Vendredi 15 novembre 2024

Editorial

Refondation du Frodebu. Du pain sur la planche

15/11/2024 0

« Dans le cadre de la réconciliation du Frodebu avec lui-même, les présidents des partis Sahwanya-Frodebu d’une part et, Sahwanya-Frodebu Nyakuri iragi rya Ndadaye d’autre part, se conviennent désormais sur un Frodebu uni. Les deux leaders se conviennent également pour un cadre ouvert à tous, pour constituer un vaste rassemblement pour le changement au Burundi. »

Ce communiqué signé conjointement par Patrick Nkurunziza et Jean Minani le 9 novembre a défrayé la chronique. De vives réactions et des commentaires fusent de partout. Les détracteurs de ce rapprochement le qualifient de mariage contre- nature. De prime abord, ils se demandent si légalement le parti Sahwanya-Frodebu Nyakuri iragi rya Ndadaye existe. Kefa Nibizi élu président de ce parti à l’issue d’un congrès ordinaire tenu le 15 mai 2021 changera le nom en ’’CODEBU-Iragi rya Ndadaye’’ (Conseil pour la Démocratie et le Développement durable du Burundi).

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Jean Minani figure sur la liste des gens poursuivis par la Justice burundaise dans le dossier du putsch manqué du 13 mai 2015. Sur son compte tweeter, un des responsables du parti au pouvoir écrira que ses navettes entre Kigali et Bruxelles risquent de coûter cher au Frodebu.

Pour ceux qui s’opposent à ce rapprochement, c’est Jean Minani qui a inauguré la «Nyakurisation», cette fameuse scission des partis. Bref, ils estiment que Patrick Nkurunziza vient de commettre une erreur « cardinale » en s’associant à cet ancien ténor du parti de Ndadaye.

Une autre opinion qui défend la démarche estime que ce rapprochement a le mérite de briser le mur de glace qui séparait ceux qui se réclament de l’héritage du héros de la démocratie. « Il est temps que tous les héritiers de Ndadaye se soudent d’abord, puis agissent en rappelant au peuple sa philosophie. C’est la seule façon de faire face au défi qui se profile à l’horizon. Ensemble, nous serons plus forts. »

Il semblerait que le Frodebu veuille se chercher un souffle nouveau. Face aux problèmes qui affligent le pays, les Burundais ont besoin d’une opposition solide et argumentée capable de demander au pouvoir d’expliquer son action, d’en démontrer la pertinence, de la corriger, donc de l’améliorer. Bref, une opposition qui se veut un véritable contre-pouvoir.

Sans cette dernière, le pouvoir peut être tenté d’oublier qu’il est en place par la volonté du peuple, et qu’il doit lui rendre des comptes. A la veille des élections, elle devrait également se préparer à l’alternance et se préparer à gouverner demain. Le Frodebu est-il à la hauteur de ce défi ? Sa réconciliation avec lui-même, sa refondation est-elle possible ? Est-il dans la logique de chercher un ou plusieurs alliés pour tenir devant le parti de l’aigle lors des prochains scrutins ? D’autant plus que la première force de l’opposition après les élections de 2020, le CNL, connaît des scissions antagonistes et presque irréconciliables.

Lorsqu’en juillet 2022, le vice-président du Frodebu d’alors a déclaré que son parti est disposé à accueillir à bras ouverts des militants désirant regagner le bercail, les leaders du Radebu et du Codebu ont rejeté « la main tendue » de ce parti. Ils ont plutôt opté pour un rassemblement de tous les partis qui se réclament héritiers des idéaux du Président Ndadaye. Le Cndd-Fdd y compris.

Les coalitions qui se sont formées dans un passé récent n’ont pas fait long feu. On les qualifiera de conglomérats de projets contradictoires, « des gens qui ne se digèrent pas qui se sont mis ensemble suite aux circonstances du moment. » Le Frodebu a du pain sur la planche.

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