Composé d’hommes et de femmes de lettres, d’étudiants, de retraités, d’intellectuels, de Burundais et d’expatriés, le café littéraire Samandari a tenu sa première séance le 24 juin 2010. De cette union de libres penseurs, une première production écrite est née : {In}dépendance. C’est la première fois qu’autant de Burundais s’expriment sur leur histoire de manière non-politisée.
<doc5828|left>A l’approche du cinquantenaire de l’indépendance, Ketty Nivyabandi et Roland Rugero, les fondateurs du Café littéraire Samandari, ont réuni quatorze auteurs pour réfléchir à la signification de ce cinquantenaire. Ces auteurs, riches par leurs différences (ethnies, milieux sociaux, expériences, genres littéraires, religions, âges,…) se sont ainsi plongés dans « les eaux à la fois claires et troubles » des cinquante dernières années du Burundi.
A travers des poèmes, slams, nouvelles et pièces de théâtre, ce recueil nous plonge dans une histoire faite de déceptions, d’amertume, et de beaucoup de questions. « Un rendez-vous manqué, un haut le cœur », écrit Joseph Butoyi. « Mbe Mana y-Uburundi twakugize iki ngo uduhekure mu mutwenzi ? » (Dieu du Burundi qu’est ce qu’on t’a fait pour nous déshériter à l’aube ?), peut-on lire avec J-M Ngendahayo. « Sommes-nous alertés quant aux causes des régressions ? », s’interroge Daniel Kabuto. Ce recueil est par ailleurs un cri d’espoir d’un Burundi où les Burundais seraient « moins mendiants, plus laborieux, plus diligents au travail », écrit Thierry Manirambona tandis que Freddy Sabimbona confie, « c’est la seule chose qui me reste : l’espérance ».
Enfin, ce recueil est un appel à la réflexion sur la signification de ce cinquantenaire dans le contexte actuel, « nous nous devons d’approcher cet anniversaire avec lucidité et une idée claire de ce que nous voulons devenir pendant les cinquante prochaines années », peut-on lire dans la déclaration de Samandari reproduite à la fin de l’ouvrage.
Nous avons rencontré la co-fondatrice du Café littéraire Samandari, Ketty Nivyabandi. Née en Belgique en 1978, la jeune femme a suivi des études au Burundi, en France et au Kenya. Après une carrière en journalisme et communication pour les Nations unies en Ouganda, elle revient, au Burundi, à sa première passion, l’écriture. Poète engagée, elle publie ses textes dans le journal Iwacu durant les élections de 2010 avant de cofonder le Café littéraire Samandari, en juin de la même année. Elle a initié et coordonné la publication du recueil « Indépendance » qui est le premier du genre, produit à cent pourcent par des Burundais et au Burundi.
Interrogée sur le pourquoi d’une telle initiative, elle nous répondra que le Café littéraire Samandari voulait apporter sa contribution aux efforts d’analyse de la signification du mot « indépendance » à l’aune de la culture de l’histoire et de la culture nationale et encourager une réflexion, particulièrement au niveau de la jeunesse, sur la signification de ce cinquantenaire.
Ce jour de cinquantenaire n’est pas seulement une fête, « il nous appartient, souligne-t-elle, avec les jeunes et moins jeunes, de définir nos cinquante prochaines années et notre trajectoire en tant que nation. »