd’hui nous recherchons toujours son corps. Un roi du Burundi ne peut pas disparaitre comme ça. Nous sommes sûrs qu’il y’a ceux qui savent exactement où est son corps mais personne ne veut le dire », souligne Eloi Benoit Baranyanka, membre du PMP et de la famille royale.
Partant du fait que beaucoup de victimes des évènements tragiques qui ont suivis l’assassinat de Charles Ndizeye sont identifiées et souvent exhumées, Baranyaka fait savoir qu’il devient incompréhensible que les restes du corps du dernier monarque du Burundi ne soient pas aussi trouvés.
Il affirme sans ambages que Ntare V a été tué par le pouvoir de l’époque et que d’autres membres de la minorité démographique des Baganwa ont été massacrés. Ceux qui n’ont pas été tués ont été chassés de leurs propriétés, leurs biens ont ensuite été pillés si bien que les survivants se retrouvent aujourd’hui dans une précarité sans précédent.
« Même si ces bourreaux seraient déjà morts, sans doute que le gouvernement a les moyens de chercher et de trouver Ntare V. C’est une question de volonté. La famille biologique et le pays pourront alors observer le deuil et l’enterrer dignement », a-t-il ajouté.
Léopold Gahungu est le vice-président du PMP. Il fait savoir que depuis le coup d’état de 1966 jusqu’aujourd’hui, la minorité Ganwa est exclue de la gestion des affaires publiques.
Elle n’est pas non plus épargnée des violences qui caractérisent les crises répétitives entre les Bahutu et les Batutsi. Cette situation explique pourquoi le Burundi ne peut pas envisager la réconciliation, la cohésion et la coexistence pacifique de façon durable.
Le pouvoir doit donc tenir compte des préoccupations des Baganwa et penser à la réparation des torts causés à cette minorité démographique.
Bien plus, les Baganwa du Burundi plaident en faveur de la relecture de l’Accord d’Arusha et de la Constitution du Burundi pour plus de cohérence avec les instruments qui garantissent les droits humains relatifs aux minorités existantes au Burundi particulièrement les droits reniés aux Baganwa.
« Quand le Burundi se fixe la vision 2040 d’un pays émergeant et d’un pays développé en 2060, il serait aberrant qu’une partie de la population soit toujours discriminée ou assimilée à une autre. Dans ces conditions, prétendre construire un pays de justice et d’équité serait aussi erroné », a-t-il justifié dans un communiqué remis aux médias.
La justice est l’un des remèdes
Dans leur long mémorandum, les membres de la communauté Baganwa considèrent que la mise sur pied de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) avait constitué un pas important dans la recherche de la vérité. Ils invitent alors la CVR à faire preuve de diligence pour faire toute la lumière sur les événements de 1972 qui ont emporté le roi Ntare V et d’autres milliers de Burundais.
Les Baganwa seraient convaincus que la correction des lacunes se trouvant dans les textes fondamentaux qui régissent le fonctionnement du pays est le seul remède pour garantir l’égalité de tous les Burundais en termes de droits et de devoirs. Ils évoquent par exemple qu’à travers les quotas ethniques qui sont proposés les Baganwa ont été discriminés et ignorés.
Ils ont même été effacés dans la composition de la diversité ethnique du Burundi. La preuve en est que les Baganwa ne sont jamais mentionnés dans les discours officiels prononcés par les autorités du pays.
« Que la composante sociale des Baganwa soit considérée et insérée dans la Constitution de la République du Burundi!. Qu‘elle ait le droit de participer dans la gestion des affaires publiques selon ses capacités et jouisse d’une compétition égale dans la transparence ! », lit-on notamment dans le mémorandum.