La direction nationale des marchés publics donne raison au personnel de la Regideso. Elle affirme que le marché de fournitures des compteurs cash power a été entaché d’irrégularités.
On peut dire qu’il y a de l’électricité en l’air à la Regideso. L’histoire de ce marché est simple mais implique des milliards de Fbu. Voici les faits.
La Regideso avait un besoin urgent de compteurs cash power pour les gros consommateurs pour appuyer les actions de recouvrement. Il lance un appel d’offre pour la fourniture de 1500 compteurs.
Pour être validé par la direction générale de contrôle des marchés publics, ce type de marché doit respecter certaines règles de passation des marchés publics : l’organe qui élabore le dossier d’appel d’offres ne participe pas dans l’analyse des offres, le devis estimatif du marché doit être établi avant sa publication, le délai d’exécution est annuel, seul le service initiateur modifie les caractéristiques d’appel d’offres et le marché est attribué au moins-disant.
Or, selon Yusuf Mossi, premier secrétaire du syndicat, ce marché est entaché d’irrégularités. Ce dernier accuse surtout la direction générale de violer le code des marchés publics. «Le chef de service magasin a joué un double rôle. Etant membre de l’équipe qui a préparé le dossier d’appel d’offres, il ne pouvait faire partie de la commission d’analyse des offres.»
Par ailleurs, ce syndicaliste pointe du doigt le service d’approvisionnement. Ce dernier s’est arrogé le pouvoir de modifier les caractéristiques techniques définies dans le dossier d’appel d’offres initié par le service utilisateur du matériel à commander à son l’insu.
Une autre irrégularité se remarque également dans l’estimation du coût du marché. «En principe, le devis estimatif est établi par le service initiateur du dossier d’appel d’offre avant la publication des offres sur base de la moyenne des prix indiqués dans les factures pro-forma recueillis chez les fournisseurs »Pour lui, ce document doit être gardé confidentiellement jusqu’à l’ouverture des offres financières en vue d’orienter les membres de la commission dans l’évaluation des offres financières. Or, révèle, M. Mossi, pour ce marché, le devis a été établi longtemps après l’analyse des offres, et ce, en se basant sur les offres financières les plus disant.
La Direction nationale a relancé le marché
Yusuf Mossi ajoute également que l’analyse de ces offres a fixé le délai d’exécution à trois ans. «Pour ce type de marché, la durée ne doit pas dépasser une année.» Concernant le coût du marché, pour l’année 2018, une enveloppe de 2,5 milliards de BIF est prévue. Or, le soumissionnaire qui a proposé une offre financière de plus de 7 millions d’euros, à peu près de 17 milliards de BIF avait gagné ce marché alors qu’il y a un autre qui avait présenté une offre financière équivalente à 1,5 millions de dollars américains, le transport et l’assurance y compris.
Selon ce représentant du personnel, ces compteurs pourraient être achetés par le projet Jiji-Murembwe financé par la Banque mondiale. « Un coup de main qui aurait pu soulager la trésorerie ».
Donatien Bucumi, secrétaire permanent à la direction générale de contrôle des marchés publics soutient que les irrégularités dénoncées par le personnel de la Regideso sont véridiques. Il cite notamment le cas d’un certain Jean de Dieu Niyuhire, qui a participé à la fois dans la préparation du dossier d’appel d’offres et dans la commission d’analyse des offres. Néanmoins, ce cadre de l’organe de régulation des marchés publics tranquillise le personnel de la Regideso. «Nous avons décidé de relancer le marché.»
Interrogé sur ces irrégularités, Jéroboam Nzikobanyanka, directeur général de la Regideso s’est refusé à tout commentaire « Retenez ce que les syndicalistes vous ont rapporté.»